Souffrir… Être heureux
15 avril, 2014« Moi, je m’en fiche, je fais seulement ce qu’il me fait plaisir de faire. »
« Et vous croyez que c’est comme ça que vous allez être heureux ? »
« J’en sais rien, mais au moins je me serais fait plaisir. Si je veux aller en Australie pour mes congés, je ne vois pas ce qui m’empêcherait de le faire. »
« Certes, vous irez en Australie parce que vous avez les moyens, mais le voyage aurait été plus beau si vous aviez économisé pendant vingt ans pour vous offrir une telle destination. Pour être heureux, il faut d’abord souffrir. »
« Euh… je ne suis pas maso, je n’ai pas tellement envie de souffrir. »
« C’est dommage pour vous, parce que vous pourriez vous offrir des petits plaisir à peu de frais. C’est un peu comme l’équipe amateur qui bat les joueurs pros du PSG en coupe, ils ont souffert l’enfer, mais au bout du compte ils ont réalisé ce qui était, a priori, impossible. Ils sont envahis par une joie indicible à la fin du match. Ils se sont fait plaisir mais en même temps ils sont heureux parce qu’ils se sont dépassés. »
« Euh… moi, je me contente de plaisir. Me dépasser exigerait que je me rende compte de mes compétences et de mes limites. Je préfère les ignorer, car ça va me miner le moral. Quand on se rend compte de ce qu’on est, ça ne donne pas forcément l’envie d’être heureux. »
« Mais ça peut donner l’envie de se surpasser avec un peu de volonté. »
« La volonté est un luxe qui n’est pas très courante chez les riches. Moi quand je veux quelque chose je paie… »
« Vous êtes un affreux cynique. »
« Pourtant, j’ai fait l’effort de souffrir. J’aspirais à convoler avec Jeannine, mais elle s’est laissé convaincre facilement pas mon argent. Comment voulez-vous que je souffre dans ces conditions ? »
« Dis comme ça, évidemment… Vous vous faites plaisir, mais vous n’êtes pas forcément heureux. Vous pourriez écrire le roman de votre vie… »
« Je suis bien incapable d’écrire. »
« Justement. Faites un effort, si vous y parvenez, vous ne vous serez peut-être pas fait plaisir, mais vous serez heureux car vous aurez dépassé la peur de la page blanche. Et ne me dites pas qu’il suffit de payer un nègre. »
« Alors si je comprends bien, il faut surtout ne pas se faire plaisir quand on a du fric. Sinon, on est malheureux. A quoi sert d’avoir autant d’argent ? »
« Vous pourriez être généreux ! »
« Oui, je serai peut-être heureux, mais à la fin quand j’aurai tout dilapidé, je serai malheureux. On n’en sort pas. »