Archive pour janvier, 2015

En haut, en bas

21 janvier, 2015

Jules habite dans le Bas-Rhin

Où il élève une basse-cour.

Il a gagné le concours agricole haut-la-main

Le haut-parleur a annoncé sa victoire.

Il n’a plus mal au bas-ventre.

Il a mis son haut-de-forme

Pour informer son frère, haut-placé au Ministère.

Bas-les-masques !

Jules ne connaitra plus de hauts et de bas.

Vive l’ennui

20 janvier, 2015

« Je suis ennuyeux comme un bonnet de nuit. Ou alors comme une porte de prison, comme vous voulez. »

« Et vous vous en vantez ? Vous ne devez pas avoir beaucoup d’amis. »

« Non, mais je m’en fous. Si vos amis sont vos amis pour que vous leur racontiez de bonnes blagues, je vous plains. Moi, je n’ai rien à dire. Etre rigolo n’est pas une raison de vivre. »

« Bon, même si vous ne connaissez pas de blagues, vous pourriez avoir une activité qui intéresse les autres. Je ne sais pas : sculpture sur bois, patin à glace, apprendre le serbo-croate… Enfin quelque chose qui donne envie de vous parler. »

« Non, c’est pas possible. Les choses trop originales me déstabilisent. En plus, je dois avoir un emploi du temps très rigide. Le lundi, je mange du poisson… »

« D’habitude, c’est le vendredi… »

« Voilà, ça commence, vous cherchez à changer mes habitudes. »

« C’est effectivement pathologique. Vous devez vous ennuyer vous-même ? »

« Oui, mais j’aime bien. Je n’ai pas la moindre envie de me surprendre, ça pourrait me rendre malade. Aussi faut-il que ma journée soit bien programmée et qu’elle ressemble à la précédente. C’est comme ça depuis quarante ans. »

« Vos vêtements sont sans fantaisie. Vous les usez jusqu’à la corde. Votre pull est troué. Il ne reste qu’un petit peu de pull autour des trous. »

« Et alors ? Il m’accompagne depuis mon adolescence. C’est comme une seconde peau. Je ne vais tout de même pas prendre le risque d’en acheter un autre qui me donnera l’impression d’être prisonnier de la peau d’un autre. »

« Et sur votre tablette, le peigne et le dentifrice sont toujours à la même place. Vous êtes ennuyeux même dans votre salle de bains. Et en plus complètement maniaque. »

« Pas du tout, je suis très pratique. Mon peigne et mon dentifrice me tombent automatiquement sous la main tandis que vous, les matins où vous n’êtes pas très réveillé, vous vous énervez tout de suite en cherchant vos affaires. Voilà l’avantage d’être ennuyeux. »

« Vous ne sortez jamais de chez vous… »

« Et alors ? J’ai mis quarante ans pour acheter mon appart’. Ce n’est pas pour foutre le camp à la première occasion. »

« Vous pourriez aller au ciné… »

« Pour côtoyer des gens qui risquent de me parler sans savoir que je suis ennuyeux ? Aucun intérêt, les films passent sur le câble au bout de six mois. Je peux les voir tranquillement dans mon fauteuil sans avoir à me déplacer et à faire semblant d’être intéressant. »

« Vous n’êtes pas intéressant, vous êtes désespérant. »

« J’espère bien, ça m’évite d’avoir à faire des efforts. Mon problème, ce n’est pas d’intéresser les autres, c’est de vivre sans stress inutile. Je n’ai pas à me faire du souci pour savoir comment épater les autres. Ni à faire comme s’ils m’épataient pour leur faire plaisir. »

Il faut

19 janvier, 2015

A vrai dire,

Il est vraisemblable

Qu’il s’est faufilé

Et qu’il a fauché

Une faux

C’est vraiment

Une faute

Qui le met en porte-à-faux !

Se bouger

18 janvier, 2015

« Au début, l’homme se déplaçait en hordes de lieux en lieux pour trouver sa pitance et des abris contre les intempéries. C’était une question de survie. »

« Puis, il a trouvé plus pratique et moins fatigant de se sédentariser et de cultiver sa terre pour se nourrir. Du coup, il restait dans son  village de naissance toute sa vie, sauf quand il était enlevé par des troupes de brigands ou enrôler dans les armées du Roi. »

« Aujourd’hui, l’homme se déplace de nouveau. Il n’est plus enlevé par des brigands, mais par les nécessités de sa profession. Il doit se montrer souple dans son entreprise et déménager d’un bout à l’autre de la France ou de l’Europe, si la loi du marché l’exige. Ce n’est plus une question de survie, c’est une question de survie professionnelle. »

« Mais il n’est pas question de dire qu’il s’agit d’un retour à l’époque préhistorique. Neandertal et consorts n’avaient pas d’autre but que de manger et de nourrir. Heureusement, aujourd’hui, l’être humain a des exigences culturelles plus élevées. La mutation professionnelle est considérée – comme ça se trouve – comme l’occasion d’accroitre ses connaissances et d’enrichir son potentiel humain. »

« Après une période de sédentarisation, l’homme a compris qu’il doit se bouger pour s’adapter à son environnement, lequel dicte le sens de son déplacement et fournit au déplacé de bonnes raisons de croire au bienfait de son déplacement. »

« En résumé, avoir envie de rester chez soi, là où on est allez à l’école, à la messe, au bal est caractéristique d’un inadapté social, voire d’un attardé mental capable de faire passer l’affection qu’il porte à sa terre natale avant l’impérieuse nécessité de s’adapter à la mondialisation des échanges. »

« Oui, en gros, c’est ça. Vous êtes un inadapté social et un attardé mental. »

« Mais j’y pense…. Vous aussi ! »

« Non, car moi, j’ai passé mes dernières vacances sur le route de Samarkand en Ouzbekistan. Lorsque vous voyagez pendant vos congés, vous marquez aussi votre intérêt pour autrui et votre volonté de vous adapter au monde. C’est bien considéré par les autres. Un peu moins que d’accepter une mutation en Sibérie, mais un peu tout de même… »

« Bon d’accord, vos voyages révèlent une belle ouverture d’esprit à d’autres civilisations. Sauf qu’il ne faudrait pas reconstituer à l’autre bout du monde le confort dont vous bénéficiez chez vous. D’après les cartes postales que vous m’avez envoyées de Java, vous vous l’êtes coulé douce dans votre hôtel cinq étoiles, entouré de jolies femmes. »

« Evidemment ! Moi, je veux bien voyager dans des pays inconnus, mais je ne veux pas retourner aux temps d’avant où il fallait se tailler un chemin à coups de machette dans la forêt vierge, avec le risque constant de se faire mettre en pièce par une bête féroce. Vive la mondialisation, mais restons vivants, en bonne santé et tout ira bien… »

« Bon d’accord, mais au village, tout de même… vous ne trouvez pas que la vie est douce, moins difficile qu’en Ouzbékistan ou en Indonésie. »

« Euh… peut-être, mais je vous fais remarquer que  non seulement vous n’êtes pas un esprit très ouvert, mais qu’en plus vous ne participez pas beaucoup au développement économique, ni au financement de l’industrie touristique des pays qui en ont besoin. Ne vous sentez-vous pas un peu responsable de la faim dans le monde ou même du terrorisme dans certains pays ? »

« Euh… et vous ? Que pensez de votre terrorisme intellectuel ? »

Moyen-Âge

17 janvier, 2015

Il pleut des hallebardes.

Mais le commissaire est parti sur les traces de la meurtrière.

Il n’est pas resté dans sa tour d’ivoire.

Il est parti en croisade contre la violence.

Il n’est pas du genre à bâtir des châteaux en Espagne.

Ni à passer les problèmes aux oubliettes.

Il est donc monté au créneau

Pour faire rempart de son corps

A tous les vilains de la Terre.

Il faut voir

16 janvier, 2015

Georges est un homme de devoir

Qui a des avoirs

Il sait où est son devoir.

Il a l’habitude de prévoir

Les moments où il va pleuvoir

Pour remplir son réservoir

Qui alimente le lavoir.

Il faut le savoir.

 

Un drôle de numéro

15 janvier, 2015

« Vous connaissez votre numéro de Sécu ? Non… Vous devriez. Moi, c’est 1462851475396. »

« Vous en êtes content ? »

« Très. Finalement, c’est le seul critère qui me distingue vraiment des autres. Il est inviolable. Si on rangeait en file indienne les français selon leur numéro de Sécu, j’aurais ma place à coup sûr. C’est la marque indélébile de mon existence. »

« Oui, mais il y a peut-être d’autres moyens de se faire remarquer. »

« Peut-être, mais celui-ci est éternel. Avez-vous songé qu’après votre mort, plus personne ne pourra porter votre numéro de Sécu puisqu’il contient votre date de naissance et votre numéro d’arrivée à l’état-civil. »

« Je ne suis pas très sûr d’en avoir besoin après mon décès. Au Paradis, personne ne gère les fichiers des nouveaux arrivants. »

« Rien n’est sûr. Vous devriez quand même le mémoriser au cas où… »

« Mais nous avons aussi le numéro de téléphone qui nous caractérise ou bien le numéro minéralogique de la voiture. »

« Euh…. jusqu’au jour où on vous vole votre portable ou votre voiture. Non seulement vous n’avez plus de téléphone ou de bagnole, mais vous n’avez plus de numéro. Essayez donc de me voler mon numéro de Sécu… »

« D’accord, mais enfin, je peux me définir autrement que par mon numéro de Sécu. Par exemple par mon ADN ou mes empreintes digitales. »

« Vous aurez du mal à apprendre par cœur vos empreintes digitales tandis que le numéro de Sécu vous pouvez vous le réciter. Vous savez continuellement qui vous êtes exactement. »

« Mais enfin, j’ai des qualités physiques et intellectuelles qui me distinguent, c’est plus intéressant que le numéro de Sécu. »

« Ce n’est pas sûr. Sur 65 millions de français, il y a sûrement quelqu’un qui vous ressemble de très près sur le plan physique et intellectuel. Moi, ça me dérange. J’ai passé beaucoup de temps à forger ma personnalité. Si je rencontrais mon double, j’en serais mortifié. Heureusement, nous pourrions échanger nos numéros de Sécu. »

« Vous êtes curieux. »

« Si on pousse le raisonnement… Imaginez un peu qu’avec cette société qui standardise tout, nous soyons tous pareils un jour. « 

« Ce serait la fin, on ne pourrait plus rivaliser, se battre, se jalouser, s’aimer pour ce que nous ne sommes pas. Bref, on ne pourrait plus se définir.  Sans compter qu’on aurait tous les mêmes opinions politiques… Et puis, à la fin des fins, on pourrait fabriquer le modèle unique d’individu à la chaine en se passant de la procréation naturelle. »

« Exactement, c’est pour ça qu’il faut vénérer notre numéro de Sécu. Quand nous serons tous pareils, la Sécu et l’Etat seront quand même bien obligés de nous distinguer encore. »

« Vous avez raison, je vais l’apprendre par cœur. Quand j’aurais réussi à me souvenir de mon code de carte bancaire, de mon numéro de digicode, du numéro de portable de ma gamine, de l’âge de ma belle-mère et du mot de passe de mon PC. »

Crack !

14 janvier, 2015

C’est un casseur

Qui a fait un casse

Qui n’a pas cassé trois attes à un canard.

Il aime danser le ballet de casse-noisettes

Après avoir pris un bon casse-croûte.

C’est un casse-cou

Qui ne se casse pas la tête.

Il n’a pas envie d’aller au casse-pipe.

Un amoureux de Lucienne

13 janvier, 2015

« Je n’ose pas déclarer ma flamme à Lucienne. »

« Il faudrait. On ne sait jamais, ça peut marcher. Mieux vaudrait en avoir le cœur net, plutôt que rester dans l’incertitude. Vous vous rendez malheureux. »

« Je serai malheureux de toute façon. Elle n’a pas l’air de s’intéresser à moi, je ne décèle pas une petite lueur joyeuse dans son regard lorsqu’elle pose les yeux sur moi. Quand je ne suis pas là, elle ne s’inquiète pas du tout de mon absence. »

« Effectivement, c’est mal barré. Mais vous devriez quand même lui faire part de votre penchant pour sa personne. Peut-être n’a-t-elle pas vraiment prêté attention à la vôtre. »

« Si je le fais, je vais être doublement malheureux. D’abord parce qu’elle va me dire que je suis bien sympa mais qu’elle n’envisage pas de relation sentimentale avec moi. Ensuite parce qu’après ça, je ne saurai plus comment la regarder. D’autant plus qu’elle m’aura proposé de rester ami avec elle. »

« Oui, mais si vous ne lui dites rien, vous allez être malheureux aussi. D’abord parce qu’elle ne continuera à ne pas prêter attention à vous, ensuite parce que vous allez vous en vouloir à vous-même de ne pas oser lui avouer vos sentiments. »

« Si je comprends bien, j’ai le choix entre être doublement malheureux et doublement malheureux. C’est très gai comme histoire. »

« Et encore vous n’avez rien vu. Non seulement vous êtes malheureux parce qu’elle ne semble pas être intéressée et parce que vous vous trouvez ridicule de ne pas essayer de l’approcher, mais en plus vous vous sentez frustré en vous disant que vous vous faites peut-être des idées, qu’elle est peut-être très intéressée et qu’en ne tentant pas votre chance, vous allez passer à côté de la femme de votre vie. »

« Donc d’après vous, il faut que j’essaie. D’accord, mais il me faut une solution de secours pour ne pas perdre la face en cas d’échec. »

« Euh… non. De toute façon, dans ce genre de situation, vous perdrez la fille. Et la face. C’est double punition. C’est comme ça. Contrairement à l’opinion répandue, ce sont les femmes qui mènent le grand bal de la Séduction.  Et elles ne le savent pas, mais elles sont très cruelles. Votre problème, ce sera de vous en remettre. »

« C’est compliqué, je n’envisage pas la vie sans elle. Je n’envisage pas de me mettre en couple avec la première femme qui voudra bien se contenter des restes. »

« Allons, allons ! Vous n’êtes pas prêt aujourd’hui, mais il y a sûrement une autre Lucienne qui vous attend quelque part. »

« Vous n’avez pas son adresse ?»

« Euh… c’était une façon métaphorique de m’exprimer. En fait, dites-vous que ce n’est pas Lucienne que vous aimez, mais l’idée que vous vous faites de la compagne parfaite, idée que vous avez envie de personnifier et c’est tombé sur cette pauvre Lucienne qui ne vous a rien demandé. »

« Bon, si je comprends bien, le mieux serait de lui dire que je ne l’aime pas, mais par contre que j’aime sa façon de me donner l’image de ce que mon cerveau confus imagine être la femme parfaite. »

« C’est un peu compliqué, mais ça pourrait peut-être vous permettre de sauver la face. Si vous vous ramassez un râteau, ce ne sera pas de votre faute, mais celle de votre esprit qui vous fabrique des images inaccessibles. »

Va bene !

12 janvier, 2015

Jean travaillait chez Mercédès-Benz

Il a épousé une cubaine

Couleur de l’ébène

Qu’il a trouvé dans une benne

Dans une zone urbaine.

Quelle aubaine !

Ils n’étaient pas des béni-oui-oui.

Ils achetaient des produits sans parbène.

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