Archive pour février, 2015

Nos mauvais poèmes

28 février, 2015

Bill n’est plus un galopin

Il vit dans un site alpin

Ou il chasse les lapins

Et peint

Les sapins.

Il écoute aussi Chopin

Avec son copain,

En mangeant du pain,

Assaisonné de poudre de perlinpinpin.

Notre leçon de géographie

27 février, 2015

Jules fait un somme sur la Somme.

Marcel, c’est un héros sur l’Hérault.

Il va rejoindre Maud qui vit sur l’Aude.

Son parrain qui est sur le Rhin viendra pour le mariage.

Marcel pleure misère sur l’Isère.

Jean mange du pain rance sur la Rance.

Tandis que Maryse, elle, vit de ses rentes sur la Charente

Et qu’Isabelle est avare sur le Var.

Quelles vilaines 

Imaginons

26 février, 2015

« Les bonnes chansons évoquent. ‘Le port d’Amsterdam’ évoque la rustrerie de l’ambiance dans les bouges d’Amsterdam. ‘Les feuilles mortes, c’est la tristesse d’un paysage d’octobre. ‘Les comédiens’ de Charles Aznavour refait revivre l’existence d’une troupe d’acteurs à l’ancienne. »

« C’est la caractéristiques des bonnes chansons d’évoquer plutôt que de décrire. Ce sont d’ailleurs pour ça qu’elles traversent le temps. »

« Les poètes savent faire naître des images dans l’esprit de ceux qui les écoutent. On se demande d’ailleurs pourquoi on a inventé la télé. »

« C’est pour ceux dont l’imaginaire ne fonctionne pas. Il faut bien les nourrir d’images aussi. Donc, on leur propose du ‘tout fait ‘ »

« C’est pas comme ça qu’on va réparer leur imaginaire. »

« Non, mais c’est plus facile et puis ça rapporte gros. »

« En fait, il faudrait leur montrer des téléfilms qui ne se terminent pas. On couperait avant la fin et ce serait au téléspectateur de l’imaginer. Il pourrait aller se coucher en se posant des questions au lieu d’aller boire un coup. »

« Il faudrait qu’il y ait un concours avec de l’argent à gagner sinon votre truc ne marchera pas. Vous allez déclencher une révolte. »

« Si je comprends bien, on est condamné aux feuilletons américains dont tout le monde connait la fin dès le début, ce qui n’empêche pas qu’on doive avaler le feuilleton jusqu’à la scène finale ! C’est comme le canard, on ne lui demande pas d’être intelligent, on lui demande de se laisser gaver. »

« Oui, c’est à peu près ça. On peut dire la même chose des chansons. L’époque des chansons qui se contentaient d’évoquer est révolue. Il faut des chansons en anglais que personne ne comprend mais qui balancent bien quand même, ou alors des chants en langue régionale pour apporter une touche du terroir profond. Si on comprend les paroles, c’est ennuyeux car on est à la merci d’une allusion poétique. Pour les chansons en français, on a inventé le clip pour montrer à ce fainéant d’auditeur les images que la chanson est supposée évoquer. Comme ça, il n’a aucun effort à fournir. »

« Sur le plan culturel, vous êtes plutôt pessimiste. »

« Euh… oui. Les gens manquent d’imagination. Ce n’est pas tellement de leur faute. Tout se standardise. Par exemple, j’ai quasiment la même voiture que vous, sauf qu’elle ne s’appelle pas pareil. »

« Moi, je ne crois pas que nous manquions d’imagination. Le problème est d’apprendre à la faire fonctionner. Si j’avais le courage de lire le mode d’emploi de mon aspirateur, il fonctionnerait normalement. Donc je vais suivre votre conseil : je vais acheter un roman, le déchirer en deux, lire la première partie et essayer d’imaginer la fin. »

« Ce serait pas mal. Ensuite on pourrait comparer nos deux fins. »

« Le problème c’est qu’on ne pourra pas parler du roman pour briller dans les diners en ville puisqu’on aura lu que le début. »

« On pourra quand même parler de l’ambiance et puis, de toute façon, la plupart des gens ne lisent que la quatrième de couverture. Donc rien ne nous empêche de parler du roman avec la fin que nous aurons décidé de lui donner. »

Notre rubrique gastronomie.

25 février, 2015

Le Commissaire Magret est sur la piste

Il appartient au gratin de la police.

Certains daubent sur lui,

Mais ce n’est pas un empoté.

Il se rit des veaux, ces jeunes collègues

Qui lancent des « coups de filet » : ils sont mignons !

Il n’a sauté aucun indice.

Il retrouvera donc Blanquette,

La chèvre du père Parmentier.

Magret n’a pas l’habitude de faire du gachis.

Les suppléants

24 février, 2015

« Je vends des trucs qui vous facilite la vie. Avec moi, vous pouvez buller tranquillement, vous ne serez pas dérangé. »

« J’ai déjà tout ce qui me faut : le robot qui fait aspirateur, le robot qui fait mes jus de fruits, la machine à laver ceci ou cela, la machine à faire du pain, l’imprimante en 3 D… Bref une vraie usine automatique à moi tout seul ! »

« J’ai beaucoup mieux. J’ai en stock une engueulade de gamin de première classe. »

« Qu’est-ce que c’est ? »

« Imaginez la scène. Vous rentrez du boulot, exténué. Votre môme arrive la bouche en cœur avec un carnet scolaire à hurler. Mais vous êtes trop crevé pour lui asséner une diatribe sur la beauté de la valeur travail et de la nécessité de l’effort intellectuel intense dont il n’a jamais entendu parler. Alors vous signez en soupirant. C’est là que j’interviens. Vous m’adressez votre gamin et je l’engueule vertement. Tout y passe : ses notes désastreuses, son attitude calamiteuse, le travail, l’effort et le patriotisme pendant qu’on y est. En option, je fais un très joli couplet antidrogue. »

« Bon, en mettant les choses au mieux, il va vous écouter sans vous caillasser, mais après ? »

« C’est là que ma maison propose sa formule abonnement. Grâce à un procédé très perfectionné, nous lui envoyons toutes les 3 heures le même discours dans ses écouteurs. Sa musique de débile est interrompue et il est obligé d’écouter de nouveau. 150 euros, les trois mois. »

« Intéressant. »

« J’ai mieux. Vous avez de convictions religieuses. Vous ne savez pas si vous irez au paradis, mais ça vous arrangerait bien d’y aller en fin de parcours. Mais pour en arriver là, il faut être assidu aux messes du curé de la paroisse du dimanche matin. Problème : mettre le nez hors de la couette le dimanche matin est une épreuve insupportable pour vous. Aucun souci, nous vous remplaçons le temps qu’il faudra. »

« Mais le curé va se douter de quelque chose ! »

« Non, nous avons une attitude très recueillie et puis s’il vire tous les suppléants, il n’aura plus grand monde à son office de huit heures. 200 euros en été, 250 en hiver car l’église n’est pas chauffée. »

« C’est un peu odieux, mais au point où on en est. »

« Vous ne faites pas le remplacement du salarié ? »

« Si. Nous pouvons envoyer un salarié pour vous remplacer à votre bureau. Après… le tarif dépend du niveau souhaité. Si vous êtes remplacé par un abruti qui n’en fiche pas une rame, qui soutient la machine à café et les conversations des standardistes, vous pouvez vous en tirez par cent euros par mois. Par contre, pour une vedette qui vous fera remonter dans l’estime de vos supérieurs, c’est six cent euros. Mais à ce prix à, vous pouvez envisager une promotion dans les plus brefs délais. »

« Je suppose que vous avez beaucoup de clients ? »

« Pour la formule ‘abruti ‘, oui. Vous avez sûrement remarqué qu’ils sont nombreux dans les couloirs. C’est très fréquent. En ce moment, nous avons une très belle promotion sur le lèche-bottes complètement incompétent. Mais il faut vous presser, il n’y en aura pas pour tout le monde. C’est 200 euros par mois. Renouvellement par tacite reconduction. »

C’est le bouquet !

23 février, 2015

Mon aïeul vendait des glaïeuls

Et des cyclamens en disant amen.

Ma mère jeunait au milieu des genêts

Où mon père lui apportait des colchiques avec chic.

Ma tante du Lavandou aime la lavande.

Mon oncle lit là, devant son lilas.

Ma cousine est une sainte qui cultive des jacinthes

Ainsi que sa mélancolie quand elle s’occupe de ses ancolies.

Mon cousin, au milieu des campanules, est complètement nul.

Il rêve de prendre une revanche en cueillant des pervenches

Il faut gêner

22 février, 2015

« J’espère que je vous gêne. »

« Comment ça ? Vous voulez dire : j’espère que je ne vous gêne pas ! »

« Non pas du tout, mon objectif est bien de vous gêner pour que vous vous rendiez compte de mon existence. Je suis comme une grève de cheminots. Si les grèves de la SNCF ne dérangent personnes, ce ne sont plus des grèves. »

« Bon, d’accord, vous me gênez et je constate avec regret votre existence. Maintenant, vous pourriez pousser un peu votre serviette de bains. Il y a assez de place sur la plage. Pendant qu’on y est, vous pourriez vous aussi prendre en considération ma présence matérielle en considération. »

« Euh… bin, non ! Je ne peux pas me bouger. Vous me le demandez gentiment, c’est insupportable, il faudrait que le ton monte, que nous ayons une petite altercation pour des vétilles. Si nous parlons raisonnablement, c’est comme si vous sous-estimiez mon pouvoir de nuisance. Gêner, c’est le premier niveau, mais nuire, c’est encore mieux. »

« Je pourrais aussi vous casser la figure. »

« Je n’osais pas vous en demander autant. Là, nous atteignons le troisième niveau de ma stratégie de reconnaissance existentielle. Si on pouvait faire intervenir la police, ça ferait une histoire glauque à n’en plus finir. Je pourrais faire étalage de mes rancœurs et prendre tout le commissariat à partie.  »

« Euh… je suis désolé, mais là, je suis un petit peu en vacances. »

« Et alors ? Quand on est en vacances, on a le temps d’être encore plus crétin que pendant les onze autres mois de l’année. Ce serait généreux de votre part. « 

« Ce n’est pas une question de crétinerie. J’aime bien être tranquille sur la plage, c‘est tout. Sans avoir affaire à un débile mental.»

« Ecoutez, je vais faire un effort. Nous pourrions prendre rendez-vous pour la rentrée. Je vous gênerai et vous pourriez me répondre agressivement, en étant beaucoup plus tranquille. Le seul problème, c’est de savoir comment je peux vous gêner. »

« J’ai une meilleure idée, vous pourriez gêner mon voisin Dugenou. Il se croit martyrisé dès que je mets un peu de musique classique chez moi, le dimanche matin. Il est très susceptible. Il pourra très facilement prendre en compte votre existence. Le troisième niveau ne lui fera pas peur. Il vous cassera la figure sans problème et avec efficacité. D’autant plus qu’il est d’une constitution plus forte que la vôtre. »

« Ce serait très aimable de sa part. Vous pourriez alors intervenir dans la bagarre pour me sauver de ses griffes. Je serai encore plus conscient de ma valeur puisque quelqu’un se serait préoccuper de me sortir des griffes de ce malotru. »

« Euh… pendant qu’on y est, ça ne vous gênerait pas gêner Mollard, mon voisin de bureau ? En le poussant à bout, je pense que vous pourriez obtenir une très belle inculpation pour coups et blessures. Vous auriez un procès en bonne et due forme. Tout le monde parlerait de vous et moi, je serai débarrassé de Mollard pendant un certain temps. »

« Là je dois dire que vous me gâtez ! »

« C’est parfait. Garez- vous sur sa place de parking, il a horreur de ça. Je vous dénonce. Et le reste ne devrait pas poser de problèmes. »

Nos mauvais poèmes

21 février, 2015

Il lit Ponson du Terrail

Assis dans l’auto rail

Qui court sur le rail.

De sa poche, il sort un peu de mitraille

Pour aller à la graille.

Puis il braille

Car il n’est pas dans un train corail

Pas de restaurant pour satisfaire ses entrailles !

Les autres voyageurs le raillent

Un homme et une femme

20 février, 2015

Gina est sage-femme.

Ce n’est pas une femme-objet.

C’est l’ex-femme de Paul.

Paul s’est conduit en gentilhomme.

Il a tout fait pour lui plaire : homme-sandwich

Puis homme-grenouille.

Aujourd’hui, il est homme-araignée

Dans les tours de Notre-Dame.

Bizarreries de la langue

19 février, 2015

« Un privilège exorbitant. C’est curieux comme expression. On a l’impression qu’il y a les privilégiés qui bénéficient d’un avantage. Et parmi les privilégiés, il y ceux qui ont un super-privilège. »

« Oui. Les expressions sont pleines de pièges. Si je dis un lourd fardeau, je fais implicitement référence à un fardeau qui serait léger, auquel cas ce n’est plus un fardeau puisque le mot désigne en lui-même un poids difficile à porter. »

« Et un ‘tyran cruel’, qu’est-ce que vous en pensez ? Peut-il exister un tyran qui ne serait pas cruel ? Le seul fait d’exercer une tyrannie sur autrui est d’une grande cruauté. »

« J’aime bien aussi ‘une cérémonie en grandes pompes’. Je verrais assez mal une cérémonie en petites pompes ou en pompes, tout court. En fait le contraire de ‘cérémonie en grandes pompes’, c’est ‘cérémonie intime’. »

« Autrement dit, le contraire d’un mot, peut ne pas être son contraire lorsqu’il accompagne un autre mot. Etonnant ! »

« Et qu’est-ce que vous pensez de ‘fausse promesse’ ? Peut-on dire une ‘vraie promesse’ ? Non, bien sûr. On ne devrait même pas dire ‘fausse’. A posteriori, une promesse est tenue ou non. Dire qu’elle est fausse, c’est sous-entendre que son contenu est erroné, auquel cas on a plutôt bien fait de ne pas la tenir. Au moment où la promesse est émise, elle n’est ni vraie, ni fausse. Elle existe tout simplement. »

« Et quand je vous envoie ‘mes sentiments distingués’, est-ce que ça veut dire que je pourrais vous expédier mes sentiments les plus vulgaires. Bien sûr que non. D’ailleurs, je ne vois pas en quoi un sentiment peut être distingué. »

« Et lorsqu’on dit à un brigand qu’il est ‘cerné de toutes parts’. On pourrait économiser la moitié de la phrase, on ne va tout de même pas lui dire qu’il est partiellement cerné. Autant lui donner les clés de la sortie. »

« Autre curiosité : si vous rencontrez un monstre sur votre route, vous pensez que c’est une horreur. Par contre, si vous avez un succès monstre dans vos entreprises, vous êtes très content. Curieux, non ? »

« Beaucoup d’autres bizarreries existent. Par exemple, si je vous parle de mes ‘bonnes œuvres’, vous me direz surement que je ne peux pas avoir ‘ des mauvaises œuvres ‘.  Ou alors, je ne suis pas quelqu’un de recommandable.»

« C’est exact. On peut aussi évoquer l’inverse. Vous pouvez vous faire du ‘mauvais sang’, mais pas du ‘bon sang’. D’autant que l’interjection ‘bon sang’ annonce plutôt une inquiétude qu’une situation favorable. »

« Méfions-nous du vocabulaire. ‘Des odeur suspectes’, c’est suspect, si j’ose dire. On ne peut pas soupçonner une odeur, par contre on peut soupçonner qu’elles émanent de quelqu’un ou de quelque chose. Une fois que ce quelqu’un ou quelque chose est identifié, il n’y a plus rien de suspect. »

« Je ne vous parle pas de tous pléonasmes qu’on peut émettre en une journée. Comme tous les gens qui ‘monte en haut’ ou lors qui évoquent des ‘perspectives d’avenir’ »

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