Archive pour mai, 2014
Coup pour coup
20 mai, 2014« Il ne faut pas juger les gens sur les apparences. »
« Oui, mais enfin, moi quand j’ai devant moi un visage triste, fermé, amer, sévère, je ne suis pas enclin à avoir un contact favorable avec la personne. »
« Evidemment, vous croyez que vous êtes d’un abord convivial et avenant avec vos lunettes qui ne sont plus à la mode, votre grand nez et vos oreilles décollées. »
« Peut-être, mais mon regard coquin et ma voix enjouée donne envie de m’aborder. Je ne rebute pas au premier regard. »
« Ah bon ? Et votre façon de vous esclaffer bruyamment à tous propos ou de déployer largement votre mouchoir devant les autres quand vous êtes enrhumé ? Vous croyez que ça met tout le monde à l’aise ? Hein ? »
« C’est quand même mieux que les gens qui toussent devant vous parce qu’ils fument trop. Ils m’empêchent de m’exprimer. »
« Et quand vous vous curez le nez ou les oreilles, c’est bien ça ? »
« C’est quand les autre m’énervent. Par exemple, pour embêter ceux qui font craquer leurs doigts ou qui se mangent les ongles. »
« Quant à vos tics de langage exaspérant, n’en parlons pas. Vous dites ‘en fait’ toutes les cinq minutes comme si vous n’étiez pas persuadé de ce que vous dites. »
« Tout le monde fait pareil. Si ce n’est pas ‘en fait’, c’est ‘c’est clair’. Je n’en peux plus des ’c’est clair’. »
« Et votre façon de ‘rebondir’ sur ce que je dis. C’est agaçant ! On se croirait sur un trampoline verbal d’autant plus qu’en général vous partez sur des choses qui n’ont rien à voir avec ce que l’autre vient de dire. C’est une ruse pour vous emparer de la parole. »
« Vous en avez de bonnes, mais toute conversation est un combat. Il faut bien que je me défende. »
« Malheureusement vous avez raison. Avant de se parler, il faudrait signer un pacte de non-agression. Pas de doigt dans le nez, pas de toux agressive, pas de ‘c’est clair’… »
« C’est un peu utopiste, mais enfin vous devriez essayer. N’oubliez pas les gens qui ont payé un comparse pour les appeler sur leur portable et qui se lèvent à toute allure avec un sourire gêné en prétextant une communication urgente. »
« Bon, il faudrait envisager un traité de paix international qui détaillerait les conditions d’un désarmement international. Où que l’on soit, on pourrait discuter agréablement avec son interlocuteur sans craindre une quelconque agression verbale. »
« Qu’est-ce que vous en pensez ? »
« C’est pas mal, je vais en parler aux Américains et aux Chinois. »
A notre rayon chaussures
19 mai, 2014Mes erreurs
18 mai, 2014« Il faut savoir reconnaître ses erreurs. »
« Euh… non. Moi, je ne sais pas. »
« Dites plutôt que vous n’en avez pas envie. »
« C’est ça. Reconnaître ses erreurs, c’est pénible. On a toujours l’impression d’être pris pour un imbécile. »
« Au contraire, c’est très noble d’admettre qu’on s’est trompé. »
« Sauf quand on s’est trompé de camp. Auquel cas, lorsqu’on passe dans l’autre camp, on est plutôt traitre, non ? Finalement on a le choix entre la trahison et l’hypocrisie. »
« Moi, je ne vous parlais pas de politique. Imaginez que vous rapportiez une cafetière qui ne marche pas, au service après-vente d’un magasin. Le préposé manipule l’appareil et le fait fonctionner en deux coups de cuiller à pot. Qu’est-ce que vous faites ? »
« Je fais une scène pour qu’il me change ma cafetière au motif qu’il m’a vendu un objet qui ne marche que dans son magasin. »
« C’est idiot. Il serait plus facile de reconnaitre que vous n’avez pas pris le temps de lire le mode d’emploi. »
« Je ne peux pas, c’est écrit trop petit. Et puis comme c’est mal traduit du coréen, on ne comprend rien. »
« Décidemment, vous inventez n’importe quoi pour vous disculper. »
« Surtout quand je me sens coupable. Je veux bien faire des erreurs, mais pas une erreur aussi bête. J’ai ma dignité tout de même. »
« Dans le cas présent, vous perdez tout y compris votre dignité. Le préposé va vous dire avec un sourire ironique qu’il vaut mieux lire les notices d’activation pour faire marcher les ustensiles. Et après, il ira raconter cette histoire à son copain pour rire de vous. Pire, s’il y a une file d’attente derrière vous, tout le monde va se gondoler. Certains se retiendront de rigoler, mais leurs regards de commisération vous exaspéreront. Vous voyez les dégâts ? Allons, allons, reconnaissez vos torts ! »
« Tout ça pour prendre mon petit déjeuner tranquillement. »
« On est tranquille que lorsqu’on est honnête. »
« Moi, je préfère rejeter la responsabilité de mes erreurs sur les autres, c’est comme ça que je suis serein. »
« Comme les autres aiment s’arranger pour que vous supportiez le poids de leurs fautes, vous vous débarrassez de vos fautes, mais vous récupérez celle des autres. Vous n’êtes guère avancé. »
Un métier de bouche
17 mai, 2014Contre son opposant, le président avait une dent
Mais il a pris langue avec lui.
L’opposant lui a fait des remarques incisives
Qui n’ont pas plu au palais.
Désormais, le président ne joue plus avec lui.
Il a la bave aux lèvres
Il veut lui faire rendre gorge.
Aux élections, il n’en fera qu’une bouchée.
Il ne lui offrira pas sa couronne.
Jeux de mots
16 mai, 2014Un notable
15 mai, 2014« Je suis un notable notable. »
« Ah bon ? A quoi ça se voit ? »
« A mon allure qui impose le respect, à mes vêtements faits sur mesure, à la montre à gousset dont la chaine barre ma panse proéminente. »
« Et quand on a la taille fine et des abdos en béton, on ne peut donc pas être notable ?»
« Non pas vraiment, c’est le signe que vous ne passez pas votre temps à vous empiffrer dans des diners mondains, ou pire que vous faites du sport ! »
« Vous ne pouvez pas avoir de montre-bracelet comme tout le monde. »
« Non, je ne pourrais pas avoir ce geste élégant qui consiste à tirer l’oignon de la poche de mon gilet pour consulter l’heure d’un œil empressé. »
« Et votre canne ? »
« C’est pour l’élégance aussi, ça me donne l’air important et en plus comme elle a le pommeau dorée, ça donne la mesure de ma réussite sociale. »
« Donc, vous avez toute la panoplie. Il ne manque rien. »
« La seule chose qui m’embête, c’est le téléphone portable. Se promener dans la rue avec l’oreille collé à ce boitier, ça fait peuple… tout le monde le fait. »
« Oui, c’est un peu commun. »
« En plus, comme je suis un notable, je dois pas être trop accessible. Je ne sais pas pourquoi je vous parle. Il faudrait que vous preniez contact avec ma secrétaire pour savoir ce que c’est qu’un notable. Avec un peu de chance, vous pourrez avoir un rendez-vous dans trois mois… »
« C’est plus rapide que chez l’oculiste. »
« Ah bon ? Alors ce sera six mois. »
« En attendant si je veux étudier un notable je fais comment ? »
« Vous pouvez me voir déambuler dans la rue. Il faudra simplement vous écarter respectueusement sur mon passage et ne pas m’importuner avec des questions. Vous ne pouvez pas savoir le nombre de quémandeurs que je dois éconduire. »
« Ce sera tout ? »
« Oui, avec un peu de chance, si je vous aperçois, je vous saluerai d’un léger mouvement de tête. C’est déjà une marque de considération de ma part dont vous pourrez vous prévaloir auprès de vos amis. »
« Je suis honoré d’avance ! »
« Je suis honoré … Maître…s’il vous plait. »
Les Ex
14 mai, 2014J’ai vu mon ex
Qui existe encore
Il travaille comme extra
Ce n’est pas extraordinaire
Car il excelle dans cette activité.
Exceptionnellement, il peut m’être utile
Dans son métier, c’est un expert
Même s’il est extravagant et extraverti
Je ne m’exprimerai pas explicitement sur ce point
Ne soyons pas trop exigeant.
Soyons généreux !
13 mai, 2014« Aujourd’hui, pour bien vivre, il faut être bon en tout : informatique, droit, bricolage, politique, littérature, amour, machine à laver, automobile etc… etc… »
« Moi, ça tombe bien, je sais beaucoup de choses. Je me place assez bien dans tous les domaines. »
« Vous pensez un peu à ceux qui ne savent rien. Ceux qui ont fait latin-grec au lycée ou alors une licence en sanscrit. Comment font-ils ? »
« « Il faudrait qu’après les grands écoles ou leurs doctorats, ils fassent un CAP de mécanique de façon à rencontrer le peuple. Il n’y a rien de tel. Quand vous êtes dans le peuple, vous avez un tas d’emmerdes sur le dos, pas d’argent pour vous en sortir. Vous êtes donc bien obligé d’apprendre la serrurerie, la plomberie, l’informatique, la couture, etc… Vous comprenez ? »
« Oui, finalement, il faudrait venir en secours à nos élites. »
« Euh… pas trop de charité quand même ! Assez d’assistance ! Il faudrait les laisser mariner un peu ! Qu’ils fassent un effort pour s’intégrer à la vraie vie. Par exemple on pourrait les aider à réparer leur machine à laver à condition qu’il fasse un effort pour dire des gros mots ou allez jouer au PMU. Enfin quelque chose qui fasse peuple, quoi … »
« Vous avez raison, n’en faisons pas des assistés. Mais quand même quand je vois nos ministres qui ne savent même pas conduire une voiture. On ne peut pas les laisser dans cet état-là. »
« Bon, on va faire une soirée caritative. On récoltera un peu d’argent, ça servira à payer quelques délinquants pour qu’ils aillent leur piquer leur portable ou alors dépouiller leur gamin à la sortie de l’école. C’est le quotidien du peuple, ça !
« Ce serait généreux en effet. Est-ce qu’on pourrait-pas aussi les pousser à s’endetter jusqu’au cou pour qu’ils soient angoissés par leur fin de mois. ?
« Ce serait un peu compliqué, nos élites ont beaucoup d’argent. Latin-grec à partir de la quatrième, ça rapporte. C’est rare, donc c’est cher. »
« Bon, j’ai une autre idée. On pourrait leur refiler nos équipements électro-ménagers qui ne marchent jamais. Comme ça, ils passeront leur temps de libre à essayer de faire venir un réparateur et en plus, quand le type sera là, il leur prendra très cher ! »
« OK, ça c’est bien. C’est aussi la vie quotidienne du peuple. On pourrait également leur casser la figure aux élites, de manière à ce qu’ils soient obligés d’aller faire la queue aux urgences. On s’arrangera pour que les hôpitaux soient bourrés de manière à ce qu’ils mijotent pendant une demi-journée dans leur sang. Ils seront assis là, au coude à coude avec le peuple, tout en souffrant avec leurs semblables. »
« Il faut savoir être généreux avec les autres ! Ça, c’est de la solidarité ! N’hésitez pas à nous rejoindre ! Prenons soin de nos élites ! Vous pourriez très bien être un jour à leur place ! »