Où va-t-on ?
« Je suis sur Terre, mais je ne sais pas pourquoi. »
« Personne ne sait, mais on y est. On est bien obligé d’aller jusqu’au bout. »
« Le plus fort, c’est que le durée de vie augmente. On ne sait pas pourquoi on est là, mais on essaye d’y rester le plus longtemps possible. C’est curieux. »
« C’est probablement qu’on s’y trouve bien. »
« En plus, on éprouve le besoin de se reproduire dans nos enfants pour être sûr d’être encore un peu là, même quand on n’y sera plus. »
« On pourrait être aussi bien ailleurs, sauf que personne n’a expérimenté l’ailleurs. Sauf les astronautes, mais ils savent qu’ils vont revenir. »
« Comme on ignore la raison de notre présence, nous sommes obligés de nous inventer des objectifs, c’est-à-dire des raisons d’exister. »
« Et si, par miracle, une entité surnaturelle vous révélait le pourquoi de la présence de l’Homme sur Terre ? »
« J’en connais qui seraient bien embêtés, ce sont les hommes politiques. Ils ne pourraient plus faire semblant de savoir où l’on va. »
« Finalement, je trouve que c’est mieux qu’on ne sache pas. J’aime bien ce petit degré d’incertitude qui plane sur le déroulement de ma journée quand je me réveille. Quand vous sautez dans vos pantoufles, vous n’êtes jamais sûr de retrouver votre lit le soir. »
« Oui, mais moi, je préfère quand même savoir ce qui va se passer ou du moins en avoir une idée. Je peux mieux me préparer. »
« Il faut admettre qu’il y a un mystère non résolu. Personne ne vous dira le but de votre existence. Il faut faire avec. »
« C’est une escroquerie. Moi quand j’emmène Josiane en vacances, je lui dis où on va. »
« Vous la privez d’une surprise bonne ou mauvaise. Imaginez que quelqu’un de bien placé vous dise où va la race humaine. Cela pourrait être une situation apocalyptique : la guerre, la famine, la dégénérescence de la race… auquel cas vous seriez très déçu. Mais l’aboutissement de l’histoire de l’Homme pourrait être aussi très favorable : la vie éternelle, la félicité, la richesse pour tous… auquel cas vous vous sentiriez frustré de ne pas arriver plus vite à ce stade. »
« Si je vous comprends bien, mieux vaut ne pas savoir où l’on va. Mais vous n’avez pas envisagé qu’on puisse aller nulle part ? »
« Comment ça nulle part ? »
« Une situation de surplace. En l’an 15000, on en serait toujours au même point : les déficits, le chômage, les violences urbaines, la guerre au Moyen-Orient et il y aurait encore des gens qui feraient semblant de très bien savoir où l’on va. »
On peut déjà, dans certains pays, légalement décider que « ça suffit » et ce sera très bien le jour où ce sera le cas chez nous: il est indécent de partir si vieux que les descendants sont déjà vieux quand on part.
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