Archive pour mai, 2014
Sur notre stand de journaux
30 mai, 2014Y’a un cheveu !
29 mai, 2014« Il y a eu une époque où les jeune gens devaient sortir en étant bien rasés. Aujourd’hui, ils peuvent avoir une barbe de trois jours. C’est même recommandé. Il parait que les femmes trouvent ça sexy. »
« Eh oui ! C’est comme ça ! A un moment donné, il existe des normes sociales de l’apparence, et puis on s‘aperçoit soudain que c’est mieux quand on en prend le contre-pied. C’est comme les jeunes qui sortent avec un trou dans leurs jeans. Il y a cinquante ans, on en aurait déduit qu’ils sortaient d’une famille pauvre, aujourd’hui les jeans troués comme il convient, c’est très cher. »
« Ne m’en parlez pas le mien sort avec un pantalon qui tombe sur ses chaussettes, il parait que c’est fait exprès, c’est comme ça qu’il faut sortir aujourd’hui. »
« A toutes les époques, on a essayé d’innover, mais je reconnais que nos gamins font plus fort que nous. Nous, on se contentait de dénouer la cravate pour avoir l’air décontracté. Je n’aurais jamais osé aller travailler en bermuda et nu-pieds. »
« Pour la coiffure, c’est pareil. De mon temps, on se faisait la raie de côté et on se peignait comme il faut. A la rigueur, on tentait une coiffure en brosse. Maintenant, il n’y a plus de milieu, ou bien les gamins se rasent la boule ou ils se promènent avec une chevelure informe qui part dans tous les sens. En plus avec les gels de coiffure, ça tient toute la journée. On se demande s’ils ne sont pas toujours en train de sortir de la douche ou de leur lit. »
« Maintenant, il y a pire. Les garçons se rasent sur le côté et se forment une crête au-dessus du crâne. Quand ils ont la tête bariolée toutes les couleurs, c’est encore mieux. »
« Quand je pense que mon père m’a jeté dehors parce que je m’étais laissé pousser les cheveux aux épaules pour faire comme les Beatles. »
« Et tous ces shampoings anti-poux que me faisaient ma mère !! Une vraie souffrance !»
« Maintenant, vous avez le choix entre cent cinquante marques de shampoing. Les anti-poux, les antipelliculaires, les revitalisants, les fortifiants, les réparateurs, ceux qui font repousser les cheveux, ceux qui leur donnent du brillant ou la couleur que vous voulez… Vous vous y retrouvez-vous ? »
« Non, d’autant plus qu’il y a aussi l’après-shampoing, l’avant-shampoing, la mousse coiffante, l’aérosol micro je-ne-sais-quoi… Les entreprises savent s’occuper de nos cheveux. D’ailleurs, comme personne n’y comprend rien, ma femme s’est empressée d’ouvrir un cabinet de coaching capillaire. Elle n’arrête pas. »
« Les cheveux, il parait que c’est important sur le plan érotique. Le passage de la main dans les cheveux de son partenaire est un grand moment qu’il ne faut pas gâcher en arborant une chevelure grasse. Le toucher de la texture soyeuse est d’une grande intensité. La souplesse est aussi une composante du charme des femmes surtout lorsque leurs cheveux s’envolent gracieusement autour de leur doux visage dans un mouvement de tête harmonieux. »
« Bon, si on allait soigner nos calvities ? »
Une bande de voleurs
28 mai, 2014Les prévisionnistes
27 mai, 2014« Il faut tirer la sonnette d’alarme avant qu’il ne soit trop trad. Sinon, on va tous dans le mur. »
« Comment le savez-vous ? Vous avez des dons de divination de l’avenir ? »
« Oui, avec l’expérience du passé, on finit par se douter de ce qui va arriver. »
« Si on avait tout prévu, on n’aurait pas la crise aujourd’hui. Il n’y aurait pas de violence scolaire ou dans les banlieues, il n’y aurait pas de misère… Bref, tout le monde serait heureux. »
« Ne vous inquiétez pas tout ça, c’était prévu aussi. Je n’ai pas dit qu’il faut que tout le monde soit heureux, j’ai dit que tout ce qui arrive était prévu. Nos instances gouvernantes sont là pour ça : gouverner, c’est prévoir ! »
« Si je comprends bien, l’important ce n’est pas qu’on aille dans le mur, c’est de prévoir qu’on va y arriver. »
« Oui, comme ça, je peux tirer la sonnette d’alarme pour me rendre intéressant. Les gens adorent qu’on leur annonce des catastrophes. »
« Mais si on n’arrive pas dans le mur ? »
« Je pourrais dire tranquillement que c’est grâce à moi, puisque j’avais tiré la sonnette d’alarme à temps. »
« Bon autrement dit, le plus important est de faire des prévisions. Qu’elles soient justes ou fausses, ça n’a aucun intérêt. »
« Evidemment, gros nigaud. En mettant les choses au pire, si mes prévisions sont fausses, je ferai demain d’autres prévisions en tenant compte de mes erreurs passées, comme ça je passerai pour un homme sérieux qui accepte de se tromper et qui en tire des conséquences pour rectifier le tir. »
« Bref, vous vous en tirez tout le temps. Et les brillants prévisionnistes qui avaient prévu qu’en l’an 2000 tout le monde circuleraient en soucoupe volante, vous en pensez quoi ? »
« C’était un scénario tout à fait vraisemblable. C’est un exemple d’une prévision qu’il faut réajuster. Moi, je prévois ça pour l’an 3000. Et puis, si la réalité ne colle pas à mes prévisions, ce sera pour l’an 4000… »
« Mais on ne sera plus là pour vérifier… »
« C’est justement ce qui me permet de prévoir l’avenir. C’est un métier. Je ne prévois pas dans le court terme. Quand je dis qu’on va dans le mur, je ne donne pas de date. Si on heurte le mur, j’aurais raison. Si on ne le heurte pas, je vais continuer à dire qu’on y va quand même, et que ce sera les générations futures qui en feront les frais. Quand on parle de nos enfants, c’est assez facile de culpabiliser les gens. J’ai raison dans tous les cas de figure. »
Cha suffit !
26 mai, 2014L’indifférence
25 mai, 2014« Vous m’êtes complétement indifférent. Votre existence me fait autant d’effet que celle d’une bouche d’égout. »
« Ah bon ? Et pourquoi ? »
« Vous ne vous rendez pas compte. Si je prends en considération votre existence, je serais obligé de vous aimer ou de ne pas vous aimer. Il faudra que je me demande pourquoi je vous aime ou pas. Ça me prendra beaucoup trop de temps. »
« Oui, mais enfin, on est entre êtres humains, pas entre bouches d’égout. Vous pourriez me saluer et me demander comment je vais, ça n’engage à rien. »
« Et voilà ! Dès qu’on se parle, on est obligé de faire preuve d’hypocrisie. Vous allez comme vous allez, moi ça ne m’intéresse pas. »
« Donc, si je décède, ça ne vous fais rien. »
« Si, si tous ceux qui m’indiffèrent disparaissent, qu’est-ce que je vais faire de mon indifférence. Il ne restera que des gens qui ne me sont pas indifférents. Il va falloir que je me demande pourquoi je les aime ou pas. »
« Finalement, je vous rends service. »
« Oui, un peu. Quand je n’ai pas le courage de m’interroger sur quelqu’un, je le mets dans la catégorie des indifférents et puis c’est terminé. »
« Et si je vous rends service, vous allez être obligé de m’aimer un peu ? »
« Non, parce que vous cherchez à me mettre en contradiction avec moi-même. Si vous me rendez service, je vous mettrais dans la population de ceux que je déteste. Croyez-moi, rester dans les indifférents, vous serez plus tranquille. »
« Il faudrait que vous me soyez indifférent aussi pour que nos relations soient équilibrées. Et ce n’est pas gagné ! »
« Ah mince alors ! Ne me dites pas que vous m’aimez, c’est très déstabilisant ! »
« Non au contraire, je ne vous aime pas du tout. Votre indifférence m’exaspère. Vous êtes particulièrement égocentriste. »
« Ecoutez, faites un effort ! Mettez-moi dans vos indifférents, comme ça, on sera tranquille. Si vous me détestez, je vais être obligé de me défendre et de vous traiter de tous les noms. De fait, vous tomberez dans ceux que je n’aime pas. »
« Tout vaut mieux que l’indifférence. »
« Euh… non ! Les gens comme vous sont très dangereux. Vous n’avez pas d’indifférent, c’est une grave lacune. C’est même contagieux, puisque vous obligez les autres à ne pas être indifférent avec vous. Vous videz ma catégorie d’indifférents. »
Et ron et ron petit patapon
24 mai, 2014Nos mauvais poèmes
23 mai, 2014De la cohérence
22 mai, 2014« Il faut être cohérent. Il faut mettre ses actions en conformité avec ses paroles. Sinon, c’est mal »
« En appliquant ce genre de principe, je ne dirais pas grand-chose. Si je dis que je vais m’intéresser au chant grégorien et que j’arrête après deux ou trois essais, je passe pour un rigolo. Il faut se donner le droit de dire n’importe quoi, sinon la vie va devenir infernale. »
« Vous pourriez très bien essayer le chant grégorien, avant d’en parler. Ce serait prudent. »
« Non, ça ne va pas non plus. Si je fais les choses avant de dire que je vais les faire, on va me dire que je fais tout en cachette et que je ne communique pas. »
« Bon, bin… alors, mettez des nuances. Dites que vous allez essayer de vous intéresser au chant grégorien, mais que vous n’êtes pas sûr de votre coup. »
« Euh… mais si je fais tout le temps ça, je vais passer pour le type qui ne sait pas ce qu’il veut. C’est très embêtant. »
« Si je comprends bien, vous préférez dire que vous allez faire des choses, sans être certain de les faire. Dites au moins que vous aimeriez bien vous passionner pour le chant grégorien, mais qu’il s’agit là d’une hypothèse dont vous n’assurez pas la réalisation. »
« Euh… c’est un peu compliqué. Finalement, quand je parle de ce que je projette de faire, je prends beaucoup trop de risque. Je préfère parler de ce que devraient faire les autres. Comment ils devraient se comporter. Donner des leçons. »
« Par exemple ? »
« Par exemple, il faudrait que les gens cessent de regarder des émissions débiles à la télé. C’est vrai, ça ! On ne réfléchit plus assez ! »
« Et vous, vous ne les regardez pas ? »
« Si, de temps en temps, mais moi, c’est pas pareil. Je suis bien obligé de les voir pour constater que c’est débile. Et puis ça me donne l’impression d’être intelligent. »
« Vous avez d’autres exemples. »
« Oui, je dis souvent que si tout le monde donnait aux pauvres, il n’y aurait plus de pauvres. »
« Vous donnez, vous ? »
« Non, j’attends que tout le monde donne, si je suis le seul ça ne sert à rien. Je me ruine et ça n’a aucun effet. »
« Euh… vous ne trouvez pas qu’il vaudrait mieux ne rien dire, ne pas trop la ramener. »