Archive pour juillet, 2015

Pronoms personnels

11 juillet, 2015

Sur son île

Il lit Lui.

Il est à tu et à toi avec son âne

Qu’il nourrit de son.

Tous les mois, il récite un patenôtre

En se tenant au garde-à-vous

La société n’a pas l’heur de lui plaire.

La fréquentation d’autrui le noue.

Et ron,et ron…

10 juillet, 2015

Le gendarme touche sa bille en matière de code de la route.

Il lui a trouvé le globe oculaire vitreux.

Il l’a fait souffler dans le ballon.

Depuis, il a nerfs en boule.

Il tourne en rond dans sa cellule

Pour le moment, il la boucle

Mais dans le cercle de ses amis

Certains sont dans les hautes sphères du pouvoir.

Le truc ou le machin ?

9 juillet, 2015

« Le truc est-il supérieur au machin ? »

« A priori, moi je pense que oui. En effet, le ‘truc’ a un sens. Cela peut être l’astuce d’un magicien pour faire disparaitre une colombe. Ou bien, un petit ’plus’ qui permet à une personne de se faire remarquer dans un groupe. On dit alors que X a un ‘truc’ en plus. »

« C’est vrai que machin n’a pas beaucoup de sens. »

« D’un autre côté, ‘machin’ ayant moins de sens, peut remplacer plus de mots que truc. Ne pourrait-on pas alors soutenir que ‘machin’ est supérieur à ‘truc’ puisqu’il a plus de pouvoir couvrant ?»

« Sauf qu’utiliser ‘machin’ revient à avouer une certaine forme d’incompétence. On ne sait pas nommer une chose, alors on dit ‘ce machin’. »

« On peut dire aussi ‘ce truc’, mais je reconnais que c’est moins courant. »

« Machin et truc seraient donc les deux mamelles des gens faibles en vocabulaire…. »

« Pas seulement. Lorsque je suis pressé et que je n’ai pas le temps de chercher des mots, je dis volontiers ce ‘machin’. »

« Moi, je dis plutôt ‘truc’. »

« Je trouve ‘machin’ moins dur à prononcer que ‘truc’. On peut exprimer ‘machin’ sans ouvrir la bouche. C’est d’ailleurs pour ça que les gens pressés l’utilisent davantage. »

« C’est exact. Mais ‘truc’ se prête mieux à la conversation de bonne tenue. Ne dit-on pas fréquemment : il faut que je te dise un truc ! »

« Ne me dites pas que ‘machin’ serait réservé aux classes populaires, ce serait très discriminant et injuste ! »

« Euh… pour nous mettre d’accord, nous pourrions réhabiliter ‘bidule’ qui eut son heure de gloire, voilà quelques dizaines d’années ! »

« C’est une bonne idée. C’est plus original que ‘machin’ ou ‘truc’ et ça ne veut rien dire non plus. C’est-à-dire qu’on peut s’en servir partout. »

« On peut l’utiliser pour désigner une chose : qu’est-ce que c’est que ce bidule ? Mais aussi pour nommer une personne dont on a oublié le patronyme : hier, j’ai rencontré… euh… tu sais … Bidule ! »

« C’est vrai que ‘bidule’ est très souple quoiqu’un peu ancien. Mais restons vigilants ! Certains esprits passéistes militent pour le retour de ‘zinzin’ ou de ‘fourbi’ ! Il faut rester sur nos positions ! »

« Oui, je trouve que ‘zinzin’ est très proche d’une insulte, surtout lorsqu’on dit : il est complètement zinzin ! Quant à ‘fourbi’, cela évoque quelque chose de complètement désordonné, nuance très présente dans l’expression : tu t’y retrouve dans ton fourbi ? »

« Autant dire ‘dans ton bordel’, ce qui est vulgaire et pas du tout notre genre ! »

Microcosmos

8 juillet, 2015

Louisette est une fiche mouche

Avec une taille de guêpe.

Elle n’a jamais le cafard.

Elle travaille comme une fourmi

Et a pu se payer une coccinelle.

Elle papillonne d’un homme à l’autre

Même quand ils sont laids comme des poux.

Puis elle punaise ses conquêtes au-dessus de son lit.

Un peu de cogestion

7 juillet, 2015

« Prendre des décisions tout seul dans votre coin, c’est mal. Pour qui vous prenez-vous ? Pour qui me prenez-vous ? Vous devez me consulter. Je ne suis pas n’importe qui. J’ai un avis. »

« Je peux quand même décider seul de mes vacances ? »

« Non ! Vous vous rendez compte ? Vous allez me demander d’arroser vos géraniums. Il n’est pas certain que je sois disponible à vos dates. Vous voyez donc bien qu’il faut m’en parler avant de prendre toute décision. »

« Et pour la destination, je suis aussi obligé de vous consulter ? »

« Evidemment ! S’il arrive quelque chose à vos géraniums pendant votre absence, il faut que je puisse vous atteindre facilement. Mon forfait téléphonique n‘atteint pas l’étranger. Il faut tout de même en parler au lieu de faire ça en cachette. »

« Ah bon ? »

« Et puis comment se fait-il que votre fils ait pris espagnol en seconde langue, alors que la concierge est d’origine portugaise. C’est idiot ! Vous êtes un petit dictateur  qui ne tient aucun compte de son environnement ! »

« Et ma vie privée, vous en faites quoi ? »

« Rien. Tout ce que vous faites a forcément un impact sur les autres.  Donc, si vous êtes un homme de dialogue, vous devez en parler avant de n’en faire qu’à votre tête. Je vous dis ça pour votre bien. »

« Bon, alors j’envisage de me mettre au tennis. Il faut aussi un débat public sur la question. »

« Mais bien entendu, vous vous croyez où ? Vous allez revenir tout transpirant et humidifier de votre sueur la rampe d’escalier. C’est malpropre. Pensez un peu aux autres. Sans compter que je n’ai aucune envie de croiser vos mollets velus dans l’escalier. Vraiment, vous n’avez aucun respect pour votre voisinage. »

« Donc il faut un débat.. !»

« Oui, nous pourrions chercher ensemble des solutions constructives. Peut-être qu’un autre sport vous conviendrait mieux. Je crois qu’il faudrait renvoyer la décision à l’assemblée générale des copropriétaires dans six mois. C’est comme ça que fonctionne la démocratie, monsieur le dictateur ! »

« Et quand vous avez changé de coiffure, vous m’avez consulté ? »

« J’en étais sûre ! Vous essayez de justifier votre manque de considération pour votre entourage par des remarques sarcastiques ! Je ne suis pas dupe ! Vous ne savez ce que c’est que la concertation ! »

« Je suis donc classer dans les dictateurs, autoritaristes et insensibles. »

« Oui, tout effort pour sortir de cette catégorie sera nul et non avenu. J’ai besoin de gens dont je peux me plaindre amèrement dans cet immeuble. La tendance de chaque personne à estimer qu’elle est la seule à décider de ses propres affaires me fournit un très beau sujet de vitupération. »

Prénoms

6 juillet, 2015

Max aime faire le Jacques

Comme un gros-Jean.

Son patron le paie à coups de lance-pierres.

Son père ne l’aide pas : c’est un fesse-mathieu.

Il promène son chien, un Saint-Bernard

Qui aime les reines-claudes.

Max élève des fines-de-claire

Et prépare ses repas au bain-marie.

Gentil ?

5 juillet, 2015

« Comment ? Vous êtes gentil ? Ça ne va pas, non ? Vous risquez gros ! »

« Ah bon, il ne faut pas être gentil ? »

« C’est très risqué ! A la maison, on va vous refiler toutes les tâches casse-pieds : descendre la poubelle, descendre le chien, nettoyer les toilettes… Au bureau, c’est pire ! Vous avez droit à tous les dossiers tordus, aux réunions inintéressantes où personne ne veut aller… Pourquoi ne pas rendre service aux autres, pendant que vous y êtes ? »

« Pourtant, un peu de solidarité… »

« Pff… je vous explique. La règle générale est celle du marché. Je donne en contrepartie de quelque chose de même valeur. Si je donne pour rien, je me vole moi-même et en plus je passe pour un gros nullard qui ne sait pas se défendre. »

« Oui, mais quand on est gentil, c’est difficile de devenir hargneux… »

« Ecoutez, pour commencer, vous pourriez faire semblant d’être gentil. Vous pourriez rendre des services qui ne coûtent rien. Tenir la porte pour la personne qui vous suit par exemple. Attention ! Pas trop longtemps, parce que le suivant du suivant pourrait en profiter aussi ! »

« Je vais essayer ! Il faut m’excuser je débute dans l’égoïsme ! »

« Je vois ça ! Il faudrait apprendre à rendre un service qui a l’air gratuit a priori, mais qui pourrait vous rapporter dans un second temps. Soyez aux petits soins pour votre collègue de bureau. Apportez-lui son café. Et le jour où vous avez besoin d’un gros service de sa part, il n’osera pas vous envoyer paître ! »

« C’est assez hypocrite ! »

« Oui, mais c’est comme ça que ça se passe dans un monde civilisé. »

« Je peux aider une vieille dame à traverser la rue ou à monter dans le bus ? »

« A priori, non, vous n’avez pas le temps ! Sauf s’il y a des témoins qui loueront votre amabilité. Là vous pouvez ! La contrepartie, toujours la contrepartie ! »

« Oui, mais enfin, à la maison, je peux être gentil avec ma femme et mes enfants ? »

« Vous tenez à ce que vos gamins disent à l’extérieur que vous êtes gentil ? Pourquoi pas un ‘brave mec’ pendant que vous y êtes ! Non, il faut ruser. Dites souvent que vous êtes fatigué en prenant l’air blessé, ça vous évitera un tas de corvées ? »

« Euh… ce n’est guère loyal ! »

« Un père n’a pas à  être gentil, il doit être un vieux qui ne comprend rien aux jeunes ! Un mari n’a pas à être gentil, en mettant les choses au mieux, il doit être ‘mon mec’. »

« Bon, il faut être méchant, alors ! »

« Surtout pas ! Vous vous mettriez dans votre tort ! »

« Inodore et sans saveur ? »

« Alors là, vous êtes grillé de partout ! »

« Alors quoi ? »

« Contentez-vous d’être nul, comme tout le monde ! Dans le genre « je m’en fous », ou alors « chacun sa croix » ou bien « de toute façon, ça ne change rien », à l’extrême rigueur « on verra ». Dans les cas désespérés, quand on est coincé sur un sujet, on peut dire « on s’appelle ».

Nos mauvais poèmes

4 juillet, 2015

Lui est natif de Bapaume

Mais il s’est paumé dans la Drôme

Où il a réussi à empaumer la police.

Désormais, il pratique le jeu de paume

Enchantant des psaumes.

Il va marcher dans le massif de la Sainte-Baume.

Ça lui met du baume au cœur.

Puis, il fait des recherches sur l’atome

Et découvre des axiomes

Sur le chrome.

Pif-paf

3 juillet, 2015

Jean est un peu toc-toc.

Comme il était un peu ric-rac

Il a vendu le tic-tac de sa montre, mais pas la montre.

Jules lui a dit : qu’est-ce que c’est que ce micmac ?

Vient plutôt au pique-nique

Près du lac.

Jean lui répond au tac au tac.

Que la pluie fait floc-floc

Et qu’il préfère rester au sec.

Un rigolo

2 juillet, 2015

« Je suis très populaire. »

« Comment vous le savez ? »

« Dès que j’apparais quelque part, on m’interpelle, on s’inquiète de mon avis, on me tape sur l’épaule. Les gens sont ravis de me voir. »

« Mais ça ne veut pas forcément dire que vous êtes quelqu’un qu’ils apprécient. Si vous les faites rigoler, c’est facile d’avoir du succès. »

« Bon, d’accord : ils m’aiment parce que je suis un joyeux drille. Mais l’important, c’est qu’ils m’aiment. »

« Peut-être que certains font semblant de vous aimer, tout en vous détestant. »

« Ce sont des hypocrites. Je ne vois pas bien pourquoi on pourrait me détester. »

« Il y a des gens qui ne supportent pas votre façon de faire le rigolo partout où vous passez pour vous faire remarquer. Ils vous trouvent assez pathétique. »

« Je m’en fous. J’aime bien me marrer et faire marrer. Il en faut des rigolos dans une société. C’est une vraie vocation. Il y a des gens dont le rôle est de faire réfléchir, d’autres dont le rôle est de prier, moi mon créneau, c’est le marrage.»

«On vous reproche aussi d’avoir des blagues très bas de gamme. »

« Si je veux que tout le monde rigole, je suis bien obligé de ne pas élever le niveau. C’est d’ailleurs pour ça que les gens m’aiment bien. Je les rassure : avec moi, ils savent qu’ils auront le niveau. »

« Vous êtes sûr que vous ne méprisez pas votre public ? »

« Non, je rends service. Il y a chez chacun, un besoin de manger, de boire et de dormir, mais aussi un besoin de déconner que les institutions ne prennent pas en considération. »

« Vous êtes donc une œuvre humanitaire. Finalement, ça n’a pas de rapport avec le fait d’être aimé ou pas aimé. »

« Remarquez que, lorsque vous êtes affamé, vous aimez bien la main qui vous donne à manger. »

« Euh… disons que je lui suis reconnaissante de se préoccuper de mon état. En mettant les choses au mieux, les gens vous sont reconnaissants de les faire rire. »

« Euh…. on ne pourrait même pas ajouter un peu d’admiration à mon égard ? Parce que tout de même, il faut que je trouve des vannes. Même bas de gamme pour que tout le monde comprenne. Ce sont les plus difficiles à trouver. »

« Admiration ? Pourquoi pas ? Trouver des blagues complètement nulles est un art. Moi, ça me plonge dans la sidération. Comment faites-vous ? »

« Vous me flattez. Comment je fais ? Il faut du métier, mais en explorant les astuces à caractère sexuel ou scatologique, vous vous tirez de toutes les situations. »

« Vous n’avez jamais essayé des blagues un peu poétiques ? »

« Un peu quoi ? »

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