Archive pour le 26 juin, 2014

Paix et guerre

26 juin, 2014

« Moi, je suis au-dessus de la mêlée. Je ne me mêle pas de vos basses querelles. »

« Ce n’est pas très courageux de votre part. »

« Je sauvegarde la possibilité de reprise du dialogue entre Dugenou et vous. Il faut plus de courage pour sauvegarder la paix que pour attiser la guerre. »

« C’est ça, oui ! Moi, les gens qui ne savent pas prendre parti, je n’ai pas beaucoup d’estime pour eux.  D’ailleurs, Dugenou vous considère comme un dégonflé ! »

« Et voilà, vous essayez de m’impliquer dans votre conflit au lieu de louer mes efforts pour établir la paix. Je ne répondrai pas à vos provocations ! »

« Mais, mon pauvre ami, la vie c’est la guerre. Dans quel monde vivez-vous ? »

« Je suis un vieux sage qui sait le coût du sang versé et de la misère. Suivez-moi donc dans la recherche de la paix au lieu de jouer les fiers-à-bras ! »

« Bon d’accord, dites à Dugenou que je suis prêt à ouvrir le dialogue dans un lieu neutre sous un arbitrage international. La cafétéria pourrait faire l’affaire. »

« C’est parfait ! Il m’a dit qu’il est d’accord aussi pour discuter, mais plutôt dans le local à photocopieuses. »

« Comment ? Mais c’est une agression. Le local à photocopieuse est son territoire de prédilection où il s’arrange pour lutiner les secrétaires ! »

« Bon, je propose une motion de médiation : la salle des archives. Je me fais fort d’obtenir la discrétion de Madame Boutifin, l’archiviste en chef.  Passons à la composition des délégations. « 

« Moi, je viendrai avec Jeannot, le coursier, Madame Barbichet la présidente de l’Amicale et Alfred Tourlourou, le comptable adjoint. »

« Non, ça ne va pas ! Dugenou ne veut qu’une personne par délégation. Passons à l’ordre du jour. Dugenou exige des excuses ! »

« Comment ça des excuses ? Dites tout de suite que vous prenez son parti. Ah, il est beau le vieux sage !  C’est à moi qu’il doit des excuses. »

« Bon, je chargerai les témoins de se présenter réciproquement des excuses, ça vous va ? Ensuite, nous pourrions envisager les bases d’un accord de non-agression. Vous voyez quand on ouvre le dialogue, on progresse sur le chemin de la paix. »

« Encore faudrait-il qu’il y ait des avancées significatives de la part de Dugenou… »

« Au fait quel est l’objet du litige ? »

« Il a oublié de me dire bonjour  en me croisant dans le couloir. C’est infamant ! Il profite de sa supériorité hiérarchique pour afficher son mépris ! »

« Nous pourrions construire un accord sur la base d’un abandon réciproque des reproches sans intérêt manifeste. »

« Comment ça, sans intérêt ? Il vous dit bonjour, Dugenou ? »

« Non, mais je m’en fous… Je ne dis bonjour à personne, c’est justement pour ça que je suis au-dessus des mêlées. »

« Comment ? Vous ne m’avez pas dit bonjour, aujourd’hui ? J’en étais sûr ! Vous voyez bien que vous ne m’aimez pas ! »