Archive pour décembre, 2014

De l’art, encore de l’art

31 décembre, 2014

En une heure et quart,

Je te narre une histoire

Qui s’est passé dans la Sarre

A moins que ce ne soit dans le Var.

Une centenaire aimait le lard

Et l’art.

Aussi tard,

Ce n’est pas une tare.

Bien qu’à son âge, ce soit rare.

Elle rencontra un chef de gare

Qui piqua un fard

Et lui offrit une jarre

Pour laquelle, il avait versé des arrhes.

Il l’épousa dare-dare.

Malheureusement, il n’était pas un tsar.

POur une culture de l’inutilité

30 décembre, 2014

« Dans le temps, on savait faire des choses inutiles. Le service militaire par exemple. On rigolait dans les chambrées comme des imbéciles. On rampait dans la boue sous les ordres de l’adjudant Martin. On ratissait les feuilles mortes que le vent s’empressait de disperser dans la cour. Et puis, dès qu’on pouvait, on allait s’enivrer au bistrot du coin. Bref, la grande vie quoi ! »

« C’était avant. Maintenant, il faut faire des choses utiles. Aller aider dans les hôpitaux, les maisons de retraite, les écoles…. C’est quand même plus instructif… »

« C’est comme le latin. Pourquoi on n’apprend plus le latin dans les lycées ? Je me souviens des longues après-midi à ânonner les catilinaires ou les textes de Virgile auxquels je ne comprenais rien. C’était indigeste, aride et une initiation à l’inutilité. C’est finalement très formateur : ça formait les jeunes à l’idée qu’on ne fait pas toujours des choses marrantes dans la vie, et qu’il faut aussi se coltiner des corvées dont le sens vous échappe complètement. »

« Euh quand même, vous êtes bien content de faire étalage de votre culture maintenant… »

« Certes, mais quand je cite Virgile ou Salluste, il y a comme un blanc dans l’assistance. Personne ne connait et le résultat, c’est que je passe pour un demeuré… »

«Euh… vous en avez d’autres ? »

« Oui… Pourquoi, on a supprimé les queues aux guichets de la Sécu ou de la Poste ? On avait le temps de papoter avec les voisins, de dire des méchancetés sur les uns et les autres, de pester contre les fonctionnaires, ça aussi c’était la vie… Maintenant, allez donc papoter avec votre ordinateur ! »

« Si je comprends bien, la vie pour vous, c’est tout ce qui fait perdre du temps ou alors tout ce qui est parfaitement inutile. »

« Absolument, le reste m’ennuie terriblement. Par exemple, pourquoi ne va-t-on plus à la messe ? Hein ? Par manque de religiosité certes, mais aussi parce qu’on ne va plus au bistrot après la cérémonie, ou alors qu’on ne passe plus à la pâtisserie, vu qu’elle a fermé comme tous les petits commerces, pour aller chercher le gâteau du dimanche qu’on rapportait dans un carton blanc entourée d’une petite ficelle. »

« Effectivement, c’est ennuyeux. »

« Je ne vous parle pas des heures qu’on pouvait passer au téléphone à bavarder au lieu de bosser. C’était d’une inefficacité incroyable, mais on se sentait en collectivité. Aujourd’hui essayez donc de papoter avec une plate-forme téléphonique. »

« C’est vrai que la plupart du temps, votre communication ne débouche même pas sur un être humain. »

« C’est ça ! C’est l’humain qui faisait perdre agréablement du temps tout en faisant gagner du lien social ! Quand on avait perdu son chemin en voiture, on pouvait demander sa route à un autochtone qui nous renseignait à grand renfort de gestes. C’était une manière de s’intégrer à la population. Maintenant avec votre GPS, il est interdit de se perdre en route. »

« Vous avez raison. Il n’est même plus possible de demander l’heure à un passant dans la rue. Vous avez des horloges de partout sous les yeux… Sur votre téléphone, sur votre portable, dans votre voiture… »

« Et puis vous ne pouvez plus parler avec votre voisin de bureau puisque vous n’avez qu’à lui envoyer un mail. Heureusement, il reste la photocopieuse ou la machine à café autour de laquelle on peut encore dire n’importe quoi tranquillement. Pourvu qu’ils n’inventent pas le robot qui vous apportera votre café dans votre bureau ! »

« Trop tard ! »

Histoire loufoque

29 décembre, 2014

Les Dieux ont fait un caprice, le caprice des Dieux.

Ils ont baptisé un décédé, ce fut le baptême du feu.

Puis ils organisèrent un tournoi de lutte jusqu’à la finale, ce fut la lutte finale.

Après, un chanteur de charme le rompit.

Il avait l’air d’un volatile avec des pattes, comme un coq en pattes.

C’était un sportif, mais il était un personnage compliqué, un complexe sportif.

Les Dieux le libérèrent en le poussant de la scène. Il connut une chute libre.

La salle fut soudain plongée dans le noir car ils n’avaient pas économisé des bouts de chandelles.

Vitesse, mobilité et changement

28 décembre, 2014

« C’est comme ça. Maintenant, il faut aller vite, très vite. Les jeunes parlent à toute allure. Je ne comprends rien, ils mangent ou abrègent les mots, ça n’a pas d’importance. L’essentiel  est d’arriver le plus rapidement possible au bout de la phrase. »

« La vitesse est valorisée excessivement. Par exemple, les voitures peuvent rouler jusqu’à des vitesses incroyables. »

« En fait, elles ne sont pas achetées pour leur performance maximale puisque, de toute façon, il est interdit de dépasser le 130. Elles attirent plutôt par la vitesse qu’elles pourraient potentiellement atteindre. »

« La rapidité, c’est aussi ce qui fait le succès du fast-food ou de déjeuner-sandwich. Prendre une demi-heure pour se restaurer tranquillement est très mal vu dans les entreprises. »

« Je crois que ce n’est pas la vitesse qui est bien vue, c’est le fait de rester à la même place qui est mal noté par la société parce que ça coûte cher. Prenons l’exemple les embouteillages de voitures. Vous êtes assis bien tranquillement à votre volant en croyant que vous n’embêtez personne. Erreur ! Tout ça coûte des milliards à la société ! En d’autres termes, elle vous interdit d’aller trop vite en voiture, mais rester sur place, ce n’est pas bien non plus. Vous devez être mobile. »

« Pour le resto, c’est pareil. Il faut aller au resto pour soutenir le commerce, mais il ne faut pas s’éterniser à table pour ne pas encombrer inutilement la place qui pourrait être occupée par un autre consommateur. »

« Ne m’en parlez pas. A l’hôpital, c’est le même problème. Ils n’ont qu’une hâte, c’est de vous voir libérer le lit. Il ne faut pas dire trop vite que vous vous sentez mieux, sinon… Hop ! Dehors. »

« C’est comme ça. Il y a une injonction généralisée à être mobile. Si vous avez envie de passer tranquillement vos congés chez vous, vous êtes un vieux crouton ou alors un vieil ours ou bien un type complètement ringard qui n’est pas ouvert aux beautés du monde. »

« Si je comprends bien, ce qui ennuie les autres, c’est mon immobilité. »

« Oui, votre enveloppe corporelle n’a d’intérêt qu’en mouvement. C’est pour ça que l’Education Nationale va supprimer le redoublement à l’école. Vous vous rendez compte : votre gamin deux ans de suite à la même place ? Près du radiateur ? »

« En entreprise, c’est encore pire. Rester plusieurs années au même poste de travail est une atteinte à la production nationale. Ça s’appelle la souplesse de la main d’œuvre. »

« Il faudrait travailler à un éloge de l’immobilité. »

« Ce n’est pas si facile que ça de ne pas bouger. On peut même arriver à s’ennuyer. »

« Encore une contradiction fondamentale. L’homme aime bien ses habitudes, mais il veut bouger de temps en temps. Ou alors il y est poussé par la pression sociale et invité à faire comme s’il aimait le mouvement. »

« Bon, alors comment on s’en sort ? »

« On ne s’en sort pas. Ces contradictions dégénèrent forcément. Quand tout le monde se déplace, ce sont des embouteillages sur l’autoroute. Lorsque tout le monde change ou est changé d’emploi, c’est l’embouteillage à Pôle Emploi. Autrement trop de mobilité aboutit à l’immobilité. »

« Oui et si vous changez trop souvent de téléviseur ou de voitures ou de téléphone portable, vos vieux instruments encombrent les déchetteries. Les ressources naturelles s’épuisent pour suivre la demande. Et à la fin, Le Monde s’arrête. Ce sera l’immobilité absolue et éternelle. »

Notre bulletin météo

27 décembre, 2014

A chaud, je dirais

Que Charles, n’est pas un chaud lapin

Ni un pisse-froid.

Il a du sang-froid

Il ne pleure jamais à chaudes larmes.

Lorsqu’il se pèle de froid

Il achète un chien-chaud

Dans un quartier chaud.

Où personne ne fait des gorges chaudes.

Nos mauvais poèmes

26 décembre, 2014

Balthazar

Ne s’est pas perdu dans le blizzard.

Ce n’est pas un hasard.

Il n’est pas un type bizarre.

Il a fait les Beaux-Arts

Où il a joué du Mozart.

Maintenant, il tient un bazar

Où il vend des falzars.

Avec lui, pas de lézards.

Je m’excuse

25 décembre, 2014

« Vous avez remarqué : il y a beaucoup de personnes qui passent leur temps à s’excuser ou à dire qu’elles sont désolées après vous avoir dit quelque chose qui vous contrarie, tout en sachant très bien qu’ils vous contrarient. »

« Oui, moi je ne m’excuse pas. Ce n’est pas la peine, c’est même assez hypocrite. Si j’ai envie de vous contrarier, je ne vous pas de quoi je m’excuserai.»

« La plupart du temps, ils s’excusent de dire des choses blessantes. Dans notre civilisation, il n’est pas très bien vu d’agresser les autres.

« Si ça les gêne, ils n’ont qu’à ne pas agresser les autres. »

« Le problème, c’est que ça les contrarie d’agresser, mais que dans la même seconde, ils ressentent la satisfaction quasi-érotique de s’imposer face à leur interlocuteur. En quelque sorte, ils s’excusent du plaisir qu’ils ont pris en lui disant ses quatre vérités. »

« Nous revoilà sur des principes judéo-chrétiens. Il est mal de faire de la peine aux autres. Il est mal d’y prendre du plaisir. Alors, on s’excuse de tout… Euh… mais j’y pense : en général, il manque une pénitence. »

« Sauf si vous êtes rongé par le remords. C’est le cas des gens qui, après vous avoir dit que vous n’êtes qu’un nullard, vous sortent qu’ils sont désolés. Ils sont désolés de vous avoir insultés, désolé d’avoir pris du plaisir, désolé de tout…  »

« En fait, ils ne sont pas désolés, ils sont soulagés. Soulagés parce qu’ils ont assouvi l’envie de vous insulté, soulagés parce qu’ils se sont excusés, soulagés parce que vous ne leur avez pas cassé la figure… soulagés, quoi. Finalement, je ne vous aime pas. Je ne m’en excuse absolument pas. D’abord parce que je ne suis pas sûr que ça vous fasse de la peine et ensuite parce que, si ça vous fait de la peine, ça ne me dérange pas beaucoup puisque je ne vous aime pas. »

« Mais je pourrais vous faire remarquer que vous n’êtes pas un bon chrétien, puisque vous n’aimez pas votre prochain auquel cas vous entreriez dans un processus d’auto culpabilisation qui peut vous conduire à vous excuser auprès de moi. »

« Euh bin… non. Je peux m’en tirer autrement. Quand on s’excuse, c’est qu’on pense qu’on a blessé son vis-à-vis. Si vous rouspétez parce que vous êtes blessé, je vous dirais que, si je ne vous aime pas, ce n’est pas à cause de votre personnalité, c’est mon ressenti personnel que j’exprime et qui ne peut donc vous atteindre. Je peux même ajouter que ce n’est que mon opinion et que je comprends que d’autres puissent vous aimer, même si je le désapprouve. Les amours-propres sont saufs. Et moi, je ne m’excuse toujours pas. CQFD. »

« Vous pourriez au moins être désolé. »

« Non plus. Etre désolé évoque un paysage ravagé par les intempéries. Je ne suis absolument pas ravagé par le simple fait que je ne vous aime pas. »

« Oui, mais vous pourriez être désolé par le fait de ne pas appartenir à la catégorie des gens qui m’aiment et de rater ainsi une connaissance riche d’enseignements. »

« Je n’envie pas les gens qui vous aiment, je ne suis donc pas désolé. Et je ne vois donc pas  pourquoi je dirais que je suis désolé. » 

« Donc, vous aimez me blesser en me déclarant que vous ne m’aimez pas. Vous ressentez de la satisfaction à me le dire. Par conséquent au lieu de me dire : je suis désolé, vous devez me dire : je vous remercie ! »

Complètement rond

24 décembre, 2014

Max et Jules jouent au ballon.

Mais ils ne vivent pas dans la même sphère.

Max touche sa bille en maths.

Au niveau international, c’est une perle.

Jules est plutôt un enfant de la balle.

Une sorte de globe-trotter.

Il est très bon aux boules.

Mais ce n’est pas un cochonnet pour autant.

Le petit commerce

23 décembre, 2014

« Il faut sauver le petit commerce. »

« Pourquoi ? Ça coute cher, c’est dépassé. Dans les grandes surfaces, vous avez plus de choix et les prix sont serrés à cause de la concurrence. »

« Et les relations humaines, qu’est-ce que vous en faites ? Ce n’est pas avec la caissière de l’hypermarché que vous allez pouvoir vous plaindre du temps qu’il fait. »

« Vous n’avez pas autre chose à faire que de discuter de la météo avec les gens. »

« Si, j’ai plein de trucs en cours, mais il y a une nécessité vitale qu’il faut respecter au même titre que manger ou dormir, c’est celle de dire n’importe quoi avec n’importe qui. Par exemple dans les bistrots traditionnels, on passait le matin prendre un petit café, on se trouvait au coude à coude avec des manteaux ou des grosse canadiennes, on retardait le plus possible le moment de prendre le chemin du bureau et on se plaignait de tout et de rien. C’était bien, c’était anti-dépresseur. »

« Eh bin ! Avec des principes comme ça, on n’est pas près de relancer la valeur travail en France. »

« Peut-être pas, mais exister c’est plus important que travailler. Éventuellement exister permet de mieux travailler. Un autre exemple : chez le marchand de chaussures, on pouvait vivre. On faisait déballer tout le stock, on essayait, on marchait un peu, on disait que ça faisait mal, la marchande disait que le cuir allait se détendre, on faisait la moue, la marchande au bord de l’énervement commençait à remballer la marchandise, et on se décidait au dernier moment pour lui rendre le sourire. C’était une vraie tragi-comédie. »

« Vous croyez vraiment que j’ai le temps d’aller faire le guignol dans les magasins. Je commande mes chaussures en deux clics sur Internet et puis c’est terminé. »

« Certes, mais ce n’est pas à avec votre écran que vous discutez de la singularité de vos pieds, de l’épaisseur de vos chaussettes, de votre façon de marcher…. Enfin de tout ce qui fait que vous êtes un individu à part, donc digne d’intérêt. »

« Pff… moi, si j’ai des états d’âme sur mon être, je prends rendez-vous chez le psy et puis terminer ! »

« Euh… tout le monde ne peut pas se payer plusieurs mois d’analyse tandis que tout le monde peut aller faire tranquillement la queue à la poste en pestant contre les fonctionnaires qui ne foutent rien ou alors les chômeurs qui ne fichent rien non plus. C’est complètement nul, mais ça fait du bien à l’esprit. »

« Il y a d’autres lieux pour débattre que les files d’attente chez les commerçants. »

« D’autres lieux ? Ce n’est pas sûr. Sur les plateaux de télé, on voit toujours les mêmes experts qui disent toujours la même chose, même quand ils se trompent. Moi, personne ne m’invite à m’exprimer. J’ai pourtant des avis sur tout. Je suis bien obligé de m’exprimer dans la boulangerie de la mère Boulard, même si elle s’en fiche complètement. »

« Bon…. Alors d’accord, le petit commerce, ça crée du lien social. Mais vous pourriez tout aussi bien utiliser Facebook. »

« Certainement pas. Sur Facebook, je ne vois pas le visage de mon interlocuteur. Quand je lui raconte mes petits soucis, j’aime bien voir l’air désolé que prend la mère Boulard. Je sais qu’elle se force pour me remercier de me servir chez elle, mais enfin ça me fait du bien. J’ai l’impression de ne pas être seul. Je trouve que Facebook ne s’apitoie pas beaucoup sur mon sort. »

« Vous pourriez ouvrir un magasin de compassion. Une grande surface, évidemment. »

A notre rayon vestimentaire

22 décembre, 2014

Louis n’a pas trouvé chaussure à son pied.

Il doit faire ceinture.

En plus, il a le bras en écharpe.

Les autres n’ont pas pris de gants.

Ils lui ont taillé un costard.

Mais Louis est imperméable aux moqueries.

Même quand il prend une veste,

Il n’a pas le moral dans les chaussettes.

De toute façon, les autres changent d’avis comme de chemise.

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