Archive pour août, 2015

Alphabet

31 août, 2015

Voici un cas.

Georges ne gît pas sur son lit.

Il se bouge le cul.

C’est un bucheron : il aime

Sa hache.

Ce n’est pas un pauvre hère.

Il ne prend pas le thé

Avec ceux qui sortent de l’X

Et qui ne manquent pas d’air.

Mais ils le laissent bouche bée.

Veuillez rire, Mollard !

30 août, 2015

« Je n’aime pas votre façon de sourire, Mollard. Comme ça, du bout des lèvres… On a l’impression que vous vous forcez pour être poli, mais que vous ne vous amusez pas du tout quand je sors une astuce.  C’est assez hypocrite. »

« Comment dois-je faire ? »

« Riez bruyamment : ah ! ah ! ah !… Prononcez quelques mots : excellent ! Par exemple. Si vous pouviez aussi lever le pouce en l’air… »

« Pourtant quand je souris finement, n’avez-vous pas remarqué que je vous jette un regard complice, comme pour vous dire que nous nous sommes compris entre gens de goût qui n’ont pas besoin de s’esclaffer bruyamment ? »

« C’est beaucoup trop compliqué votre truc ! Quand je lance une vanne, j’aime bien entendre des éclats de rire. Vous devriez vous tordre, en me tapant sur l’épaule, mais pas trop fort quand même. Nous ne sommes pas du même rang. Si vous pouviez dire : qu’est-ce qu’on s’amuse avec vous ! Ce ne serait pas plus mal. »

« Mon problème, c’est que je ris mal. Dès que j’ouvre la bouche pour manifester mon hilarité, ça se transforme en rictus. »

« Je ne vous ai pas demandé de me faire une tête de démon. Essayez de rire avec les yeux. Une flamme dans le regard pourrait très bien faire l’affaire. »

« Euh… là, c’est compliqué de commander quelque chose. Quand vous êtes dans mon champ de vision, j’ai les yeux qui se fatiguent. »

« Bon, vous ne faites pas beaucoup d’efforts. Si vous ne savez pas sourire ou rire franchement, pouffez ! Pouffez, fortement ! Etouffez-vous de rire, tellement ce que je viens de raconter est drôle. »

« Est-ce vraiment drôle ? »

« Ce n’est pas le problème. Il faut que vous ayez des attitudes qui démontrent que nous partageons les mêmes centres d’intérêt et la même façon de voir l’avenir. C’est indispensable pour collaborer avec moi. »

« Euh… peut-être pourrait-on éviter les blagues pourries ? Nous pouvons très bien collaborer sans ça. »

« Non. J’ai besoin de détendre l’atmosphère autour de moi, sinon je me sens très mal. Donc vous devez vous esbaudir dès que j’apparais. Toute tentative de critique rationnelle de mon humour est une véritable rébellion passible du conseil de discipline. »

« Je pourrais lancer des astuces à ma manière. Je suis sûr que ça détendrait aussi bien l’atmosphère. Je peux être irrésistible. »

« Euh… non, moi je ne dois pas rire. J’ai des fonctions trop sérieuses pour ça. Il faut que je sois crédité d’un bon sens de l’humour à froid. Genre anglais. C’est une question vitale pour notre expansion à l’international. Alors, si vous pouviez rire quand je vous le dis ! »

L’élection de ma tante

29 août, 2015

Ma tante tente

L’élection, mais pas en dilettante.

Elle a mobilisé les votantes

Pour vaincre la sortante

A la suite d’une campagne haletante.

C’est une battante, ma tante.

Elle est en attente.

A vingt heures pétantes,

Elle sera contente

La vie de mémé

28 août, 2015

Mémé vit à Honolulu.

Affublée d’un affreux bibi,

Elle cultive l’ananas,

En se nourrissant de paninis

Et de noix de coco.

Elle est un peu neuneu.

Elle habite une case riquiqui.

Avec un chat et son ronron.

Parfois, avec tristesse, elle regarde le tutu

De tata.

Service après-vente

27 août, 2015

« Cet appel vous sera facturé 15 centimes la minute. Nos conseillers sont actuellement occupés et un peu fatigués. Merci de patienter quelques minutes. »

« La, la, la… (musique connue) »

« Cet appel vous sera facturé 15 centimes la minute. Nos conseillers sont actuellement occupés et un peu fatigués. Merci de patienter quelques minutes. »

« Bonjour, Madeleine, Société Montel, que puis-je pour vous ? »

« J’appelle parce que le logiciel que vous m’avez vendu ne marche pas. »

« Veuillez me donner votre numéro de client. »

« Alors … mon numéro de client, c’est …. C’est ….X458J89W »

« Vous êtes bien Maurice Poulard, 14 rue des Moulins à Pont-les-Anes »

« Exactement. »

« Très bien, je vous passe le service technique. Ne quittez pas. »

(Musique connue) 

« Armand, service technique, que puis-je pour vous ? »

« J’appelle parce que le logiciel que vous m’avez vendu ne marche pas. »

« Veuillez me donner votre numéro de client. »

« Alors … mon numéro de client, c’est …. C’est ….X458J89W »

« Vous êtes bien Maurice Poulard, 14 rue des Moulins à Pont-les-Anes »

« Exactement. »

« Et votre numéro de série ? »

« Mon numéro de série ? »

« Oui, Monsieur, votre numéro de série, sinon, je ne pourrais rien faire. Allons, allons ! »

« Ah oui ! Mon nuémro de série : AT—678-RT-K5978-L586 »

« Parfait… Accordez-moi un instant… (musique connue) »

« Merci d’avoir patienté, Monsieur Maurice Poulard. »

« Je vous en prie. »

« Alors, vous disiez ? »

« Il y a dix minutes, je disais que ça ne marche pas du tout. »

« Nous allons regarder ça. »

« D’abord avez-vous la bonne version ? »

« Parce qu’il y en a une mauvaise ? »

« Oui, Monsieur Poulard…. Bon, on va faire plus simple : avez-vous bien branché votre ordinateur ? »

« Je crois, oui, puisqu’il se passe des trucs sur l’écran. »

« Bon, avez-vous lu le manuel d’utilisation avant d’appeler la hot-line ? »

« Celui qui fait 358 pages sur Internet. »

« Exactement. Mais vous aviez un dépliant pour la mise en œuvre rapide dans la boite. »

« J’ai fait ce qui était marqué, mais ça me dit qu’il y a une erreur. »

« Je vous demande quelques instants, Monsieur Poulard. »

(musique connue)

« Merci d’avoir patienté, Monsieur Poulard. Quelle est votre question ? »

« Pour résumer, ma question est : comment marche votre logiciel ? »

« Vous avez quoi comme PC ? »

« Comment ça, quoi ? C’est un PC… comme on en voit dans les grands magasins…. »

« Je vous demande quelques instants, Monsieur Poulard. »

(musique connue suivie de bruits incongrus)

« Bonjour, Madeleine, Société Montel, que puis-je pour vous ? »

 

 

Un demandeur d’emploi

25 août, 2015

« Je cherche un emploi subalterne, très subalterne. »

« Vous ne voulez pas de responsabilités ? Ce n’est pas très courageux. »

« Ce que vous appelez ‘responsabilités’, c’est une situation qui consiste à dire aux autres ce qu’ils doivent faire, à les punir s’ils ne le font pas et à les récompenser en cas d’obéissance. Ce n’est pas du courage, c’est de la privation de liberté. Du commandement militaire, si vous préférez. »

« Et alors ? Les militaires ont réussi de grandes choses grâce à la discipline. »

« Je ne dis pas le contraire, mais moi je n’aime pas enquiquiner les autres. »

« Il ne s’agit pas toujours d’enquiquiner. Vous pourriez leur faire part de vos connaissances et de votre expérience. Ils peuvent aussi vous apporter leur ressenti. C’est un échange dont chacun peut être bénéficiaire. »

« Oui, mais au bout du compte, c’est moi qui aura raison et en plus, ça me donnera l’impression d’être plus intelligent que ceux que je dirige, ce qui n’est pas du tout évident. C’est bien pour ça que je voudrais un poste subalterne. »

« Pourquoi ? »

« Parce que je n’aurais pas à me poser la question de savoir si j’ai plus de capacités que le chef puisque la question est réglée une bonne fois pour toutes par l’organigramme. Finalement, c’est très reposant. Tandis que le chef souffrira toujours d’un doute : n’est-il pas plus intelligent que moi ? »

« Vous ne seriez pas un peu gauchiste ? »

« Probablement. Les gauchistes ont réglé la question de la domination des uns par les autres en envoyant promener toutes les hiérarchies. Moi aussi.  Je ne me sens ni inférieur, ni supérieur, mais puisque la société classe les gens, je choisis volontairement la dernière place, comme ça, elle ne pourra pas exploiter à son profit mon sentiment de frustration. »

« Vous abandonnez donc tout ambition ? »

« Non, le dernier du Tour de France peut avoir pour ambition de trouver des copains ou des occasions de faire des connaissances dans le peloton. Il pourra avancer détendu et sans stress, comme les premiers. »

« Bon, vous avez pensé à ce qui se passerait si tout le monde raisonnait comme vous ? Tout le monde serait subalterne.»

« Non, je n’y ai pas pensé et je n’ai pas envie que les autres m’imitent. Je tire parti de mon originalité. Si tous ceux qui se battent pour arriver au sommet viennent à s’en ficher complètement, il n’y a plus de société, il n’y a plus de course. Donc je ne pourrais plus exercer mon esprit critique.»  

« Parce qu’en plus vous trouvez utile votre esprit critique ? »

« Absolument, j’entretiens un sentiment de culpabilité chez les autres. Ils seront peut-être premiers dans les grandes courses de la vie, mais ils se demanderont si tout ça a du sens. Et si les gens commencent  à réfléchir, ça veut dire qu’ils peuvent progresser. »

Nos mauvais poèmes

24 août, 2015

Seule sur son radeau,

Elle a ramé, Mado

Même quand il n’y avait pas beaucoup d’eau.

Elle a croisé beaucoup de badauds

Aux mœurs sado-maso

Qui ne lui ont pas fait de cadeaux.

Maintenant, ce n’est pas l’Eldorado

Mais elle chante le fado

Devant des foules d’ados

Fascinée

23 août, 2015

« Je me demande ce qu’elle me trouve. »

« En effet, il y a de quoi se poser la question. »

« Je suis moche, je n’ai pas d’argent, je suis très moyennement intelligent, je n’ai pas d’imagination et je vote à droite. »

« Le tableau est assez désespérant. Qu’est-ce qui peut bien l’attirer ? »

« Certes, j’ai changé ma raie de côté. Je l’ai mis en correspondance avec mes opinions politiques, mais ça me parait bien léger pour expliquer son intérêt. »

« Il parait qu’il se trouve des gens qui aiment la nullité. Souvent, l’insignifiance provoque un instant de sidération fatal. »

« C’est vrai qu’on n’a jamais vu un être masculin concentrer autant d’imperfections en une seule et même personne. Il y a de quoi être déstabilisé. »

« Les femmes ont parfois de ces perversités ! »

« Surtout elle. Elle trouve intéressant tout ce que je lui dis, même quand je ne lui dis rien. Il parait que j’ai des silences de haute tenue. »

« J’avoue que ça m’avait un peu échappé. »

« Moi aussi. Parfois, j’essaie de dire des choses brillantes pour que je m’admire autant qu’elle me vénère. Alors, elle semble confondue par mon brio, mais elle m’assure qu’elle me préfère encore quand je ne dis rien. »

« C’est un peu délicat d’entretenir une relation sans un mot. »

« Non, parce qu’il parait que j’ai une flamme dans l’œil droit qui en raconte long sur ma foi dans l’existence. Quand je suis bien réveillé, après onze heures du matin, mon regard est bouleversant d’humanité. »

« Vous êtes sûr qu’elle est normale ? »

« J’hésite encore sur ce point. Surtout quand je pense à mon manque de culture que j’essaie de dissimuler comme je peux avec des trucs que j’ai entendus au Journal Télévisé. Quand elle cite Virgile ou Montaigne, elle me dit que je sais très bien faire dévier la conversation. Mon agilité intellectuelle la consterne. »

« Bon, vous avez trouvé l’oiseau rare. »

« Pff… je ne sais pas. Ce n’est pas facile d’être adulés par des côtés imprévus qui auraient dû susciter la répulsion. Moi, je comptais surtout sur ma puissance musculaire pour l’impressionner. C’est comme ça que ça marche d’habitude. Eh bien, non ! Elle n’a même pas remarqué la vastitude de mes pectoraux. J’essaie pourtant de porter des tee-shirts moulants. » 

« Vous êtes mal barré ! »

« Le pire, c’est qu’elle admire ma mère d’avoir mis eu monde un truc pareil. »

Ballade en forêt

22 août, 2015

Il lui a fait tant de charme.

De si près.

Ce fut un vrai boulot.

Il y a engagé tout son être.

Au restaurant, il a pris un coup de bambou.

Après, il s’est empêtré dans les chaines du mariage.

Il a envie de se noyer,

Mais il parait que c’est un péché.

Il faut qu’il freine cette pulsion.

Outre

21 août, 2015

Je suis outré.

Cet outrecuidant

Outrepasse ses droits

Et ne regarde pas la poutre dans son œil.

Il est accoutré comme un clochard.

Il élève des loutres.

Il peint, il n’utilise que l’outre-mer.

J’en ai rien à foutre.

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