Archive pour le 27 juillet, 2014

Soucis quotidiens

27 juillet, 2014

« Ce n’est pas normal, je n’ai encore eu aucun pépin aujourd’hui. »

« Pourquoi voulez-vous être embêté à tout prix ? »

« Parce que c’est tous les jours comme ça. Le paquet de café qui est vide quand je me réveille, des travaux ou un accident imprévus qui vont me mettre en retard au bureau, la secrétaire qui est restée chez elle pour garder son gamin soi-disant malade, mon PC qui tombe en rade…. Eh bien, rien de tout ça aujourd’hui ! Vous trouvez ça normal ? »

« Ce n’est pas habituel, en effet. »

« Ça me déstabilise. Je suis en train de me demander quelle tuile va me tomber sur la tête. Vous comprenez, quand vous avez des ennuis toute la journée, vous vous blindez. Un de plus, un de moins, ça n’a pas d’importance. Le soir venu, vous pouvez accueillir sereinement le carnet de note de votre fils ou les reproches de votre femme. Par contre, lorsque vous avez été épargné toute la journée, un rien peut vous agacer, et alors là tout peut partir en vrille ! »

« Vous avez raison, il faudrait qu’on embauche quelqu’un qui serait chargé de soulever des problèmes de façon à ce que nous soyons toujours sur le qui-vive. »

« En attendant, j’en suis réduit à me mettre à coté de Ludo à la cantine. Il va encore me parler foot, ça va me gâcher mon repas. C’est toujours ça de pris. »

« Impossible, Ludo est en congé ! »

« Génial ! C’est mon premier accroc de la journée. Je ne peux même pas compter sur Ludo pour me pourrir ma pause méridienne. »

« Et si je demandais à Mauricette de se tromper dans mes photocopies ? »

« C’est impossible. Comme elle fait tout à l’envers, elle va vous rendre vos photocopies parfaitement triées ! »

« Bon, je suis coincé alors ! »

« Désolé, je  ne peux tout de même pas vous faire cadeau de mes soucis d’aujourd’hui. Moi, ça va plutôt bien. Je suis enrhumé, j’ai accroché ma bagnole dans le parking, la femme de ménage a renversé son café sur mon PC, je sors d’un entretien d’évaluation avec Dugenou… On ne fait pas plus pourrie comme journée. »

« Veinard ! C’est toujours les mêmes qui ont de la chance ! Je devrais venir en bagnole peut-être… ou bien bousculer la femme de ménage ou alors demander un autre entretien d’évaluation à Dugenou… »

« Euh, vous habitez à cinq minutes à pied. Madame Bardin est dotée d’une certaine carrure qui la rend difficile à bouger. Quant à Dugenou, il m’a dit qu’il ne peut plus nous voir en peinture. Il a parlé d’une bande de branquignols à notre sujet ! »

« J’ai une autre idée : je vais goûter suavement à la vie. Je vais commencer par prendre une quatrième pause cigarette. »