Un grand match de foot
2 novembre, 2014« Un match de foot, c’est un résumé de la vie en une heure et demi. »
« Oui. Il y a des moments d’espoir, d’abattement, de révolte, de joie, de peine, enfin tout quoi… Personne ne connait – a priori – la fin de l’histoire. Même pas les acteurs !»
« « Il y a la brute épaisse qui compte sur ses cent kilos de muscles pour ne rien laisser passer, le feu-follet dont la petite taille passera la défense adverse en zigzagant et en souplesse, le « sobre » qui fait son boulot tranquillement sans en faire des tonnes, la star qui ne fait pas son boulot mais qui fait tout pour se faire remarquer. En général, c’est lui qui a les plus belles chaussures. On retrouve toutes ces figures dans la vraie vie. »
« Et puis, il y a l’arbitre. Celui qui s’estime neutre, au-dessus des conflits et qui dira qui a raison et qui a tort. Il a le droit d’exclure qui il veut du débat. »
« Parfois l’arbitre se trompe en prenant partie injustement pour un camp contre l’autre. Heureusement, il y a les commentateurs pour le vilipender. Dans la vie, ce sont qui ceux disent – a posteriori – ce qu’il fallait faire. Ce sont les donneurs de leçons qui savent mieux que les autres. »
« Vous exagérez. Parmi les commentateurs, il y a d’anciens footeux professionnels qui connaissent le terrain et qui sont donc compétents. »
« Dans la vie aussi, il y a les vieux qui s’autorisent à juger de tout et de tout simplement parce qu’ils ont vécu. L’expérience n’est pas toujours bonne conseillère. Les jeunes ont le droit d’inventer ce que les vieux n’ont jamais connu. »
« Il y a beaucoup de gens pour donner des leçons dans le foot comme dans la vie. Le coach par exemple qui harcèle les joueurs pour leur dire ce qu’ils doivent faire du ballon. Dans la vie, il y a les parents, les instits, les curés… »
« C’est vrai, mais dans le foot comme dans la vie, certains plus malins que d’autres laissent faire la créativité des artistes, ça donne parfois de bons résultats, d’autant plus qu’ils sont inattendus. »
« Il faut parler des supporters. Ce sont ces milliers d’anonymes qui vivent par personnes interposées. Quand leur équipe meurt, ils sont atteints dans leur dignité, quand elle gagne, c’est grâce à eux. Dans la « vraie vie », ce sont les mêmes qui ont besoin de prendre parti pour se sentir exister. Ce sont les gens qui ne se trouvent eux-mêmes que dans le combat : au bureau, à la maison… Ce sont les « hargneux » qui doivent avoir raison à tout prix. »
« Il y a des supporters convenables qui apprécient le beau jeu, même quand il provient de l’adversaire. »
« Ce sont les esthètes. Ils sont rares. Dans la vie de tous les jours, ce sont ceux qui savent reconnaitre leurs insuffisances et leurs torts. C’est très dangereux. On est facilement pris pour un faible, voire un imbécile. »
« Parfois, le supporter est hystérique. Il utilise le match de foot pour en découdre coûte que coûte avec les supporters du camp adverse. Ce sont les extrémistes. Ceux qui ne vivent que dans la brutalité animale. Ceux qui n’aiment personne. »
« Enfin, il y a le vrai supporter. L’affectif, celui qui aime son équipe quoiqu’il arrive. Il passe ses dimanches à l’autre bout de la France pour suivre ses joueurs, parfois dans le vent et le froid. C’est admirable. »
« C’est vrai dans la vraie vie, il n’y a pas beaucoup d’équivalent. »