Archive pour septembre, 2014

Où ça ?

19 septembre, 2014

Jean est vendeur de draps housse

Mais c’est aussi un hooligan

Qui houspille les policiers.

Il va au stade revêtu de sa houppelande.

Quand ses favoris perdent, il crie : hou ! hou !

En cas de victoire, il hurle : hourra !

Puis il se rend au club-house

Pour décerner une branche de houx aux vainqueurs.

Glou-glou

18 septembre, 2014

Jules fabrique de l’eau de vie

Mais il n’a pas inventé l’eau chaude.

Il lit des romans à l’eau de rose.

Il ne va pas à vichy pour prendre les eaux.

Il est plutôt allé à Cologne pour rapporter de l’eau

Et à l’église pour avoir de l’eau bénite

Qu’il apporte au moulin de son meunier.

Tout ça, c’est clair comme de l’eau de roche.

 

L’éternité

17 septembre, 2014

Le Père Pétuel

Prononce des prêches interminables

Mais il arbore un sourire permanent

Sa bonté est illimitée

Et sa patience infinie.

Il est en lien avec le Père Eternel

En qui il a une confiance aussi illimitée.

Le Père Pétuel est atemporel

Et sûrement immortel.

 

Nos démons

16 septembre, 2014

« J’ai l’impression, qu’au fond de mon être, j’ai quelque chose à dire sur quoi je n’arrive à mettre des mots. C’est assez frustrant. »

« Ce sont vos forces de créativité, certainement. On a tous quelque chose à apporter au monde. Encore faut-il le découvrir. Il y en a qui passe à côté de leur potentiel pendant toute une vie. Vous avez essayé le sport ? »

« J’ai toujours été dispensé de gym au lycée. Alors le sport… Même quand je joue à la pétanque, j’ai la sensation de ne pas utiliser toutes mes facultés de concentration. »

« Et la peinture ? »

« J’ai produis des barbouillages affligeants de nullité. Je n’ai pas d’inspiration. J’en suis toujours à essayer de reproduire une maison provençale au milieu d’un champ de lavande. »

« Et la littérature ? »

« Catastrophique. J’ai rédigé un livre. Je n’arrive même pas à le relire moi-même. C’est effarant de platitude. J’y ai mis toute l’eau rose dont je disposais. »

« Il faut vous lâcher. Vous n’exprimerez rien si vous ne vous mettez pas dans un état second, proche de la folie douce. C’est là que vous trouverez de l’inspiration. »

« Bof… quand je chantonne pour me détendre un peu, ça énerve Ginette. »

« En fait, les forces obscures que nous portons en chacun de nous et qui sont si difficiles à exprimer, c’est tout simplement l’envie d’être aimé pour ce que nous sommes. Votre mas provençal au milieu de la lavande ne vous satisfait pas parce qu’ils sont nuls au plan technique, mais aussi et surtout parce que ce n’est pas vous, et que personne n’admirera un truc qui ne vous ressemble pas. »

« C’est profond ce que vous dites là. Il faut donc découvrir ce que l’on est avant de le restituer. Mais si je suis le diable ? »

« C’est bien le problème. En général, les gens évitent de se demander qui ils sont de peur de trouver plusieurs personnes et notamment de se trouver en présence d’une personne satanique. Ceci dit, sur le plan de l’expression des sentiments enfouis, le diable est un très bon moteur. Si vous n’êtes pas diabolique, on vous aimera moins, vous serez moins intéressant pour les autres.  On ne fait pas de peinture ou de littérature avec de bons sentiments. Si Picasso ou Dali n’avaient pas été agités de pensées déviantes, ils n’auraient pas été Picasso ou Dali. Si j’ose dire, il faut être assez malin pour découvrir le Malin qui est en nous.»

« Bon, je vais essayer de parler à mon diable. Je ne sais pas si Ginette va être d’accord. »

« Euh… c’est pas grave. Elle sera peut-être ravie de découvrir votre originalité. N’oubliez pas que si vous déchainez les forces cachées de votre créativité, vous pouvez vous attendre à tout. Vous pouvez produire un livre ou un tableau qui ressemble aux flammes de l’enfer, ou alors quelque chose qui décrit la routine des jours. La peinture ou la littérature du banal, ça existe aussi ! »

« Donc, il faut être original, mais pas trop. »

« L’important, c’est d’avoir un regard. Certains ont même transformé en œuvres d’art des choses apparemment laides pour ceux qui n’ont pas déchainé les forces diaboliques qu’ils portent en eux. »

« Euh… Je crois que je vais commencer par améliorer ma maison au milieu de la lavande. Mon démon personnel ne me parle pas beaucoup en ce moment. »

Nos mauvais poèmes

15 septembre, 2014

Paul a fait sa connaissance

En prenant de l’essence.

Il lui parle avec aisance

Mais avoue son impuissance

A lui dire qu’il redoute son absence,

Qu’il se réjouit de sa présence

Et qu’elle met son cœur en effervescence.

Quelle insuffisance !

Le français est sportif

14 septembre, 2014

« Ah… le Tour de France, c’est plus comme de mon temps. A l’époque dont je parle, le tour de France se passait en France et il y avait encore de français capables de le gagner. »

« Il faut vous réveiller mon vieux, le Tour de France se mondialise comme le reste ! »

« Et alors ? Ce n’est pas une raison pour ne plus le gagner. Dans les années soixante, c’était toujours Darrigade qui gagnait la première étape au sprint. On était tranquille. Maintenant, c’est un norvégien ou un danois au nom imprononçable. »

« Je vois ce que c’est : Monsieur est xénophobe. »

« Euh… non, je constate simplement que lorsque les français savaient se débrouiller sur leur vélo, le Tour connaissait plus d’épopées qu’aujourd’hui. »

« Vous trouvez ? A la fin, c’est toujours Anquetil qui gagnait. »

« Oui, Anquetil, c’était comme le grand Momo dans la cour de récréation de mon école élémentaire. Il faisait régner sa loi quoiqu’il arrive. C’était agaçant, mais ça permettait à la classe de bien vivre. Il y avait ceux qui se mettaient sous la protection du grand Momo pour être tranquilles, même s’il fallait parfois le gaver de chewing-gum. Et puis ceux qui se tenaient à l’écart, en espérant que Momo trouve un jour à qui parler, mais sans le dire trop fort tout de même. »

« Et ce jour est arrivé avec Gus dit Poulidor. »

« Euh… oui et non. Certes, il s’est montré capable de tenir tête à Momo, mais c’est quand même Momo qui gagnait. Poulidor emportait la seconde place toute notre sympathie. C’était comme le combat de David et Goliath sauf que c’était toujours Goliath qui gagnait. »

« C’est extraordinaire. Pour que les gens se sentent vive, il faut toujours leur offrir le spectacle d’un affrontement. »

« Mais il n’y avait pas qu’Anquetil et Poulidor. Il y avait aussi les espagnols qui faisaient ce qu’ils voulaient dans la montagne. Et les Belges qui s’entêtaient à disputer la première place d’étape à nos sprinters préférés. Maintenant, ce sont les français qui essaient de disputer les premières places avec un succès mitigé. Les reporters sportifs en sont réduits à s’étrangler d’émotion lorsqu’un français se place dans les dix premiers. »

« C’est bien ce que je dis : vous n’aimez pas les étrangers. »

« Si, mais j’aime bien gagner. Je suis sûr que vous n’auriez pas renâclé devant une victoire de l’équipe de France en coupe du monde de foot. »

« Euh… non, mais je sais reconnaitre la valeur de l’équipe gagnante. »

« C’est ce qui nous distingue. Vous, vous êtes fier de votre sportivité, moi j’aurais été fou de joie à l’idée de hurler comme un imbécile dans la rue. L’espace d’une soirée, je me serai enivré de joie, en agitant des petits drapeaux, comme si c’était moi qui avait gagné quelque chose. Quelque chose qui aurait dépassé de loin la morosité de mon quotidien. »

« Et une victoire des français aux championnat de curling, ça ferait l’affaire ? »

« Vous connaissez leurs noms ?…. Il faut des noms qui puissent se hurler facilement, sinon ça ne le fait pas… »

Double jeu

13 septembre, 2014

Jean a passé ses amis au tamis

A Jules, il a mis un gon, ce n’est plus un compagnon.

Avec Bertrand, il partage sa compote, ce n’est plus un pote.

Tim est un intime.

Depuis sa naissance, Louis est une connaissance.

Jean ne laissera pas Ludo en rade, c’est un camarade.

Il lui faut couver Albert, le boulanger, son copain qui lui fait du pain,

Et Jeannine qui fut sa maîtresse et sa maîtresse.

Exclamons-nous !

12 septembre, 2014

C’était avant le big-bang !

Il sortit de sa cachette, le diable !

Il  fit tout un foin !

Mais il ne récolta pas de bravos !

De la part des moines auxquels il ne disait pas Amen !

Le diable fit donc un flop !

Chouette !

De soulagement, nous pouvons pousser un ouf !

Et jouer de la flûte !

Est-ce que je décide encore de quelque chose ?

11 septembre, 2014

« Moi, toutes mes dépenses sont mensualisées, gérées par prélèvement automatique.  C’est pratique. »

« Oui, comme ça, vous finissez par oublier ce que vous payez en électricité, en impôts, pour vos vacances, etc… Il n’y a plus que votre banquier qui sait comment vous vivez. »

« Euh… oui, mais je dégage du temps de libre … »

« Pour faire des achats supplémentaires qui sont réglés par votre banquier. En fait, le banquier, c’est votre conscience habillée d’un costard cravate, assis derrière un bureau et qui vous est accessible quand il n’a rien d’autre à faire. »

« Euh… pardon… il y a un service 24 heures sur 24… ; »

« Par des plates-formes téléphoniques qui sont tout le temps embouteillées ou alors qui vous distillent des messages sensés vous orienter sur la bonne solution, mais dont aucun ne correspond à votre problème du moment. Si bien que vous êtes finalement obligé de prendre rendez-vous, sur votre temps de loisirs bien entendu. Je vous dis que c’est votre banquier qui gouverne votre vie par toutes sortes de moyens insidieux. »

« Mon banquier est un homme très affable… »

« Qui sait mieux que vous ce que vous faites. Et comme en plus vous lui avez souvent emprunté de l’argent, c’est lui qui vous tient. C’est votre maitre à penser et surtout à agir. Et en plus, vous le rémunérez largement pour lui abandonner votre libre-arbitre. »

« Euh… n’exagérons pas… »

« Le seul moment où vous pourriez avoir la conduite du débat, c’est quand vous avez – par hasard – un peu d’argent de côté. Mais là, il va vous en prendre la majeure partie pour vous éviter d’en faire mauvais usage. »

« Comment ça ? Mais c’est mon argent ! »

« Euh… non. Il vous propose un placement à un taux d’intérêt ridicule qui devient d’autant plus mince qu’il est diminué des frais de gestion, des impôts et de l’inflation… A la fin, vous ne prêtez pas aux banques, vous leur faites cadeau d’une partie de votre patrimoine. »

« Alors qu’est-ce que je fais ?… »

« Nos ancêtres vivaient en autosubsistance grâce à leur jardin et cachaient leurs économies dans une pile de draps. Bref, ils géraient eux-mêmes leurs existences, comme des grands… »

« Et le progrès ? Qu’est-ce que vous en faites ? »

« Vous avez raison. On a provoqué du progrès et nous vivons mieux sur le plan matériel, mais en contrepartie, il a  fallu abandonner la gestion de nos avoirs aux banques, notre souveraineté populaire aux politiciens, nos opinions aux médias et notre santé aux spécialistes médicaux. C’est à se demander si on peut encore décider de quelque chose nous concernant. »

« Euh… tout de même, je peux encore décider de mon programme de télé ! »

Après et avant

10 septembre, 2014

Max travaille dans un service après-vente

D’un magasin d’avant-garde.

Cet après-midi,

Il a enfilé ses après-skis

Et il a utilisé son après-shampoing

Qui lui a couté un avant-bras.

Après demain, il jouera avant-centre

Dans son équipe de foot, qui est avant-dernière.

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