Archive pour mars, 2015

Nos mauvais poèmes

21 mars, 2015

Julie est sa mascotte

C’est une cocotte

Qui a la cote.

Quand il a les chocottes,

Il la bécote

Et la gave de biscottes.

Jamais, elle ne le boycotte

Même quand elle traficote.

Psitt !

20 mars, 2015

Le curé psalmodie

Des psaumes

En commettant des lapsus

Tandis que le musicien joue une rapsodie

Et que l’écrivain écrit sous un pseudo

En multipliant les ellipses

Un roman qui fera pschitt.

Le psychiatre

S’éclipse discrètement.

Les idoles

19 mars, 2015

« Mes idoles, ce sont Johnny Halliday, Ronaldo, Robin des bois. Je les admire. »

« En fait, vous ne les admirez pas, vous voudriez être à leur place. Votre petite existence d’agent d’assurances ne vous suffit pas, il vous faut vivre la vie des autres, en l’imaginant. »

« Euh… il faut dire que convaincre les gens qu’ils ont le plus grand intérêt à se prémunir contre les catastrophes qu’ils ne vont pas manquer de subir, ce n’est pas très intéressant. »

« Oui, ce n’est pas aussi valorisant que chanter ou jouer au foot devant cinquante mille personnes ou alors rétablir la justice sociale dans la forêt de Sherwood. »

« Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? Je suis bien obligé de faire semblant que je suis celui que je ne suis pas. Personne ne fait attention à moi, il faut que moi-même, au moins, je fasse quelque chose pour me trouver intéressant. »

« Mais votre propre personnalité est peut-être intéressante. Je suis sûr que vous êtes l’idole de quelqu’un. Par exemple Gérard. »

« Le SDF du bout de la rue ? »

« Oui, lorsqu’il vous voit passer, il rêve de votre vie. Un petit boulot, une petite femme, une petite maison, des petites vacances à Palavas-les-Flots. Il en rêve, Gérard. »

« Je ne vais tout de même pas lui signer un autographe en passant. »

« Non, mais il ne faut pas trop idolâtrer. Si vous étiez Johnny Halliday, Ronaldo ou Robin des bois, vous voudriez sûrement être quelqu’un d’autre. On n’est jamais content de soi-même. Je suis dans le même cas. J’aimerais bien être … le Pape. »

« Le Pape ? Mais il ne gagne pas beaucoup d’argent le Pape ? Il prêche même la pauvreté. »

« Justement, on peut rêver d’une vie exaltante qui ne serait pas déterminée par l’argent. »

« Euh… tout compte fait, moi je n’ai pas envie de l’existence du Pape, ni de celle de Gérard. Si on va par-là, la mienne me satisfait. Mais quand même … tout le monde admire Johnny, Ronaldo, ou Robin des bois. Et moi, personne ne m’admire. »

« Etre admiré n’est pas un but. Si vos collègues de bureau bavaient d’admiration devant vous tous les matins, vous en auriez vite assez. Contentez-vous de vous estimer vous-même. Je ne suis même pas sûr que vos idoles s’estiment eux-mêmes ! »

« Bon, je vais afficher des posters de moi dans ma chambre. »

« Euh… il faudrait avant faire un travail sur vous. Qui êtes-vous ? Qu’est-ce que vous savez faire qui mérite votre propre attention ? »

« Des crêpes au Grand-Marnier, je sais faire ça ! »

« C’est peut-être un peu juste. Essayez d’être très bon dans une spécialité pour vous auto-épater. Vous ne vivrez plus par procuration. »

« Quand même Johnny… quel homme ! »

« Vous pourriez vous spécialiser dans l’étude de la vie de Johnny. Ses chansons, ses vertus, mais aussi ses défauts ; ce serait toujours ça de gagner. »

Un écrivain

18 mars, 2015

Le dernier roman de l’auteur a fait un carton.

Avant de sortir du bar, il se couvre la tête de son feutre.

Le garçon n’avance pas à fond la gomme.

Il lui laisse un billet.

Sa secrétaire

Se fait un sang d’encre.

Car il a des faux papiers.

Si la police applique la loi à la lettre

Il va se faire voler dans les plumes.

La plage anti-drague

17 mars, 2015

« J’ai créé une plage anti-drague. Il est interdit de draguer. Pour les femmes comme pour les hommes. »

« Par exemple, il est interdit d’arriver dans un maillot de bains trop moulant. Si vous voyez ce que je veux dire. »

« Ah bon ? On peut quand même se déshabiller un peu pour aller au bain. »

« Oui, mais il ne faut pas que les hommes arpentent la plage en roulant des épaules et en rentrant le ventre. C’est interdit. Les femmes, elles, ne doivent pas agiter les hanches en faisant semblant de ne pas voir les hommes. »

« Le problème à la plage, ce sont les coups de soleil. »

« Alors là, les femmes ne doivent pas se passer de la crème partout d’un geste lascif, encore moins demander à leurs voisins de serviette de leur passer de la crème dans le dos. C’est la moindre des choses. »

« C’est tout ? »

« Non, il est également interdit de se lancer des regards de connivence ou plus ou moins concupiscents. Ce sera contrôlé. Il y aura des brigades spéciales, composées d’agents assermentés qui examineront la qualité des regards. »

« On peut profiter de la mer quand même ? »

« Oui, mais il faudra nager sans trop faire les malins. Essayer d’imiter le style de Laure ou Florent Manaudou pour se faire remarquer du sexe opposé est punissable d’une amende sévère. »

« On ne va pas beaucoup s’amuser. »

« Non. D’autant plus qu’il est aussi interdit d’utiliser de misérables subterfuges pour faire connaissance d’un homme ou d’une femme. Par exemple en faisant semblant de lancer son ballon de volley-ball sur sa figure. On ne demandera pas non plus à son voisin ou sa voisine de nous prendre en photo sous le fallacieux prétexte de garder un souvenir. »

« Bon et pour les surfeurs ? »

« Ils ne doivent pas se promener avec leur planche sous le bras en prenant des airs d’aventuriers qui vont braver les flots. Ils peuvent prendre à la rigueur une attitude avachi ou alors ridicule en déambulant avec  leur planche sur la tête. »

« Et les vendeurs de chouchous ? »

« Terminé ! On commande ses chouchous sur Internet sur son téléphone, on est géolocalisé et un drone vient lâcher sur vous le paquet de chouchous. »

« Effectivement, draguer un drone, c’est un peu compliqué. Il ne va plus rester grand monde sur votre plage. »

« Justement, ceux qui viendront seront des gens sérieux qui auront plus de place pour étaler leurs serviettes. Evidemment, les jumelles seront interdites, il ne s’agit pas de contourner la loi en matant les baigneuses de la plage d’à-côté. »

Locomotion

16 mars, 2015

Max était un joyeux boute-en-train

Même s’il ne roulait pas carrosse.

Il avait connu des galères.

Parfois il avait un métro de retard

Il était alors un peu charrette.

Mais il savait aussi faire diligence.

Au final, il menait bien sa barque

Il ne se laissait pas mener en bateau

Histoire de tirets

15 mars, 2015

Elisa tenait une boutique, un « décrochez-moi-ça ».

Elle avait son quant-à-soi.

Elle n’aimait pas les m’as-tu-vu.

Ses soupirants devaient se tenir au garde-à-vous.

Elle n’était pas du genre suivez-moi-jeune-homme.

Elle donnait des rendez-vous à l’avance.

Mais chacun devait rester chez-soi.

Rien ne se faisait à la va-comme-je-te-pousse.

En panne

13 mars, 2015

Jules a rédigé un panégyrique à la gloire de son père.

Celui-ci vendait des gâteaux à la frangipane

Et des poissons panés.

Des panneaux publicitaires vantaient son magasin.

Lorsque ses fours étaient en panne,

Il les faisait dépanner.

Pendant ce temps, il cuisinait au propane.

Souvent il consultait un panel de ses clients.

Des voix

12 mars, 2015

« Parfois, j’entends des voix. »

« Vous vous prenez pour Jeanne d’Arc ? »

« Non, ce ne sont pas des voix comme celle que vous émettez en me parlant. Ce sont des voix internes, dans ma tête. »

« C’est normal. Tout le monde débat avec soi-même avant de prendre une décision. Par exemple, vous avez la voix de votre bon sens qui vous enjoint de ne pas traverser en dehors des clous. »

« Ce n’est pas très agréable. On dirait une voix de GPS. Et puis, c’est stressant. Si je lui désobéis, j’ai l’impression que mon bon sens est en relation avec je ne sais quelle divinité et qu’il pourrait lui demander de m’accidenter pour me punir. »

« Non, ce n’est pas une divinité qui intervient à ce moment-là, ce sont vos scrupules qui s’expriment. Ils sont nombreux et suffisamment taquins pour vous dire que vous faites quelque chose de mal en ne respectant pas les règles. Ils ajoutent en général que vous êtes d’autant plus coupable que vous savez très bien que vous contrevenez aux règles. »

« Pourquoi les voix m’annoncent-t-elles toujours de mauvais évènements ? Par exemple, hier, j’ai entendu distinctement quelqu’un qui me disait que si je ne rendais pas mon rapport dans les temps, Dugenou, mon chef de service, allait encore piquer une crise. »

« Là encore, c’est normal, calmez-vous. Il s’agit de la voix de l’expérience. C’est une voix assez particulière, munie d’un magnétophone enregistreur. Elle a emmagasiné et analysé vos conversations avec Dugenou et elle vous les ressert à la moindre occasion. »

« Je ne peux donc pas entendre des voix qui m’apaiseraient. »

« Non, ce n’est pas possible. C’est pour votre bien. Si vous entendez une voix qui vous raconte que vous êtes le meilleur, vous allez devenir odieux pour les autres. Il faut que chacun soit sur ses gardes, grâce au système des voix. Il ne s’agit pas d’aimer son prochain, il s’agit de s’en méfier. C’est comme ça que ça fonctionne. »

« Alors, c’est comme ça que vous voyez les relations humaines, vous ? »

« Oui, si vous percevez une voix qui vous dit de faire confiance à votre voisin, il faut vérifier s’il ne s’agit pas d’une voix ennemie qui se serait subrepticement introduit dans votre tête pour anéantir votre défense anti-aérienne. C’est ce qui est arrivé à Jeanne d’Arc. Sauf que les services de renseignement anglais ont envoyé une voix espionne. »

« L’Histoire de la France a tenu à peu de choses. Tout ça ne me dit pas ce que je dois répondre à mes voix. Elles ne m’ont pas encore demandé de flanquer les anglais à la porte. »

« Elles vous disent quoi, au juste ? »

« Il y en a surtout une qui revient souvent. Elle me demande d’arrêter de fumer et de picoler.  C’est très culpabilisant. »

« C’est la voix de la Raison. C’est une vraie terreur. Si vous ne faites pas comme elle dit, vous vous excluez du parti de Raisonnables et, si tout va bien – c’est-à-dire mal – elle vous fait mourir à petit feu. En vous torturant longuement, grâce à de savantes diatribes culpabilisantes, pour que vous vous rendiez bien compte de votre déchéance. A tout prendre, je préfèrerais entendre les voix de Jeanne d’Arc. »

Une lumière

11 mars, 2015

Marina est une femme éclairée.

Elle est veilleuse de nuit.

Avec les hommes, elle n’aime pas les mains baladeuses.

Quand elle a pris une décision, elle ne lanterne pas.

Elle vient de souffler ses quarante bougies.

Pour sa famille, c’est un phare

Elle porte le flambeau

Les siens lui doivent une fière chandelle.

A Noël, ils peuvent s’en mettre plein la lampe.

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