Archive pour le 8 janvier, 2015

Tout va bien ?

8 janvier, 2015

 

« Comment ça, tout va bien ? Vous ne voyez pas que l’Education Nationale part en quenouille, l’économie est en berne, on suffoque sous la pollution, la corruption gangrène nos politiciens et ma belle-mère vient diner dimanche. Ça vous convient ? »

« Vous mangez à votre faim, vous travaillez trente-cinq heures, vous partez en vacances de temps en temps, vous allez vous payer du bon temps à Noel, vous échappez aux inondations, vos gamins ne sont pas plus mal élevés que les autres et vous n’êtes pas en guerre. » 

« J’ai besoin de plus. Un grand projet qui me fasse rêver. Il faut me dire où on va. Quelle société pour demain ? Est-ce qu’il va y avoir du travail et du pain tout le monde ? N’allons-nous pas vers un déferlement de la violence dans le monde ? Faudra-t-il subir les conséquences du réchauffement climatique ? »

« Euh… on n’a encore rien de tout ça. A force d’avoir peur de tout, nous n’allons pas nous préparer à affronter des dangers qui sont d’ailleurs éventuels. Un peu d’optimisme, que diable ! Nous avons des prix Nobel, l’équipe de foot ne va pas trop mal, vos gamins ne sont pas géniaux mais enfin ils s’en tirent à l’école, votre femme ne s’est pas encore tirée…. Alors, vous avez peur de quoi ?… »

« Je n’ai pas peur, mais je ne suis quand même plus dans le coup si je ne dis pas que le pays va de mal en pis. La France perd de son rayonnement international. Nos élites ne paient pas leurs impôts. La dette augmente. Les marchés financiers imposent leurs lois. Et vous vous êtes content ! »

« Si vous faisiez quelque chose de constructif au lieu d’écouter tous ceux qui vous disent que tout va mal. Je ne sais pas moi…. Allez à la pêche, faites de la poterie, créer votre entreprise, construisez une cabane pour vos gamins, vous vous sentirez mieux… Quand on ne fait rien de ses dix doigts, on déprime et on trouve que tout va mal. »

« Moi, le soir je rentre fourbu du boulot, alors si vous croyez que je vais jouer avec mes gamins ou créer mon entreprise. C’est un luxe…  »

« Ah, nous y voilà ! Vous êtes asphyxié par le travail, vous êtes content d’en avoir un et comme ça vous fatigue, vous ne pouvez plus réaliser vos envies à côté, vos rêves de jeunesse s’envolent en fumée… Donc vous êtes un terreau idéal pour les gens qui vous racontent que tout va mal. »

« Vous faites le malin, mais une fois que vous avez fait de la poterie ou monté une cabane pour vos gamins, vous êtes bien avancé, vous ? »

« Je connais un moment de satisfaction, en attendant le suivant. Le mal de notre époque, c’est que la créativité de chacun est bridée. Au boulot, il faut obéir au chef, à la maison il faut s’adapter aux conventions sociales et familiales. Le problème, c’est qu’il n’y a plus moyen de déconner un peu. »

« Ah bon, vous avez envie de déconner, ça va être beau ! »

« Oui, il faut s’éclater mais de manière constructive : la musique, le bricolage, le sport… Si on ne peut plus s’éclater intelligemment, ça se termine mal : l’alcool, la drogue, le vote extrémiste, la déprime… et on finit par bouquiner des livres déprimants sur la fin du pays. »

« Vous avez raison, je vais relire les Trois mousquetaires ! »