Un peu de cogestion
7 juillet, 2015« Prendre des décisions tout seul dans votre coin, c’est mal. Pour qui vous prenez-vous ? Pour qui me prenez-vous ? Vous devez me consulter. Je ne suis pas n’importe qui. J’ai un avis. »
« Je peux quand même décider seul de mes vacances ? »
« Non ! Vous vous rendez compte ? Vous allez me demander d’arroser vos géraniums. Il n’est pas certain que je sois disponible à vos dates. Vous voyez donc bien qu’il faut m’en parler avant de prendre toute décision. »
« Et pour la destination, je suis aussi obligé de vous consulter ? »
« Evidemment ! S’il arrive quelque chose à vos géraniums pendant votre absence, il faut que je puisse vous atteindre facilement. Mon forfait téléphonique n‘atteint pas l’étranger. Il faut tout de même en parler au lieu de faire ça en cachette. »
« Ah bon ? »
« Et puis comment se fait-il que votre fils ait pris espagnol en seconde langue, alors que la concierge est d’origine portugaise. C’est idiot ! Vous êtes un petit dictateur qui ne tient aucun compte de son environnement ! »
« Et ma vie privée, vous en faites quoi ? »
« Rien. Tout ce que vous faites a forcément un impact sur les autres. Donc, si vous êtes un homme de dialogue, vous devez en parler avant de n’en faire qu’à votre tête. Je vous dis ça pour votre bien. »
« Bon, alors j’envisage de me mettre au tennis. Il faut aussi un débat public sur la question. »
« Mais bien entendu, vous vous croyez où ? Vous allez revenir tout transpirant et humidifier de votre sueur la rampe d’escalier. C’est malpropre. Pensez un peu aux autres. Sans compter que je n’ai aucune envie de croiser vos mollets velus dans l’escalier. Vraiment, vous n’avez aucun respect pour votre voisinage. »
« Donc il faut un débat.. !»
« Oui, nous pourrions chercher ensemble des solutions constructives. Peut-être qu’un autre sport vous conviendrait mieux. Je crois qu’il faudrait renvoyer la décision à l’assemblée générale des copropriétaires dans six mois. C’est comme ça que fonctionne la démocratie, monsieur le dictateur ! »
« Et quand vous avez changé de coiffure, vous m’avez consulté ? »
« J’en étais sûre ! Vous essayez de justifier votre manque de considération pour votre entourage par des remarques sarcastiques ! Je ne suis pas dupe ! Vous ne savez ce que c’est que la concertation ! »
« Je suis donc classer dans les dictateurs, autoritaristes et insensibles. »
« Oui, tout effort pour sortir de cette catégorie sera nul et non avenu. J’ai besoin de gens dont je peux me plaindre amèrement dans cet immeuble. La tendance de chaque personne à estimer qu’elle est la seule à décider de ses propres affaires me fournit un très beau sujet de vitupération. »