Archive pour le 1 juillet, 2014

Douceur et violence

1 juillet, 2014

« Les policiers ont matraqué les manifestants. »

« Ce n’est pas grave. C’est normal, les manifestants semaient le désordre. Les manifestants ont le droit de manifester mais dans l’ordre. Ce n’est pas compliqué à comprendre. »

« Si ! Parce que s’ils manifestent, c’est pour s’élever contre l’ordre établi, c’est donc par nature un désordre. Faire du désordre dans l’ordre c’est un peu compliqué. »

« Il y a des règles pour exprimer son mécontentement. Il est interdit de s’énerver n’importe comment. »

« Ah bon ? Mais si je respecte les règles, personne ne prêtera attention à ma crise de nerfs, j’en serai frustré et capable de m’énerver encore plus. »

« Vous faites l’esprit fort. Vous pouvez être mécontent calmement, mais sans déranger personne. »

« Nous y voilà ! C’est comme le droit de grève. J’ai droit de cesser mon travail à condition que ça ne dérange personne, auquel cas on se demande bien à quoi sert de faire la grève puisque le but du jeu, c’est bien de gêner de façon à attirer l’attention sur soi. »

« Ecoutez ! Pendant des siècles on a sauvagement trucidé ses voisins pour imposer son point de vue. Aujourd’hui chacun dispose de son bulletin de vote pour se faire entendre. Il peut même faire grève ou manifester dans son coin…  sans embêter personne si possible…c’est quand même mieux, non ? »

« On nie le caractère conflictuelle des relations sociales. Heureusement qu’il y a encore le championnat de foot, on peut se ruer sur l’adversaire avec la bave aux lèvres, il est même recommandé d’avoir un tempérament combatif. »

« Si vous voulez… il y a toujours une part de bestialité qu’il faut bien assouvir. D’ailleurs, c’et caractéristique de l’espèce humaine. D’où la nécessité de faire respecter l’ordre. »

« Donc… de faire intervenir une cohorte de CRS lourdement armés … vous ne trouvez pas qu’il y a là comme une contradiction. »

« Vous voudriez que les forces de l’ordre calme les casseurs en leur tendant une boite de chocolats ou un bouquet de fleurs, pendant qu’on y est… ?»

« Ce serait intéressant comme concept : combattre la violence par la douceur … »

« Soyons sérieux. Ne succombons pas à la violence. Sinon, c’est le plus fort qui aura toujours raison. »

« Euh, actuellement, c’est plutôt le plus riche qui impose sa loi, ça revient au même. »

« Et voilà… c’est encore la faute des riches ! »

« Euh… bon… je peux manifester tranquillement mon courroux maintenant ? »