Archive pour juillet, 2015
Un hommage bien mérité
30 juillet, 2015« Je me rends hommage. »
« Ah bon ? Vous avez fait quelque chose de particulièrement méritant ? »
« Je ne sais pas. Mais, d’habitude on rend hommage aux gens qui disparaissent, moi je préfèrerais recevoir des hommages de mon vivant. »
« Que va-t-il se passer vous allez organiser une fête, un défilé de vous-même ? Allez-vous vous remettre une décoration ? »
« Je ne sais pas encore. Le mieux, ce serait qu’une émission de télévision me soit spécialement consacrée. »
« Je ne voudrais pas vous décourager, mais je ne vois pas une émission de TF1 ou FR2, programmée à 20 heures 30 sur vous. »
« Vous allez trop vite. Il pourrait d’abord y avoir un JT spécial. Vous seriez interviewé pour dire tout le bien que vous pensez de moi. Si vous pouviez aussi raconter que sans moi, vous ne sauriez pas devenu ce que vous êtes… »
« Il faut que je pleure ? »
« Non, pas encore puisque je serai toujours vivant. »
« Il n’empêche que faire une émission spéciale d’une heure trente alors que vous n’avez rien fait d’intéressant, ça ne va pas être de la tarte. »
« Vous avez raison. Pour intéresser les grandes chaînes de télé, il faut toujours du spectacle, elles n’ont aucun respect pour les riens-du-tout. »
« Le mieux, ce serait que vous ayez votre propre chaîne de télé qui pourrait chanter votre gloire et votre non-existence. »
« Après tout, pourquoi pas ? Aujourd’hui chacun peut étaler ses états d’âme devant le monde entier sur Facebook ou dans un blog. Un jour, il sera aussi facile de produire la chaîne de télé qui passera ce qui me fait envie. »
« Vous pourriez vous interviewer vous-même et vous fournir des réponses aux questions que personne ne se pose. »
« Quant à vous, vous pourriez venir avec quelques potes. On organisera des débats durant lesquels on parlera tous en même temps pour que personne ne comprenne ce qui se dit. »
« OK, c’est comme ça que font les grandes chaines ! »
« Pour le sport, vous me suivrez avec une caméra pendant mon jogging du dimanche, ça va intéresser. »
« Vous visez combien d’abonnés ? »
« Je ne sais pas. Mais l’essentiel, c’est que je puisse faire des émissions d’hommage sur moi-même. Une dizaine par semaine, ce serait bien. N’oubliez que vous serez fréquemment interviewé sur tout le bien que vous pensez de moi. »
« Ça va être dur de me renouveler. »
Notre ménagerie
29 juillet, 2015Etre dernier
28 juillet, 2015« Je suis la lanterne rouge du Tour de France. »
« Ce n’est pas grave, il en faut une. Comment en êtes-vous arrivé là ? »
« Il faut dire que je ne m’entraîne pas beaucoup car j’ai horreur de souffrir en pédalant. On devient très laid quand on souffre, moi je suis un pédaleur de charme. »
« Effectivement, vous n’êtes pas près de regagner le Tour, ça ne vous dérange pas ? »
« Non, les autres coureurs m’aiment bien : je ne leur dispute pas leurs places. Les spectateurs m’applaudissent. Il y en a même qui m’attendent jusqu’à tard le soir pour me voir passer. »
« Ils vous applaudissent ironiquement… »
« Peut-être, mais ça vaut mieux qu’être un anonyme du peloton… »
« C’est vrai que vous êtes sympa aussi. »
« Oui, les gens m’adorent : lorsqu’ils se comparent au dernier, ils se sentent nettement plus forts. J’ai une fonction sociale importante : il faut cajoler les derniers en tout domaine, ce sont eux qui permettent de se valoriser. »
« Vous comptez continuer dans cette voie ? »
« Absolument, je travaille fort pour ne pas pédaler trop vite. Un jour, les autres coureurs ont voulu me laisser passer le premier dans mon village natal. C’est la tradition, parait-il. Ils ont dû finir à pied pour ne pas me dépasser. »
« Et votre employeur ? »
« Il est ravi : je suis un exemple pour les jeunes. La preuve vivante qu’on peut participer sans vouloir gagner à tout prix. Mon employeur en tire un argument citoyen, ça lui permet de renforcer sa force de vente. »
« Bon, mais je suppose qu’il y a de la concurrence. Tout le monde aimerait être dernier pour se faire remarquer. »
« Oui, il faut se battre. La place de dernier dans une société se gagne au mental. Il ne faut avoir honte de rien. Bien dormir est une nécessité. Il faut s’appliquer à ne faire aucun progrès. Il faut même se sortir l’idée de progrès de la tête. »
« Pouvons-nous étendre votre propos dans la vraie vie ? »
« Non, malheureusement. Dans le Tour de France, il y a un classement. Le premier et le dernier sont clairement identifiés. Dans la vraie vie, on n’est pas le dernier, à la rigueur on fait partie du peloton indifférencié des assistés. Personne ne fait attention à un assisté. »
« Si je comprends bien, vous plaidez pour un statut du dernier. »
« Oui, c’est un personnage indispensable. Quand il y avait un classement à l’école primaire, j’étais toujours copain avec le dernier de la classe. Il était plus marrant que les autres. En fait, le dernier, c’est celui qui a d’autres valeurs que la réussite ou la performance. C’est lui, l’homme de l’avenir. Tandis que l’assisté, c’est celui qui court après les valeurs des premiers sans y parvenir et qui est donc stigmatisé. »
Manuel d’agriculture
27 juillet, 2015Ah ! Ces hommes…
26 juillet, 2015« Les hommes aiment des choses qu’on ne peut pas comprendre. »
« Vous n’allez pas me dire qu’ils sont plus intelligents que nous, ce serait une première. »
« Non, au contraire, leurs centres d’intérêt sont tellement minables et nous sommes tellement au-dessus de ça que nous ne pouvons pas être aussi nulles. C’est impossible. »
« C’est vrai que, parfois, il y a un peu de bestialité. »
« Oui, par exemple, cette façon de hurler devant le poste de télé parce qu’il y a du foot ou alors cette manie agaçante de se retourner sur des silhouettes de gamines dans la rue, c’est complètement ridicule ! »
« Certes, mais on ne peut leur demander d’être sublimes toute la journée. Moi, je me contenterais d’un petit quart d’heure. Le problème, c’est qu’ils sont sympas même dans leur nullité. Simplement, je ne comprends pas tout de ce qui les motive. »
« Il y a des moments où il vaut mieux laisser les nuls entre eux. Dans ces moments-là, ça n’est pas la peine d’essayer d’élever le niveau, vous passerez pour une casse-pieds. »
« Tout de même, j’aimerais bien comprendre pourquoi ils aiment rester au lit le dimanche matin au lieu de prendre l’air. »
« C’est encore leur animalité qui leur joue des tours. Lorsque votre chat a décidé de se rouler en boule pour faire une sieste, ce n’est pas possible de l’en dissuader. C’est comme ça, c’est la nature masculine. »
« On épouse des aventuriers et on finit avec de gros matous. »
« C’est à peu près ça. Ce n’est pas compliqué : ils n’ont pas notre niveau. C’est la raison pour laquelle, un homme éprouve le besoin de faire son intéressant dès qu’il rencontre une femme qui leur plait, c’est-à-dire qui lui fait prendre conscience de leur différence de niveau. »
« Oui, mais enfin.. le niveau de quoi ? »
« Le niveau de civilisation. Il faut comprendre : ils en sont encore au moment où il faut montrer sa force, sa capacité à écraser autrui, son aptitude à commander…. Bref, tout ce qui fait qu’un loup est légitime à prendre la direction de sa meute… »
« Euh… mais Pasteur… Victor Hugo… »
« Des loups solitaires qui ne commandaient personne. Le mieux pour nous, c’est de rencontrer un loup solitaire. Le problème, c’est que dès qu’on le rencontre, il n’est plus solitaire. »
« Par moment, j’ai l’impression que mon loup s’élève. Il se montre juste, sensible, prévenant. C’est très déstabilisant. »
« Je ne pense pas qu’ils ne peuvent pas être civilisés, je pense simplement qu’ils ont beaucoup de retard sur nous et qu’ils mettront du temps à nous rattraper. Certains arrivent désormais à s’extraire de la Préhistoire pour vivre dans l’Antiquité ! »
« Si je comprends bien, on a encore vingt siècles d’avance. C’est pour ça que le poète a dit que la femme est l’avenir de l’homme. »
«Oui, et nous allons conserver tranquillement notre avance en continuant à leur faire croire que c’est nous qui sommes en retard. »
Poissons de juillet
25 juillet, 2015Il est têtu comme un mulet
Et muet comme une carpe.
Sa passion est de sauter à la perche
Après avoir revêtu son maillot de couleur saumon.
Puis il écoute « la truite » de Schubert en boucle.
Avec Marie, il y a anguille sous roche,
Mais il se dit : « Gardons notre calme »,
Sinon elle va me réduire en cendres.
A l’arme blanche
24 juillet, 2015Il en a marre :
De toujours casquer,
Des gens qui ont l’air faux,
De prendre des coups de poignard dans le dos,
D’avoir une épée au-dessus de la tête.
Il n’est pas un traineur de sabre.
Pour lui, il pleut toujours des hallebardes.
Il va y avoir une levée de boucliers.
C’est dit : il lance sa révolte.
A notre rayon poissonnerie
23 juillet, 2015Il est têtu comme un mulet
Et muet comme une carpe.
Sa passion est de sauter à la perche
Après avoir revêtu son maillot de couleur saumon.
Puis il écoute « la truite » de Schubert en boucle.
Avec Marie, il y a anguille sous roche,
Mais il se dit : « Gardons notre calme »,
Sinon elle va me réduire en cendres.
Le bien et le mal
22 juillet, 2015Justin porte un regard bienveillant sur la vie.
Il pense que c’est un bienfait divin pour tous.
C’est un jeune homme bien élevé
Qui travaille dans une œuvre de bienfaisance.
Dont il approuve le bien-fondé.
Il n’est pas maladroit.
Sans malaise,
Il aide les plus malchanceux
Qui vivent dans les quartiers malfamés.
Il serait malvenu de se plaindre de son propre sort.