Défaut ou qualité ?

« La vanité est un vilain défaut. L’oisiveté aussi. Et puis la méchanceté pendant qu’on y est. D’ailleurs tous les défauts sont très vilains. »

« C’est sûr : si on a le choix, il vaut mieux avoir des qualités. Par exemple, savoir s’imposer en société en faisant étalage de son savoir et de son savoir-faire ! C’est un atout indispensable pour réussir sa vie. »

« Mais ça ne va pas ! C’est de la vanité ça ! »

« Peut-être, mais parfois la vanité, c’est bien. C’est une catégorie de défauts particuliers. Il y a des moments où c’est bien, et des moments où ce n’est pas bien, ça devient alors un gros défaut. Vous comprenez ? »

« Oui, mais alors, il faut être bien réveillé pour saisir le bon moment où la vanité devient une qualité ! »

« Autre exemple d’un défaut qui peut être une qualité. Je suis directeur, assis dans mon bureau. Je distribue le travail, je délègue, je ne me crois pas indispensable. Pendant que les autres s’absorbent dans leurs tâches quotidiennes, je peux me reposer tranquillement dans mon bureau. Je peux même réfléchir à des options stratégiques ! Et puis, je suis plus disponible pour peu qu’on respecte mes périodes de réflexion. »

« C’est de l’oisiveté ! »

« Pas du tout. C’est une occupation rationnelle des compétences. Je suis beaucoup plus efficace quand je ne mets pas les mains dans le cambouis. J’ai un recul très intéressant sur les activités de mon entreprise. »

« Vous n’auriez pas encore un exemple pour que je comprenne la différence entre qualité et défaut ? »

« Si ! Si ! Dans la vie, il faut savoir se battre. Manger ou être mangé. Ainsi, je n’ai pas hésité à colporter le bruit que Dumoulin buvait pendant les heures de travail de façon à ce qu’il n’obtienne pas le poste de directeur-adjoint qui, de toute évidence, devait me revenir. J’ai su préserver mes intérêts. »

« Mais c’est de la méchanceté ! C’est un très gros défaut ! »

« Pas du tout ! C’est une stratégie de survie. Vous devriez vous en inspirer. Si vous pensez que le monde vous attend les bras ouverts pour reconnaître vos mérites, alors là, laissez-moi rire ! »

« Si je comprends bien, vous êtes doté de très gros défaut qui deviennent, par miracle, de grandes qualités dès lors que vous vous en saisissez. »

« Oui et je me trouve particulièrement honnête de le reconnaitre sans vergogne. L’honnêteté est une grande qualité à condition de savoir s’en servir, sinon c’est une qualité qui tourne vite au défaut. Elle peut alors s’appeler naïveté. »

« Décidemment, vous êtes un homme exemplaire. »

« Arrêtez, arrêtez, je ne veux pas devenir un vulgaire vaniteux. »

« Ce serait dommage, en effet. »

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