Les questions idiotes
20 juillet, 2014« Vous avez passé de bonne vacances ? »
« Evidemment, quelle question ? Au bureau, personne ne passe jamais de mauvaises vacances. Par hypothèse, il fait toujours beau, on découvre toujours de nouveaux horizons, on s’est toujours bien reposé – d’ailleurs avec tout le boulot qu’on a, on en avait bien besoin, et pour finir, on a fait un peu de sport sur la plage parce que ça fait du bien. »
« Dites tout de suite que j’ai posé une question idiote… »
« Euh…oui. C’est comme si vous demandez ‘Comment ça va ?’ à un malade. Il ne va tout de même pas vous répondre qu’il pète la forme. Et puis, il vaut mieux prendre un air compassé et demander l’avis des médecins avant de lui dire qu’il a meilleure mine. »
« Je prends note. Vous en avez d’autres ? »
« Oui. Si vous pouviez éviter d’interroger le chef à la cantine en lui lançant ‘Comment il est votre poisson ?’, ce serait mieux. Un de ces jours, il va vous répondre que son cabillaud est complètement pourri. »
« C’est vrai, je ne fais pas assez attention… »
« Moi, il y a longtemps que je ne pose plus la question au moment de la rentrée scolaire de mes gamins ‘Alors, content de retrouver l’école ?’. Ils n’aiment pas beaucoup. »
« Pff… on ne peut plus rien demander alors ? »
« Si.. Mais il faut faire attention. Quand vous m’avez invité dans votre maison de campagne pour le week-end du 15 août et que vous m’avez accueilli gaiement d’un ‘Alors, pas trop de monde sur l’autoroute ? ‘. J’ai cru me trouver mal. L’an prochain, on changera de date. »
« Désolé… »
« Et puis quand vous arrivez en réunion une demi-heure après le début, j’aimerais que vous ne disiez pas avec un sourire en coin : ‘Je suis en retard, hein ?’. C’est ce qu’on pourrait appeler une question à la con. »
« C’est un peu comme si je vous demandais une augmentation de salaire. »
« Je vois que vous commencez à comprendre. Il y a des réponses qui sont contenues dans la question. On peut les poser mais dans le but d’énerver son interlocuteur, pas dans le but d’obtenir une réponse puisqu’on l’a déjà. »
« Et si je vous demande si vous croyez en Dieu. Je n’ai pas la réponse a priori. »
« Moi, non plus. Quand on pose une question à un chef, il faut éviter les questions à la con, mais aussi les questions trop difficiles ce qui revient au même puisque vous savez par avance que je n’ai pas de réponse et que ça va me mettre mal à l’aise de reconnaitre que je ne sais pas répondre à tout devant un subalterne. »
« Je n’ai pas d’autres questions. »