De l’adversité !
9 novembre, 2014
« Vous ne pourriez pas m’insulter un peu ? Ça m’arrangerait. »
« Et pourquoi voulez-vous que je vous insulte ? Vous ne m’avez rien fait. »
« Parce qu’on se construit tous dans l’adversité. L’être existe que par rapport aux forces qui cherchent à le détruire. Si vous êtes sympa avec moi, vous ne m’aidez pas beaucoup. Votre gentillesse me délite. Vous comprenez ? »
« Euh… C’est curieux. Mais enfin pourquoi pas ? Imbécile, pendard, paltoquet ! Qu’est-ce que vous êtes nul, mon pauvre ! Ça va, ça ? »
« C’est un peu mou, mais c’est un début. Je sens que tout mon être se raidit sous la pluie d’insultes que vous venez de déverser sur moi. Je vais faire donner les troupes chargées de la défense en ligne. De quel droit m’insultez-vous, Monsieur ? »
« Euh… bin, parce que… je ne vous aime pas. »
« Ah, nous y voici ! Votre attitude révèle un profond mépris de la différence…. Vous voyez là, mes troupes contrattaquent en vous culpabilisant fortement. Essayez de contourner mon offensive, pour voir ! »
« Tu m’as décoché un sale regard, espèce de bouffon ! »
« Un regard ! Toute cette violence verbale pour un regard ! Vous vous rendez compte de l’aspect dérisoire de votre comportement… Là, je fais donner l’artillerie. J’aplatis votre mesquinerie sous les coups de mon arrogance. Si vous pouviez me menacer, on pourrait enrichir les hostilités… »
« Viens dehors si t’es un homme, on va régler ça… »
« Alors là, je ris ! Vous entendez les mecs, Monsieur a ses vapeurs. Il a besoin de sortir… Vous devez hésiter puisque je viens de faire semblant d’avoir une armée de courtisans derrière moi, prêts à me secourir. »
« Euh … oui, mais vous savez que Grouchy n’est jamais arrivé à temps à Waterloo. »
« Vous avez raison, mais au point où on en est, il faut faire un peu d’intox. Bon ! Puisque c’est ça, on réglera ça à la régulière, bande contre bande, sur l’esplanade de l’entrée du métro, samedi après-midi ! Barres de fer autorisées ! »
« Euh, attendez que je consulte mon agenda… »
« Vous rigolez ! On n’est pas entre hommes d’affaires. Jetez-moi un regard dédaigneux, dites-moi : Ok, mec ! Tu ne perds rien pour attendre ! Et partez rejoindre votre bande en roulant les mécaniques. »
« Bon, d’accord ! Le seul problème, c’est que je vous aime bien et que je n’ai pas de bande. Je suis désolé si ça contrarie votre développement personnel ! »
« C’est vrai. Votre regard amical m’exaspère. J’ai envie de vous casser la figure. »