Archive pour novembre, 2014

L’heure du laitier

10 novembre, 2014

Maurice est une crème.

Il est copain avec un petit suisse

Qui est beau et fort.

Lorsqu’il est en congé dans le Cantal,

Il boit du petit lait.

Il écrit le premier tome de son livre

Qui relate l’histoire qu’il m’a contée.

Il pourra mettre du beurre dans les épinards

Mais il n’en fera pas tout un fromage.

De l’adversité !

9 novembre, 2014

 

« Vous ne pourriez pas m’insulter un peu ? Ça m’arrangerait. »

« Et pourquoi voulez-vous que je vous insulte ? Vous ne m’avez rien fait. »

« Parce qu’on se construit tous dans l’adversité. L’être existe que par rapport aux forces qui cherchent à le détruire. Si vous êtes sympa avec moi, vous ne m’aidez pas beaucoup. Votre gentillesse me délite. Vous comprenez ? »

« Euh… C’est curieux. Mais enfin pourquoi  pas ? Imbécile, pendard, paltoquet ! Qu’est-ce que vous êtes nul, mon pauvre ! Ça va, ça ? »

« C’est un peu mou, mais c’est un début. Je sens que tout mon être se raidit sous la pluie d’insultes que vous venez de déverser sur moi. Je vais faire donner les troupes chargées de la défense en ligne. De quel droit m’insultez-vous, Monsieur ? »

« Euh… bin, parce que… je ne vous aime pas. »

« Ah, nous y voici ! Votre attitude révèle un profond mépris de la différence…. Vous voyez là, mes troupes contrattaquent en vous culpabilisant fortement. Essayez de contourner mon offensive, pour voir ! »

« Tu m’as décoché un sale regard, espèce de bouffon ! »

« Un regard ! Toute cette violence verbale pour un regard ! Vous vous rendez compte de l’aspect dérisoire de votre comportement… Là, je fais donner l’artillerie. J’aplatis votre mesquinerie sous les coups de mon arrogance. Si vous pouviez me menacer, on pourrait enrichir les hostilités… »

« Viens dehors si t’es un homme, on va régler ça… »

« Alors là, je ris ! Vous entendez les mecs, Monsieur a ses vapeurs. Il a besoin de sortir… Vous devez hésiter puisque je viens de faire semblant d’avoir une armée de courtisans derrière moi, prêts à me secourir. »

« Euh … oui, mais vous savez que Grouchy n’est jamais arrivé à temps à Waterloo. »

« Vous avez raison, mais au point où on en est, il faut faire un peu d’intox. Bon ! Puisque c’est ça, on réglera ça à la régulière, bande contre bande, sur l’esplanade de l’entrée du métro, samedi après-midi ! Barres de fer autorisées ! »

« Euh, attendez que je consulte mon agenda… »

« Vous rigolez ! On n’est pas entre hommes d’affaires. Jetez-moi un regard dédaigneux, dites-moi : Ok, mec ! Tu ne perds rien pour attendre ! Et partez rejoindre votre bande en roulant les mécaniques. »

« Bon, d’accord ! Le seul problème, c’est que je vous aime bien et que je n’ai pas de bande. Je suis désolé si ça contrarie votre développement personnel ! »

« C’est vrai. Votre regard amical m’exaspère. J’ai envie de vous casser la figure. »

C’est du lourd !

8 novembre, 2014

Jules est militaire à Lourdes

C’est un tourlourou

Un peu balourd

Il fait des blagues lourdes.

C’est aussi un boxeur mi-lourd

Qui aime manger des palourdes

Dans un restaurant de Saint-Flour

Décoré de tentures en velours.

Salut les artistes

7 novembre, 2014

Louis était un fieffé maraud

Qui n’avait jamais eu son bac.

Il se nourrissait de racines

Er de rameaux.

Tout le jour, il se tirait des cartes

Et baillait aux corneilles.

Puis il volait des poussins

A la Martine.

On aurait dit un renard.

Jamais, il ne courbait le front

Même pour faire le signe de la croix

Quand il allait à la messe.

Souffrance, plaisir et progrès

6 novembre, 2014

« L’Homme est fainéant. Il a tout fait pour éviter le moindre effort. La télécommande pour choisir ses programmes de télé sans bouger de son fauteuil, la salade en sachet pour éviter de la trier, le système à reconnaissance vocale pour ne plus taper ses textes sur son clavier de PC, etc… »

« Oui, mais il y a encore à faire. Chaque fois que je dois ouvrir un pot de confiture, je dois me donner à fond. C’est une vraie épreuve de musculation. »

« Le pot de confiture qui s’ouvre tout seul ? Ça va venir, j’ai confiance. On a bien inventé le pain sans croûte ou l’aspirateur qui aspire dans les coins. »

« Bon, si je comprends bien, bientôt on ne lèvera plus le petit doigt. »

« Absolument. C’est ce qu’on appelle le progrès. Il faudra peut-être encore ouvrir la bouche pour dire : Lumière ! …. quand vous rentrez chez vous. L’appui sur un interrupteur est beaucoup trop astreignant. »

« Le modèle ultime sera donc celui de l’Homme qui ne fait plus rien de ses dix doigts. On appellera ça ‘gagner du temps’, mais sans savoir ce qu’on fait du temps gagné puisqu’il ne faut plus rien faire. »

« Si, si ! On peut encore faire du sport. C’est un effort, mais un effort noble. Lorsque vous poussez des ahanements en ouvrant votre pot de confiture, vous êtes un peu ringard, mais lorsque vous souffrez comme une bête en levant des haltères, vous êtes un homme dynamique et fier. C’est comme ça ! »

« Le principe général, c’est de ne pas se fatiguer, même intellectuellement. Au bureau, c’est pareil, il faut appliquer ce qui existe et surtout ne pas réfléchir à innover.  Par exemple, pour faire mon rapport d’activité, je prends celui du mois dernier, je change la date et trois virgules et hop ! Personne n’y trouve à redire. J’ai gagné un peu de temps, ce qui me permet de glander un peu plus à la cafétéria. »

« Vous avez tout compris. Le temps est la seule denrée qui peut être partagé à l’infini par chacun. Lorsque vous gagnez du temps, ce n’est pas aux dépens de votre voisin qui peut se débrouiller pour en gagner aussi. Il n’y a pas de limite. Lorsque vous en perdez, votre voisin n’en gagne pas pour autant. C’est le seul cas où le principe des vases communicants ne fonctionne pas. »

« Tout ça, c’est bien beau. Le temps gagné est un mauvais argument. En fait le progrès consiste à faire faire par la machine ce que vous n’aimez pas faire. Par exemple, trier votre salade. Le fait de savoir si vous avez gagné du temps ou pas est secondaire par rapport à la satisfaction d’avoir évité une corvée. »

« Certes, mais si on dit que le progrès permet de se consacrer à ses plaisirs, n’oublions que le plaisir c’est souvent faire ce qui ne requiert pas d’effort. Nous revenons donc au cas précédent. »

« En fait, la seule façon de surmonter ces contradictions, c’est de trouver du plaisir à faire un effort. A part les premiers du Tour de France et votre façon d’ouvrir un pot de confiture, c’est assez rare ! »

« Je suis d’accord. Il faudrait que le progrès ne nous supprime pas toutes les occasions de souffrir, sinon on sera mal. »

Entrée-sortie

5 novembre, 2014

Maurice a lu un entrefilet dans son journal.

Il a été reçu par un entretien d’embauche

Qui devait le sortir de l’ornière

A la sortie de ses études

Il a obtenu un job dans un entrepôt

Où il sortait du lot.

Ses espoirs étaient entremêlés de craintes.

Les autres l’ont fait sortir de ses gonds.

Maurice est entré dans une colère noire.

Une question d’échelle

4 novembre, 2014

« Le bonheur absolu n’existe pas. D’ailleurs le malheur absolu n’existe pas non plus. »

« C’est exact. On est toujours heureux ou malheureux par rapport à un être réel ou le plus souvent imaginaire, et cette entité imaginaire est formatée par la télé, la mode, les voisins etc… »

« C’est d’ailleurs pour ça que l’homme vit en collectivité, à cause de ce besoin de se positionner sur l’échelle bonheur/malheur. »

« C’est exact. Imaginez un être humain enfermé dès sa naissance dans une cellule et coupé de tout. Il deviendrait fou ! »

« Tout à fait, cher ami. On a tous besoin de se comparer pour savoir qui on est. L’individu qui s’estime hors de la question du bonheur ne sait pas qui il est et mourra donc complètement idiot. »

« En même temps, puisque le bonheur absolu n’existe pas, nous sommes des perpétuels insatisfaits. »

« Donc, j’en déduis que nous avons le choix entre être fous, idiots ou insatisfaits ! C’est gai ! »

« En gros, c’est ça. Moi je préfère être insatisfait, c’est bon pour l’économie puisque il faut trouver des produits nouveaux pour accroitre mon degré de satisfaction. »

« Moi aussi, je préfère être insatisfait. Les insatisfaits auront toujours la satisfaction de progresser dans l’échelle de l’insatisfaction. Tandis que quand on est fou ou idiot, on ne voit pas bien où sont les marges de progression. »

« Vous avez raison. Mais pour devenir moins insatisfait, il faut que les autres ne progressent pas puisque la satisfaction se mesure en termes relatifs. Je vous prends un exemple pour que vous compreniez bien. Vous vous payez les vacances dont vous rêviez en Patagonie. A priori, vous êtes content, votre niveau de satisfaction augmente. Sauf que si l’année suivante, toutes vos connaissances se précipitent en Patagonie, vous vous retrouvez à votre niveau de départ, puisque vos vacances de rêve sont finalement les vacances de tout le monde ! »

« En effet, c’est gênant. Pour bien faire, il faudrait que je parte dans un endroit interdit à tout le monde sauf à moi. De même, il faudrait que la bagnole que je viens d’acheter soit un modèle unique pour que je sois le seul à le posséder. Mais les constructeurs ne sont pas vraiment d’accord. »

« Il y a donc une difficulté réelle à s’élever dans l’échelle du bonheur. Et quand on gravit un échelon, on n’est jamais sûrs de ne pas en être délogé par les autres qui vous poussent par derrière. »

« Ne reste-t-il pas le sentiment, pour être heureux ? Quand vous rencontrez l’homme ou la femme de votre vie, ne montez-vous plusieurs échelons d’un coup ? »

«  Euh… même ça, ce n’est pas sûr ! Au bout de deux ou trois ans, vous pouvez redescendre brutalement, si vous voyez ce que je veux dire ! »

« Bon, c’est compliqué. Tout compte fait, je me demande si ce ne serait pas plus simple d’être idiot ou fou. »

« C’est vrai. On ne peut pas retomber plus bas. »

De toutes les couleurs

3 novembre, 2014

Morbleu ! Dit le mousquetaire

Vous n’êtes qu’un béjaune, Monsieur !

Retournez donc dans votre manoir

Pour réparer votre armure en fer-blanc.

Vous élèverez des piverts

Et vous vous nourrirez de guimauve

Car vous me semblez très amaigri

Votre vue me rend morose.

Un grand match de foot

2 novembre, 2014

« Un match de foot, c’est un résumé de la vie en une heure et demi. »

« Oui. Il y a des moments d’espoir, d’abattement, de révolte, de joie, de peine, enfin tout quoi… Personne ne connait – a priori – la fin de l’histoire. Même pas les acteurs !»

« « Il y a la brute épaisse qui compte sur ses cent kilos de muscles pour ne rien laisser passer, le feu-follet dont la petite taille passera la défense adverse en zigzagant et en souplesse,  le « sobre » qui fait son boulot tranquillement sans en faire des tonnes, la star qui ne fait pas son boulot mais qui fait tout pour se faire remarquer. En général, c’est lui qui a les plus belles chaussures. On retrouve toutes ces figures dans la vraie vie. »

« Et puis, il y a l’arbitre. Celui qui s’estime neutre, au-dessus des conflits et qui dira qui a raison et qui a tort. Il a le droit d’exclure qui il veut du débat. »

« Parfois l’arbitre se trompe en prenant partie injustement pour un camp contre l’autre. Heureusement, il y a les commentateurs pour le vilipender. Dans la vie, ce sont qui ceux disent – a posteriori – ce qu’il fallait faire. Ce sont les donneurs de leçons qui savent mieux que les autres. »

« Vous exagérez. Parmi les commentateurs, il y a d’anciens footeux professionnels qui connaissent le terrain et qui sont donc compétents. »

« Dans la vie aussi, il y a les vieux qui s’autorisent à juger de tout et de tout simplement parce qu’ils ont vécu. L’expérience n’est pas toujours bonne conseillère. Les jeunes ont le droit d’inventer ce que les vieux n’ont jamais connu. »

« Il y a beaucoup de gens pour donner des leçons dans le foot comme dans la vie. Le coach par exemple qui harcèle les joueurs pour leur dire ce qu’ils doivent faire du ballon. Dans la vie, il y a les parents, les instits, les curés… »

« C’est vrai, mais dans le foot comme dans la vie, certains plus malins que d’autres laissent faire la créativité des artistes, ça donne parfois de bons résultats, d’autant plus qu’ils sont inattendus. »

« Il faut parler des supporters. Ce sont ces milliers d’anonymes qui vivent par personnes interposées. Quand leur équipe meurt, ils sont atteints dans leur dignité, quand elle gagne, c’est grâce à eux. Dans la « vraie vie », ce sont les mêmes qui ont besoin de prendre parti pour se sentir exister. Ce sont les gens qui ne se trouvent eux-mêmes que dans le combat : au bureau, à la maison… Ce sont les « hargneux » qui doivent avoir raison à tout prix. »

« Il y a des supporters convenables qui apprécient le beau jeu, même quand il provient de l’adversaire. »

« Ce sont les esthètes. Ils sont rares. Dans la vie de tous les jours, ce sont ceux qui savent reconnaitre leurs insuffisances et leurs torts. C’est très dangereux. On est facilement pris pour un faible, voire un imbécile. »

« Parfois, le supporter est hystérique. Il utilise le match de foot pour en découdre coûte que coûte avec les supporters du camp adverse. Ce sont les extrémistes. Ceux qui ne vivent que dans la brutalité animale. Ceux qui n’aiment personne. »

« Enfin, il y a le vrai supporter. L’affectif, celui qui aime son équipe quoiqu’il arrive. Il passe ses dimanches à l’autre bout de la France pour suivre ses joueurs, parfois dans le vent et le froid. C’est admirable. »

« C’est vrai dans la vraie vie, il n’y a pas beaucoup d’équivalent. »

Comme neige

1 novembre, 2014

John est un jeune blanc-bec

Qui démarre ses journées avec un petit blanc.

Il ne sera jamais élu à la Maison-Blanche

Car il lit encore Blanche-Neige.

Son frère Jim est un col blanc

Qui figure dans les pages blanches.

Il mange du pain blanc

Et des blancs d’œufs.

John et Jim devrait hisser le drapeau blanc.

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