Leçon de français
4 mars, 2014« Savez-vous que l’on dit parallélépipède et non pas parallèlipipède comme certains sots ? »
« J’en prends note. Remarquez qu’il y a bien cinquante ans que je n’ai pas employé ce mot. Au bureau, en réunion, c’est assez difficile à placer. Vous en avez beaucoup comme ça ? »
« Non… mais je suis sûr que vous faites quantité de pléonasmes au travail. Quand vous dites que vous allez collaborer ensemble avec Dugenou., ça ne va pas. Vous ne pouvez que collaborer avec Dugenou. Vous serez forcément ensemble. »
« Si je comprends bien, on perd son temps à ajouter des mots inutiles. »
« Oui, et il y a des spécialistes qui en rajoutent à plaisir. Je vous passe les gens qui descendent en bas ou ceux qui s’entraident mutuellement, mais il faudrait arrêter ceux qui répètent de nouveau ou qui prévoient d’avance. »
« Il faudrait donner des cours de français au lieu d’envoyer les gens en stage d’informatique. J’en connais qui en aurait bien besoin. Dugenou, par exemple, qui dit toujours qu’il se rappelle de quelque chose alors que le verbe est transitif ! »
« Quel paltoquet que ce Dugenou ! Cependant, on est bien obligé de constater que, souvent, ce sont tous les Dugenou du monde qui font évoluer la langue. Par exemple, tous les Dugenou écrivent ‘sans dessus dessous’ alors que la forme correcte est ‘sens dessus dessous’. Je pense que sous la pression populaire, l’Académie finira par valider l’opinion des Dugenou. »
« Finalement, c’est démocratique la grammaire et l’orthographe ! »
« Oui, d’autant plus qu’il y a matière à de nombreux débats. Et puis avec l’évolution des mœurs, on peut s’attendre à des changements. Par exemple, le mot ‘orateur ‘ n’a pas de féminin communément admis. Mais ça ne m’étonnerait pas qu’on en vienne à dire « cette femme est une bonne ‘orateuse ‘. »
« C’est une horreur. »
« Euh… il faut s’y habituer. On dit bien maintenant ‘une bonne écrivaine’. Le mot démon n’a pas –théoriquement- de féminin, mais un jour on dira ‘cette fille est une démone’ ! »
« Nous voilà beaux ! Ça me fait penser qu’il faut que je dise à Dugenou que l’adjectif ‘ambigüe’ au féminin prend un tréma sur le u, alors que le nom ‘ambiguïté’ a un tréma sur le i. Il va encore s’énerver. Il dit souvent qu’il faudrait un choc de simplification. »
« N’oubliez pas de lui rappeler que le a de bâbord prend un tréma. »
« Il s’en fout, il va me dire qu’il ne prend jamais le bateau car ça le rend malade. Il a beaucoup d’idées pour faciliter l’orthographe. Avec son bagout, tout le monde est au courant ! »
« Euh… d’après l’Académie, ‘bagou’ ne prend pas de t à la fin du mot »
« Ce n’est pas ce qui va l’empêcher de parler. »