Archive pour le 6 mars, 2014

Deux nullards

6 mars, 2014

« Il faut être indulgent avec moi. Je rate tout ce que j’entreprends. »

« Moi, c’est pire. Je n’essaie même pas : je ne sais rien faire. »

« Vous savez quand même faire cuire un œuf. Vous venez de réussir un magnifique œuf mimosa. Ce n’est pas donner à tout le monde. »

« C’est un hasard. D’habitude, je me trompe tout le temps sur la durée de la cuisson et ça se termine par quelque chose qui ressemble vaguement à une omelette. »

« Ce n’est pas grave. Moi, j’ai essayé de jouer au tennis. Résultat : un claquage du mollet au bout de trente secondes. Je n’ai pas voulu faire comme Maurice, mon partenaire, qui a fait son malin en s’échauffant longuement avant la partie. »

« Ça ne risque pas de m’arriver. J’ai acheté une raquette pour avoir l’air sportif, mais je ne sais pas la tenir. Je ne connais même pas les règles. Je trouve ce sport très ennuyeux. Je suis affligeant. J’ai voulu acheter un téléphone portable, je n’avais même pas le bon vocabulaire et je me suis fait refiler n’importe quoi. Mon mobile et très cher et je ne sais absolument pas le faire marcher. »

« Ne vous inquiétez pas, moi quand j’essaie d’appeler mes gamins, je prends une photo de mes pieds. Lorsque j’envoie un SMS à ma femme, c’est mon patron qui le reçoit. En plus, je ne tiens pas à me couvrir de ridicule devant les techniciens : je n’ai jamais soulevé le capot de ma voiture, je ne vidange pas ma machine à laver. Quand c’est cassé, j’achète un autre équipement, ça me stresse moins. »

« Moi, je commande par Internet, ça me permet d’échapper à une discussion technique avec les vendeurs, pendant laquelle je serai obligé de faire comme si je comprenais ce qu’il me dit, ce qui, de toute façon, n’a aucune importance puisqu’il me refile le matériel qu’il a décidé de me fourguer. »

« Mon handicap s’étend bien au-delà de l’électroménager. J’ai essayé d’apprendre l’anglais pour aller aux soldes à Londres avec Josiane. Résultat : on est rentré les mains vides ! »

« Je comprends. Moi avec Louise, on a voulu y aller aussi. Résultat : je me suis trompé de train et on n’est arrivé à Berlin. On a visité, mais ce n’était pas le temps des soldes. On s’est ruiné en souvenirs dont on n’a que faire. »

« Au bureau, on me confie les tâches les plus faciles. Très faciles. Je ne vais même plus chercher les cafés. J’ai renversé le dernier sur la tête du patron. Les syndicats m’ont reproché de ne pas l’avoir fait exprès. »

« Moi, je traite tous les dossiers qui n’ont pas d’importance, mais on m’a trouvé une utilité. Je sers de cas d’école qu’on montre aux nouveaux venus pour qu’ils sachent ce qu’il ne faut pas faire. J’essaie de me surpasser en nullité pour les éduquer correctement. »

« Vous avez de la chance. Moi, je tiens une partie du standard. On me passe toutes les communications embarrassantes, il parait que je sais très bien exaspérer les interlocuteurs agressifs qui finissent toujours par raccrocher. »