Archive pour juin, 2014

Les contraires s’attirent

30 juin, 2014

Paul est petit, mais c’est un grand homme.

Quand Paul dit que c’est du lourd, on ne le prend pas à la légère.

Paul est noir, mais il est blanc comme neige.

Sa femme Armande est adroite, elle n’est pas gauche.

Elle connait bien le mal qu’on dit d’eux

Parce qu’ils ont connu des hauts et des bas.

Il est un homme, elle est une femme, c’est tout !

Avec eux, il ne faut pas jouer à gagnant-perdant !

Un expert

29 juin, 2014

« Maurice, vous êtes notre expert en économie. Vous venez de publier « Pour qui sonnent les clochent » aux éditions Duchmol. Qu’est-ce qu’il faut penser des dernières mesures du gouvernement ? Faites vite car il ne faut pas assommer nos téléspectateurs avec de longues théories. »

« Eh bien, Marcel, pour prendre une image très simple, je dirais que lorsqu’une voiture n’est plus conduite, elle va dans le mur. »

« Allons, allons ! Est-ce vraiment aussi catastrophique ? Concrètement qu’est-ce que cela signifie ? Mais alors, concrètement… »

« Regardons les chiffres, le taux de chômage s’est accru de 0.1 %. Cela signifie qu’il y a plus de personnes qui ne trouvent pas d’emploi. Vous vous rendez compte ? »

« Pourtant, le gouvernement prévoit le retour de la croissance. »

« Bien sûr, Marcel, le gouvernement ne veut pas décourager les marchés. Mais regardons la situation en face, les téléspectateurs n’aiment pas le baratin : ça ne va pas bien du tout. D’ailleurs, je vais sortir une nouveau livre pour montrer que, si on ne redresse pas la barre au plus vite, ça va aller encore plus mal que mal. »

« Voilà qui est intéressant, Maurice. Et dans les autres pays, ça se passe comment ?  Ils sont dans la panade comme nous ? »

« Ecoutez Marcel, regardons les chiffres, encore une fois ! Nous sommes les champions du monde de la faiblesse des taux. Les indicateurs sont tous au rouge. Heureusement qu’il y a encore quelques économistes comme moi pour regarder la situation en face. »

« Quelle solutions préconisez-vous, Maurice ? »

« Il faut un vrai choc, Marcel. En voilà assez des mesurettes qui ne servent à rien. Il faut tout remettre à plat. Sinon, tout le système va exploser. D’ailleurs, vous allez voir les agences de notation ! Elles ne s’y trompent pas. »

« Que répondez-vous à ceux qui disent qu’il ne faut pas faire de catastrophisme, cher Maurice ? Il y en a qui disent que ça va pas si mal que ça ! »

« Ce n’est pas sérieux, Marcel. Je ris. Regardons un peu dans le rétroviseur. L’économie n’a jamais été aussi mal en point. Ceux qui vous disent le contraire sont – pour prendre une image compréhensible par nos téléspectateurs- ceux qui conduisent la voiture avec un bandeau sur les yeux alors qu’il leur suffirait de consulter mes travaux pour disposer d’un bon GPS. »

« Cher Maurice, vos explications sont très claires. Mais qu’est-ce que vous pensez de la dette ? Hein ? Mais alors concrètement … »

« La dette ?… mais c’est très simple, c’est comme si vous dépensiez plus que ce que vous gagnez. Vous vous trouvez dans l’obligation d’emprunter pour boucler vos fins de mois. C’est exactement ce que fait le gouvernement. Après qu’est-ce qu’il se passe ? Eh bien, il faut rembourser et les marchés… »

« Merci, cher Marcel, nous voilà bien renseignés. Il nous faut rendre l’antenne non sans avoir rappeler le titre de votre livre…»

Partie charnue

27 juin, 2014

Louis est un vieil usurier : un vrai fesse-mathieu.

Il est toujours derrière ses débiteurs.

Il fait leur siège.

Parfois il leur file le train.

Il n’admet pas de remboursement postérieur à l’échéance.

C’est le genre de choses qui le mettent en pétard.

Seule sait le calmer Lina, la belle boulangère qui lui vend des miches

Et qui lui a promis la lune.

Paix et guerre

26 juin, 2014

« Moi, je suis au-dessus de la mêlée. Je ne me mêle pas de vos basses querelles. »

« Ce n’est pas très courageux de votre part. »

« Je sauvegarde la possibilité de reprise du dialogue entre Dugenou et vous. Il faut plus de courage pour sauvegarder la paix que pour attiser la guerre. »

« C’est ça, oui ! Moi, les gens qui ne savent pas prendre parti, je n’ai pas beaucoup d’estime pour eux.  D’ailleurs, Dugenou vous considère comme un dégonflé ! »

« Et voilà, vous essayez de m’impliquer dans votre conflit au lieu de louer mes efforts pour établir la paix. Je ne répondrai pas à vos provocations ! »

« Mais, mon pauvre ami, la vie c’est la guerre. Dans quel monde vivez-vous ? »

« Je suis un vieux sage qui sait le coût du sang versé et de la misère. Suivez-moi donc dans la recherche de la paix au lieu de jouer les fiers-à-bras ! »

« Bon d’accord, dites à Dugenou que je suis prêt à ouvrir le dialogue dans un lieu neutre sous un arbitrage international. La cafétéria pourrait faire l’affaire. »

« C’est parfait ! Il m’a dit qu’il est d’accord aussi pour discuter, mais plutôt dans le local à photocopieuses. »

« Comment ? Mais c’est une agression. Le local à photocopieuse est son territoire de prédilection où il s’arrange pour lutiner les secrétaires ! »

« Bon, je propose une motion de médiation : la salle des archives. Je me fais fort d’obtenir la discrétion de Madame Boutifin, l’archiviste en chef.  Passons à la composition des délégations. « 

« Moi, je viendrai avec Jeannot, le coursier, Madame Barbichet la présidente de l’Amicale et Alfred Tourlourou, le comptable adjoint. »

« Non, ça ne va pas ! Dugenou ne veut qu’une personne par délégation. Passons à l’ordre du jour. Dugenou exige des excuses ! »

« Comment ça des excuses ? Dites tout de suite que vous prenez son parti. Ah, il est beau le vieux sage !  C’est à moi qu’il doit des excuses. »

« Bon, je chargerai les témoins de se présenter réciproquement des excuses, ça vous va ? Ensuite, nous pourrions envisager les bases d’un accord de non-agression. Vous voyez quand on ouvre le dialogue, on progresse sur le chemin de la paix. »

« Encore faudrait-il qu’il y ait des avancées significatives de la part de Dugenou… »

« Au fait quel est l’objet du litige ? »

« Il a oublié de me dire bonjour  en me croisant dans le couloir. C’est infamant ! Il profite de sa supériorité hiérarchique pour afficher son mépris ! »

« Nous pourrions construire un accord sur la base d’un abandon réciproque des reproches sans intérêt manifeste. »

« Comment ça, sans intérêt ? Il vous dit bonjour, Dugenou ? »

« Non, mais je m’en fous… Je ne dis bonjour à personne, c’est justement pour ça que je suis au-dessus des mêlées. »

« Comment ? Vous ne m’avez pas dit bonjour, aujourd’hui ? J’en étais sûr ! Vous voyez bien que vous ne m’aimez pas ! »

Des mots à rallonge

25 juin, 2014

Jean habite Saint-Remy-en-Bouzemont-Saint-Genest-et-Isson dans le département de la Marne.

Ce qui n’est pas anticonstitutionnel.

Il est kinésithérapeute.

Il a toujours eu une attitude donquichottesque.

Surtout quand il s’est marié à Marthe, une péripatéticienne.

Jean ne se recroquevillera jamais sur lui-même.

Cinématographiquement parlant, sa vie est un bon sujet.

Certains voudraient lui faire subir un électro-encéphalogramme

Ils entraperçoivent une anomalie

Car Jean utilise toujours des mots très longs.

Faut-il travailler ?

24 juin, 2014

« J’ai beau tendre l’oreille, le travail ne m’appelle pas. Il me laisse bien tranquille dans mon coin. Il faut dire que je ne l’embête pas beaucoup. 

« Mais enfin, vous n’avez pas un sentiment de culpabilité quand vous voyez partir les autres au labeur ? »

« Euh… non ! En général, ils ont l’air fatigué d’avance, ça ne me donne pas envie de prendre leur place. »

« Vous ne donnez pas l’exemple au jeunes. Vous devez prendre de la peine. »

« Pourquoi ? Je n’ai pas spécialement envie d’avoir ma part de peine, je la laisse volontiers aux autres. »

« Le travail est une valeur libératrice… »

« Bin… non Quand je vais au bureau, je suis obligé de faire ce que me dit mon chef Dumoulin, sinon il s’énerve et me répète que je suis un mauvais élément. »

« Ce qui est peut-être vrai.. »

« Non… car figurez-vous que je réfléchis au sens de ce que je fais, moi. Ce n’est pas si courant. D’ailleurs, ça m’entraîne à ne pas faire grand-chose car la vie n’a pas beaucoup de sens… »

« Il n’empêche que vous vivez quand même et que vous aimez bien avoir vos aises. Or, figurez-vous que pour avoir vos aises, il faut des moyens et donc travailler. »

« Je vois ce que c’est… on cherche à m’enfermer dans mes contradictions au lieu de me comprendre….  Si je me mets à travailler sérieusement, je vais me fatiguer et perdre l’envie de penser et du même coup ma liberté de pensée. Vous ne trouvez pas que le travail enferme l’individu dans un train-train quotidien sans perspective stimulante ?… »

« Euh… maintenant que vous le dites, je trouve que certains soirs, je suis crevé et je vais me coucher après avoir entendu ce qu’il fallait penser de la vie aux actualités de vingt heures. Mais c’est normal, pour que le travail collectif soit efficace, il faut le partager : il y a ceux qui bossent sur leur PC toute la journée et d’autres qui se préoccupent de penser à leur place : les journalistes, les politiques, les vedettes… »

« Moi, je suis du côté de ceux qui pensent, sauf que personne ne s’intéresse aux fruits de mes réflexions. C’est pourtant intéressant..  »

« Peut-être, mais on n’a pas encore validé le métier de penseur. En français, ça s’appelle un paresseux et ce n’est pas très bien vu… »

« Bon d’accord, je vais arrêter avec les arrêts maladie et essayer de travailler, mais vous, vous faites quoi, au fait ? Vous bossez souvent ? »

« Euh… là, je me rends à Pôle Emploi… »

Nos mauvais poèmes

23 juin, 2014

Un pauvre homme nommé Arsène

Se promène sur les bords de la Seine

Il avait une vie saine

Lorsqu’il fabriquait des avions qui marchaient au kérosène

A Paris, il est monté sur scène.

Mais sa prestation a été jugée obscène

Par son triste mécène

Ce dernier lui assène

De retourner dans sa région toulousaine.

Le beau et le moche

22 juin, 2014

« Moi, j’aime bien vibrer. »

« Moi aussi. Vous vibrer beaucoup ? »

« Devant une belle œuvre d’art, un beau paysage, un beau visage. Mais c’est rare. La plupart du temps, il faut se contenter de médiocrités. »

« Heureusement ! Car si tout était beau, on ne serait plus ébloui par la beauté et on ne vibrerait plus. »

« Vous avez raison, il faut entretenir la rareté du beau. En outre, moi quand je vibre devant le beau, je me sens devenir – pour un instant – plus intelligent. Si on me supprime ces moments, je ne vous dis pas la déprime. »

« Il est vrai que pour apprécier des moments agréables, il faut avoir connu des moments désagréables. »

« Quand tout va bien, quand on est dans un environnement agréable, on finit par s’y habituer et par ne plus apprécier. Heureusement, l’être humain a une curieuse manière de se complaire dans la morosité et les soucis, ça le sauve. »

« Ce doit être pour ça que les média nous parlent de la crise à tout bout de champ. Nous pouvons mieux apprécier les moments de grâce. Merci les médias ! »

« Faisons attention à ne pas être trop beau, ni au physique, ni au caractère parce que les gens pourraient s’en lasser trop rapidement. La preuve, c’est qu’on dit toujours des bébés qu’ils sont beaux. C’est parce que les enfants en bas âge n’ont pas encore perçu la nécessité d’être moches. Moi, j’ai compris très tard. »

« Moi aussi, mais je n’oublie pas d’avoir un beau geste de temps en temps pour pouvoir éblouir mon entourage. »

« Il faudrait une police du beau qui serait chargée d’entretenir les vilains paysages : les décharges à ciel ouvert, les chemins défoncés, les masures délabrées. Comme ça, nous pourrions encore nous pâmer devant un coucher de soleil sur la campagne qui s’endort doucement, alors que tintent au loin les clochettes d’un troupeau de bétail. »

« Vous avez raison, il faudrait également former des mauvais peintres, des écrivains désastreux, des acteurs lamentables…pour pouvoir apprécier correctement les bons. »

« Il en existe quelques-uns d’épouvantables, mais ils essaient de s’améliorer. Il faudrait leur interdire des progrès. »

« En foot, c’est pareil, il faudrait favoriser les passes à l’adversaires et les tirs à côté du but, si on veut continuer à vibrer pour le beau jeu. »

A notre rayon outillage

21 juin, 2014

Jeanne est une bêcheuse

Sa mère n’arrête pas de le lui marteler

Louis en pince pour Jeanne

Mais Jeanne est une tête de pioche.

Elle le rejette tout en se limant les ongles.

Louis est cloué sur place.

Il n’est pas prêt de lui rouler une pelle.

Il va prendre un râteau.

Le sportif et le lecteur

19 juin, 2014

« Je fais du sport pour préserver ma santé et retrouver la ligne. »

« Moi, je ne fais rien. Le sport, c’est très fatigant. Après, je suis obligé de me reposer et je ne peux donc rien faire d’autre.  C’est ce qui explique mon embonpoint. Je préfère me cultiver, faire faire du sport à mes neurones. »

« Moi, je fais aussi du sport pour maigrir. Le problème c’est qu’en faisant du sport, je prends du muscle, que le muscle c’est lourd, donc je grossis. »

« Oui, à vous voir, on dirait un pilier des All Blacks. Vous ne devez pas être très intelligent pour être aussi costaud. »

« Détrompez-vous pour triompher dans les mêlées de rugby, il faut être malin. Considérer que les sportifs sont des idiots est une idée reçue. Certains font des phrases. »

« Des phrases ? Comme : on va faire mieux la prochaine fois, ou alors : on va tout faire pour gagner ! »

« Ce sont déjà de belles preuves de confiance en soi. Ils ne sont pas si nombreux les gens qui croient en leur destin. Vous, est-ce qu’avec vos bouquins, vous vous sentez prêtes à empoigner la vie ? »

« J’empoigne la vie des autres et je regarde si ça me plait. J’ai plus de choix que vous.. Je peux connaitre des aventures maritimes ou alors des grandes histoires d’amour ou encore mener une enquête policière… »

« Finalement, vous êtes assez cohérent. En restant sur votre fauteuil, vous attrapez du cholestérol ou du diabète, et entre deux visites de l’infirmière, vous avez le temps de lire vos romans. »

« C’est mieux que de ne rien faire entre deux séances de musculation… »

« Figurez qu’écouter son corps, ce n’est pas ne rien faire. Votre corps a beaucoup de choses à dire sur vous, vos angoisses, vos envies… On ne s’écoute jamais assez. »

« Moi, il me dit surtout qu’il a faim… »

« Justement, si
vous ne l’écoutez qu’aux heures du repas, vous vous réduisez à un tube digestif. Après vingt siècles de civilisation, c’est un peu juste ! Vous voyez, je lis peut-être Bibi Fricotin, mais j’ai des réflexions d’ordre philosophique… »

« Bibi Fricotin, ça existe encore ? »

« Euh… finalement… on pourrait s’organiser entre nous. On se met à la retraite, on fait du sport ensemble et après vous me faites la lecture pour améliorer ma culture littéraire. Je ne peux pas vous proposer de faire du sport à votre place, tout de même ! Tandis que vous, vous pouvez me parler de vos livres, j’aime bien votre voix ! »

« Vous ne manquez pas d’air. C’est moi qui fais tout ! »

« Euh… Oui. »

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