Mon argent
17 juillet, 2014« Moi, je garde mon argent dans mes piles de draps. »
« Comment ? Et les banques ? Qu’est-ce que vous en faites ? Ce n’est pas avec des gens comme vous qu’on va arriver à relancer le financement de l’économie ! »
« Oui, mais enfin, c’est mon argent, je ne vois pas pourquoi j’en ferai cadeau aux banques ! »
« Vous n’en faites pas cadeau, elles vous le gardent. Pensez un peu à ce qui vous arriverait si votre maison brûlait ! »
« Elles ne me le gardent pas puisque elles le placent ailleurs et en tirent des revenus. »
« … Dont elles vous font profiter… »
« Bin… non ! Prenons un exemple : elles prêtent mon argent à 3 %. Sur les intérêts, elles piquent leur frais de gestion, le fisc en prend une partie et l’inflation le reste. Au final, la banque qui me garde mes 100 euros, m’en rend 95 dans le meilleur des cas. »
« Oui, mais enfin, soyez un bon citoyen. Ce n’est pas 5 euros qui vont vous manquer et puis vous avez la fierté de participer au développement économique du pays tandis que dans votre armoire, vos 100 euros se tournent les pouces et ne font rien. »
« Moi je préfère garder mes 100 euros plutôt qu’en donner cinq aux autres, surtout s’ils s’arrangent pour me donner l’illusion que c’est moi qui gagne quelque chose dans la bataille.»
« Vous raisonnez à courte vue, car si la croissance repart grâce à votre argent, au bout du compte vous percevrez bien plus que les 100 euros de départ. »
« Dans ce cas, on m’expliquera que ce sera grâce à l’action des banques et je serai plus ou moins obligé de redonner l’argent gagné à celles-ci et je me ferai avoir une fois de plus. »
« Je vous vois venir. On va retourner à l’économie du troc avec des gens comme vous ! C’est moderne ! »
« Euh… non, on pourrait aussi avoir un système honnête. Actuellement non seulement, la banque me pique des sous, mais quand je n’en ai plus, elle me dit que j’ai un découvert et pour me punir, elle me prend encore un peu plus d’argent puisqu’elle considère qu’elle me prête de l’argent après m’avoir pris le mien. »
« Euh… vous simplifiez un peu. Si tout le monde pensait comme vous, l’économie se bloquerait rapidement. Il faut faire confiance, c’est le ressort de la croissance. »
« D’accord ! Faites-moi confiance : je dépenserai mes 100 euros, à bon escient, quand j’aurais un vrai besoin de les dépenser et que je saurai ce que je fais en les dépensant. En attendant, je vous confie 50 euros à mettre sur mon livret. Euh non, plutôt 45… volez moi cinq euros tout de suite et comme ça on n’en parlera plus. J’ai horreur de ces discussions d’argent. »