Quand nous serons grands
10 juin, 2014« Quand je serai grand, je serai homme politique. Comme ça, je ne paierai pas d’impôts. »
« C’est du propre ! Tu seras chassé du pouvoir comme un bandit ! Moi, je ferai journaliste et je m’occuperai de faire un tas de salades à propos de tes malversations. »
« Je m’en fous, je me draperai dans ma dignité en stigmatisant vous journaux qui ne recherchent que le scandale. »
« Ah bon ? Fais attention pace que je serai un journaliste d’investigation, un dur de dur, qui aurait des indics partout, même aux iles Caïman pour débusquer tous les comptes bancaires off-shore ! J’aime autant te dire que ça va faire mal ! »
« Bon, alors d’accord ! Je serai un homme politique avec impôts. Il faut quand même un peu de moralité dans ce monde de brutes. Mais je ferai plein de promesses électorales que je ne tiendrai pas du tout. »
« Très bien ! Moi, je serai un interviewer féroce qui ne reculerait devant rien pour mettre les élus en contradiction avec eux-mêmes. Je ne serai pas du genre à faire des cadeaux ! Avec moi, pas de baratin ! Des réponses précises et concrètes ! »
« Très bien ! Dans ces conditions, je participerai à des débats télévisé parce que moi je n’ai pas peur de discuter avec l’opposition. »
« Tu ne crains pas d’être mis en difficulté devant les caméras ? »
« Non, pas du tout parce que dans les débats, tout le monde parle en même temps, on ne comprend rien, donc je pourrai dire n’importe quoi en toute tranquillité. »
« Euh… ce n’est pas faux. Je vois que tu seras un homme politique qui saura très bien se servir des médias. Et je suppose que tu voudras que je fasse un reportage sur ta vie familiale dans ta propriété de de cinquante hectares dans le Limousin ? »
« Si ce n’est pas trop te demander, ce serait bien. De toute façon, si tu ne me fais pas passer dans les médias bling-bling, je m’arrangerai pour te griller dans toutes les rédactions. »
« Euh… On peut peut-être s’arranger… sans parler de collusion entre les pouvoirs médiatiques et politiques, bien entendu. Qu’est-ce qui te ferait plaisir ? Je peux faire courir une rumeur sur le dos du Grand Jacquot, par exemple. »
« C’est vrai que le Grand Jacquot veut faire le Révolution, ça ne me plait pas beaucoup. Si ça se trouve, les hommes politiques seraient obligés d’aller travailler en usine dans son système. Tu pourrais laisser entendre qu’il achète ses devoirs de français à Morissot qui, d’ailleurs les vend au plus offrant. »
« Ce serait pas mal. On se débarrasse de deux futurs adversaires politiques en même temps. D’une pierre deux coups ! On peut commencer le travaildans le journal du lycée. Après je t’interviewerai. Il faudra juste me passer les questions que tu veux que je te pose. »
« D’accord, et quand je serai homme politique, je te prends dans mon cabinet. »