Histoire à lire pour ne pas garder le moral
15 septembre, 2015« La vie est une succession d’agressions et ça commence à la naissance. »
« Vous exagérez, mon ami. Ne dit-on pas qu’une naissance est un heureux évènement. »
« Parlez pour vous. Avez-vous déjà vu un nouveau-né venir au monde en rigolant ? Non ! Un nourrisson commence par pleurer. »
« Bon d’accord, il vient de subir une épreuve physique. Mais après… »
« Après commence une succession de privations de liberté. A l’école, il faut apprendre plein de trucs sous la férule du maître, en étant sagement assis dans une pièce au lieu de courir dans les champs en hurlant comme un fou. »
« Mais c’est l’époque où l’enfant emmagasine le savoir qui lui permettra de mieux affronter sa vie d’adulte. »
« Autrement dit, il faut commencer par apprendre les règles à suivre pour pouvoir suivre d’autres règles qui formateront l’existence. Parce qu’après l’école, il se profile l’obligation de trouver un emploi qui n’existe pas forcément… »
« Il vaut mieux bien travailler à l’école, on trouve plus facilement. »
« Et quand on l’a trouvé, il faut se soumettre humblement à une hiérarchie, d’autant plus impitoyable qu’on n’en perçoit pas le sommet. Les décideurs se prélassent souvent dans un bureau climatisé à l’autre bout du monde pendant que vous vous faites marcher dessus dans les métros du matin. »
« Vous ne seriez pas un peu gaucho ? Et le bonheur de la vie familiale, qu’est-ce que vous en faites ? »
« Rien. C’est encore un empilement d’obligations. Pour commencer, il faut séduire : s’habiller à la mode surtout si elle est moche pour avoir l’air dans le coup, aller dans des spectacles bruyants pour dire que c’était « énorme », faire des voyages dans des contrées hostiles pour pouvoir les raconter d’un ton blasé…. Avoir un peu de sous… »
« Oui, mais alors, les enfants … »
« … Auxquels on fait subir les mêmes épreuves initiatiques pour se venger de celles qu’on a subies, sachant qu’au bout du compte, après vous être donné du mal pour les élever, c’est eux qui vous largueront. »
« Euh … vous êtes un peu pessimiste ? Rien ne vaut la vie… »
« Je ne vous ai pas encore parlé du vieillissement, de la maladie, du décès… »
« Peut-être, mais avec l’âge vient la sagesse.. »
« De toute façon, elle ne sert à rien votre sagesse … ou plutôt elle vous sert à comprendre que tout le monde vous laisse tomber puisque vous ne pouvez plus être utile à qui que ce soit. »
« Bon… heureusement après, il y a un monde meilleur… »
« C’est cela, oui… »