Archive pour avril, 2014

Jeux de mots

30 avril, 2014

C’est un ignoble vignoble.

La poule résiste à la houle.

Alain est malin.

Marc a un arc.

Il regarde le beffroi avec effroi.

J’entends des éloges depuis ma loge.

Le détroit est étroit.

Le rodeur sent des odeurs.

Cette tunique est unique.

Le hareng n’est pas marrant.

Omar en a marre.

C’est un vrai débat

29 avril, 2014

« Les hommes sont nés libres et égaux… »

« Euh… non. »

« Comment ça, non ? »

« Pas égaux. On est tous inégaux. A part les vrais jumeaux à la rigueur. Vous êtes plus grand que moi. J’avais des notes plus élevées que vous à l’école. Bref, personne ne ressemble à personne… Comment peut-on être égaux dans ces conditions ? »

« Certes, mais on a les mêmes droits. »

« Peut-être, mais vous, vous pouvez accéder à la notoriété, vous êtes plus fort que moi en sport. Avec mes petites jambes, je n’ai aucune chance. Donc, nous avons peut-être le même droit de faire du sport, mais nous n’arriverons pas au même résultat. »

« Vous confondez le droit que l’on a et la manière dont on l’exerce. »

« Est-ce qu’un droit est un droit si on ne sait pas s’en servir ou si on s’en sert mal ? Je peux exercer mon droit si quelqu’un m’a appris à m’en servir. Donc, le premier des droits, c’est le droit à l’éducation. »

« Encore faut-il accepter d’exercer son droit à l’éducation. Si les gamins sèchent l’école, ils ne sont pas près d’exercer leurs autres droits. »

« Ce qu’il y a d’étonnant, c’est que le fait d’exercer un droit peut être ressenti comme une contrainte. Les abstentionnistes qui ont la flemme d’aller voter se privent volontairement d’un droit, du coup on est conduit à leur dire que c’est un devoir. »

« C’est comme le droit de s’exprimer publiquement. Toutes les opinions et les créations sont respectables, mais des œuvres d’art discordantes de la pensée principales sont sévèrement condamnées. Du coup, certains hésitent à produire ce qui serait peut-être des chefs d’œuvre. En leurs temps, beaucoup d’artistes géniaux ont été vilipendés. »

« Euh… oui, mais c’est la preuve que la liberté individuelle est assurée… »

« Sauf pour les gens qui sont prisonniers de l’opinion des autres ou de leur manque de formation ou de de la mauvaise estime qu’ils ont d’eux-mêmes. »

« On ne peut pas légiférer sur les idées que l’on se fait des pensées d’autrui ou sur le mal-être de chacun. »

« D’où l’importance de la formation. On tourne un peu en rond. »

« Oui. Mais la formation est encore un foyer d’inégalités. Tous les formateurs ne sont pas égaux entre eux. Certains sont plus futés que d’autres. D’autres font ça pour gagner leur vie, sans motivation particulière. Là aussi, il faut tirer le bon numéro. »

« Finalement, on est tous égaux devant le droit de tirer un billet dans la grande loterie de la vie. »

« Eh oui !… vous reprenez un verre ? »

Locomotion

28 avril, 2014

Jean est un français métropolitain

Il est né à Bagnols

Il s’est marié avec une limousine

Il travaille avec entrain

Il a suivi un premier cycle à la fac

Où il a suivi les cours avec diligence.

Samedi, il a joué au ballon

Mais il ne sera jamais une vedette.

Aujourd’hui, il a dit : nous avions mieux à faire.

Organisons nos loisirs

27 avril, 2014

« J’aime bien jouer au puzzle. »

« Ouh ! Là ! Là ! C’est beaucoup trop long pour moi. Il faut réfléchir, élaborer des stratégies, se tromper, recommencer. »

« Oui, autrement dit exercer une intelligence humaine. »

« Vous qui êtes si malin, vous avez le temps de passer deux heures tous les soirs sur votre puzzle ? Votre téléphone vous fout la paix ? Et votre femme, elle est contente de vous voir passer toutes vos soirées sur des petits morceaux de bois ? »

« Au début, elle a trouvé ça un peu bizarre, mais elle a fini par s’acheter un puzzle. Nous sommes deux êtres d’une grande intelligence et d’une grande patience. »

« Bon, moi, je ne suis peut-être pas très intelligent, mais je préfère des occupations qui vont vite. Comme allez cinéma par exemple. »

« Ça vous prend quand même deux heures de votre précieux temps et vous n’avez pas la fierté d’avoir construit une œuvre compliquée que vous pourrez montrer à votre entourage qui vous félicitera de votre obstination. »

« J’aime mieux discuter des œuvres des autres pour pouvoir critiquer. Ça m’énerverait de faire un puzzle de mille pièces et que quelqu’un me le critique ou alors que quelqu’un ait l’air de mépriser ma passion pour le puzzle. Je ne vous gêne pas ? »

«Non pas trop. Je pense que vous devriez essayer de jouer au puzzle, c’est la voie de l’apprentissage de la patience et de la sagesse. »

« Bon, alors il m’en faudrait un pas trop compliqué en trois ou quatre pièces. Pour moi, il faut que ça aille vite ! Je n’ai pas de temps à perdre. »

« Il y a bien le puzzle des trois petits cochons pour les enfants de moins de cinq ans. Est-ce que ça vous conviendrait ? »

« Euh, pas tellement. Je ne me vois pas afficher les trois petits cochons dans mon salon, alors que j’y reçois des gens extrêmement importants pour la suite de ma carrière. Le mieux, ce serait que vous me fassiez un puzzle très complexe à réaliser et que je puisse le montrer en disant que j’ai passé six mois dessus. »

« Autrement dit, vous êtes en train de me sous-traiter vos loisirs. C’est d’accord à condition que vous partiez en Ouzbékistan cet été et que vous me racontiez tout, en revenant de façon à ce que je puisse me vanter d’y être allé dans mes conversations de bureau. C’est un échange de loisirs équilibré. »

« Ce n’est pas bête. Racontez-moi aussi le dernier bouquin que vous avez lu, celui qui fait mille pages. J’ai du mal à dépasser la page 10. Si je peux en faire une analyse détaillée, je passerai pour un être cultivé et  organisé puisque j’aurais trouvé le temps d’ingurgiter en pavé, malgré mes nombreuses occupations. »

Drôles d’oiseau

26 avril, 2014

Louise appelle Jean ‘son pigeon’.

Ce n’est pas une bécasse.

C’est une chouette femme,

Née à Milan.

Lui, il  la nomme ’ma petite caille’

Ils aiment s’amuser au jeu de l’oie

Puis il monte dans sa grue

Pour lui faire des coucous

Et de gentils petits signes.

Le critique

24 avril, 2014

« Je critique tout. C’est plus facile que louanger, ça me donne plus d’importance, on craint mes remarques acérées. »

« Peut-être, mais ça ne fait pas avancer les choses. »

« Je rends service à ceux qui font quelque chose au lieu de passer leur temps à critiquer les autres. Comme moi. Je les oblige à s’endurcir. »

« Tout de même… si tout le monde critiquait les autres, la vie deviendrait irrespirable. »

« Ce n’est pas possible. Il faut des gens qui aient l’envie d’être positifs et de construire quelque chose. Si ces personnes n’existaient pas, on ne pourrait pas critiquer. »

« Oui, mais les bâtisseurs ont plus de courage que vous. Ils savent prendre des risques. La critique est facile, et l’art est difficile. »

« Peut-être, mais ce n’est pas une raison pour se tromper. Quand un film est nul, il faut bien que quelqu’un le dise. Et même quand il n’est pas nul, il faut mettre en valeur ses insuffisances. Vous croyez que c’est de tout repos ? »

« Pour critiquer une œuvre, ne faut-il pas être capable d’en faire autant ? »

« Et pourquoi donc ? Si mon boulanger fait du mauvais pain, je ne vois pas pourquoi il faudrait que je me transforme en boulanger pour le critiquer. Je ne sais pas jouer de la musique, mais si un orchestre me casse les oreilles, j’ai le droit de le dire. »

« Bon d’accord, mais le boulanger ou le musicien ont besoin d’encouragements de temps à autres pour avancer. »

« Oui, mais ça c’est le boulot des laudateurs. Ceux qui trouvent que tout va bien. Ce sont des êtres un peu simples qui veulent être copains avec tout le monde. Moi, je ne suis pas hypocrite. Je n’ai peut-être plus de copains, mais je ne suis pas hypocrite. »

« En effet, vous avez fait le désert autour de vous. Plus personne ne vous parle de peur d’essuyer vos critiques acerbes. »

« Il ne me reste plus qu’à vous critiquer, vous, avec vos manières d’essayer de m’enfermer dans mes contradictions, vous me dérangez. Est-ce que j’essaie de vous coincer, moi ? Finalement, je suis plus sympa que vous. »

« Vous êtes en train de nier votre problème. »

« Si je reconnais que je critique trop, je tombe dans l’autocritique. C’est le danger qui guette tous ceux qui critiquent. Il faut faire attention. »

« Vous n’avez jamais rencontré quelqu’un qui vous critique ? »

« Non, c’est une règle de bonne tenue, un critique ne critique pas un critique, sauf peut-être un critique un peu trop constructif… Ce n’est plus un alors un vrai critique, c’est un collabo. N’oublions pas que les critiques doivent s’adresser, par nature, à ceux qui produisent quelque chose. »

Un petit chez soi

23 avril, 2014

Dans sa retraite de commerçant

Jules va au-devant d’un nid d’ennuis

Il bénéficie de nombreuses niches fiscales

Son argent a trouvé refuge à l’étranger

Où il a une caverne d’Ali Baba

Mais Jules a perdu ses repères

Il ne va pas sauver son foyer

Il risque de finir au trou.

L’indécis

22 avril, 2014

« J’aime bien l’indécision. »

« Comment ça ? Vous aimez être indécis ? Vous ne voulez pas être quelqu’un de déterminé qui sait toujours ce qu’il veut ? Vous savez que c’est très mal vu ? »

« Oui, mais ça permet de se donner de l’importance. Par exemple : vous êtes au restaurant. Le serveur prend les commandes. Tout le monde a dit ce qu’il voulait manger, sauf vous. Vous hésitez longuement, tous les regards se tournent vers vous. Les gens ont faim, allez-vous vous décider, oui ou non ? A ce moment précis, vous régnez sur la tablée grâce à votre esprit d’indécision. »

« C’est malin ! Vous vous rendez très désagréable. »

« Bon ! Un autre exemple plus positif. Les élections approchent. Vous ne savez pas si vous porterez votre suffrage à gauche ou à droite. Quelle chance ! Vous êtes obligé alors d’analyser en détail les professions de foi des candidats au lieu de les jeter à la poubelle comme tout le monde. Votre indécision vous conduit à un comportement citoyen au lieu d’une attitude sectaire, irréfléchie. Vous comprenez ? »

« Bon admettons. Mais il vient forcément un moment où il faut prendre des décisions ? Comment vous faites ? Par exemple quand vous avez épousé Juliette ? »

« Pour se payer le luxe d’être indécis, il faut être en position de supériorité. Si vous convoitez une femme, il faut commencer par vous assurer qu’elle vous convoite aussi. Vous pouvez alors jouer à celui qui hésite, qui prend son temps pour réfléchir. Elle va bouillir d’impatience. Et lorsque vous vous déciderez à la demander en mariage, elle sera tellement soulagée de ne pas vous avoir laissé échapper qu’elle vous sera fidèle à vie ! »

« C’est un peu de la manipulation votre truc. Et puis, imaginez qu’elle fiche le camp, exaspérée par votre indécision. C’est très risqué. »

« Ce n’est pas plus risqué que de prendre un râteau quand vous lui déclarez votre flamme. L’indécision, aussi c’est l’esprit d’ouverture. Imaginez que nous partions en vacances ensemble, vous adorez la mer, moi j’hésite entre la mer et la montagne. Vous pourrez alors développer votre argumentation pour faire pencher la balance de votre côté tandis que si je suis inflexible sur le choix de la montagne, nous ne nous comprendrons jamais ! »

« Je n’ai pas envie de partir en vacances avec vous. »

« C’était encore un exemple pour vous faire comprendre qu’un être indécis, c’est quelqu’un qui est ouvert au dialogue. Le contraire d’un être fermé et obtus. L’indécis n’est pas un psychorigide comme tous ceux qui campent sur leurs positions le couteau entre les dents ! Ce n’est pas mieux comme ça ? »

« Il n’empêche que c’est un mou et que dans notre société les mous sont durement stigmatisés. Moi, quand je suis mou, je me cache, je ne fais pas mon malin. A propos, il va falloir y aller, vous prenez du thé ou du café ? »

Après la lettre P

21 avril, 2014

Vous avez du culot

Nous sommes dans un cul-de-sac

Et non dans un lieu de culte

Ni sur une scène culturelle

Faites attention, je suis un cultivateur

Qui fait du culturisme.

Je peux vous culbuter

Sans le moindre sentiment de culpabilité.

Dessus, dessous

18 avril, 2014

Max et Marie ont plié leur dessus-de-lit

Qu’ils ont posé dessus la commode.

Ils ont passé leur pardessus

Puis sont partis bras dessus, bras dessous

En laissant leur maison sens dessus dessous.

Ils se sentaient au-dessus de tout soupçon.

Ils n’avaient pas besoin de sous

Car ils n’étaient pas en dessous du minimum vital.

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