Archive pour mars, 2014

Tous des veaux

31 mars, 2014

On dit que c’est un vaurien

Ramassé dans le caniveau

Qui a un petit cerveau.

Il vaut mieux ne pas lui parler.

Car, avec lui, tout va à vau-l’eau.

Mais il apparait qu’il mène des travaux

Sur l’œuvre de Marivaux

En se nourrissant de godiveaux.

Il vit à Vaud.

Avant de déménager dans la Vaucluse.

Bravo !

Aux armes !

30 mars, 2014

« Je n’aime pas embêter les autres. »

« C’est bien de votre part. »

« C’est vrai chaque fois que je m’adresse à quelqu’un, je sens qu’il se met sur la défensive, comme si j’allais l’agresser à coup sûr. Dans la rue, c’est terrible, je n’ose même plus demander mon chemin de peur que le passant interrogé n’appelle à l’aide. »

« Heureusement, on a inventé le GPS. »

« Au bureau, c’est pareil, chaque fois que j’interpelle un collègue, je sens la défense anti-aérienne qui se dresse dans son regard. Le pire, c’est que certains se défendent avant d’avoir été attaqué. Quand j’entre dans le bureau de Dugenou, il me dit que, de toute façon, il n’a pas le temps avant même que j’ouvre la bouche. »

« Vous exagérez ! »

« Non pas du tout. Les armements de défense sont très au point. Pour Dugenou, le principal bouclier, c’est le temps qu’il n’a pas. C’est l’arme la plus couramment utilisée. Notez que ce n’est pas seulement une arme défensive, mais c’est aussi une puissante artillerie offensive puisque je suis implicitement accusé de faire perdre du temps à tout le monde et, pire encore, de ne pas être débordé de travail. »

« Vous en avez d’autres comme ça ? »

« Oui, pour se défendre, beaucoup utilisent l’esquive avec plus ou moins de souplesse. Par exemple, quand je pose une question à la standardiste, la réponse systématique c’est : j’en sais rien je n’étais pas là ! »

« Même si vous lui demandez s’il pleut ? »

« Non là, ça change un peu. C’est : j’ai eu tellement de travail depuis ce matin que je n’ai pas eu le temps de lever la tête pour regarder par la fenêtre. »

« Il n’y a personne pour répondre à vos questions sans se sentir coupable ? »

« Si peut-être Mollard. Enfin…pas tout à fait. Il utilise une autre tactique : les armes déviantes. Si vous lui posez une question embarrassante, il la déporte sur une autre. Exemple : si vous l’interrogez sur le fait qu’un dossier n’est pas bouclé, c’est systématiquement la faute de Poulichet qui ne lui a pas transmis la pièce à temps. Le pire c’est que Poulichet connait aussi la stratégie de déviation et que son retard est dû –selon lui – aux atermoiements du service administratif, en la personne de Grolar, qui –lui – n’a pas le temps de vous répondre. »

« Le mieux, ce serait de n’agresser personne en posant des questions anodines. »

« Euh… même pas sûr ! Si je demande à Dugenou s’il vient à la cantine, il me regarde d’un œil mauvais et me répond : tu vois bien que je suis débordé ! »

A cheval

29 mars, 2014

Jules ronge son frein.

Il courtise Isabelle

Qui ne s’intéresse pas à son manège

Parce qu’il fume du crack

Et qu’elle est à cheval sur les principes.

En bridant son élan,

Elle sabote son avenir.

Pourtant, Jules est un bel étalon

Avec lequel, elle pourrait avoir des triplés.

Bon appétit

28 mars, 2014

Marie était béarnaise

Elle avait épousé Lucien, un bourguignon.

Un type complètement fondu

Qui pédalait dans la semoule.

Le couple était dans le potage.

Marie avait pourtant un joli filet de voix

Ce n’était pas de la daube.

Mais Lucien était un gibier de potence,

Complètement bouché.

A la fin, elle en avait soupé de lui.

Le vieux lion

27 mars, 2014

« Je suis un vieux lion, assis sous son baobab préféré qui regarde le crépuscule mauve tomber sur la savane africain grouillante de vies enfiévrées. »

« C’est une métaphore bien entendu ? »

« Si on veut. J’observe avec bienveillance mes jeunes lionceaux jouer auprès de leur mère avant l’heure de la tétée. »

« Vous avez donc des enfants. »

« Oui, je ne me suis pas privé. Les jeunes adultes sont déjà partis au loin pour se frotter aux lois de la jungle. Parfois l’un d’entre eux fourbu et surpris par la dureté des épreuves, revient auprès de moi pour une aide ou un conseil. »

« Alors, vous lui dites quoi, en langage lion ? »

« Je lui dis que la vie est ainsi faite que rien n’est facile. Il faut savoir s’endurcir pour durer. Je lui tape sur l’échine de ma grosse patte et il repart plein de vaillance au combat. »

« Vous ne vous ennuyez pas sous votre baobab ? »

« Pas trop, je repasse les différents moments de ma carrière, les épisodes glorieux de ma jeunesse. J’étais un chasseur intrépide, un glorieux combattant, respecté et craint dans la moitié de l’Afrique. Au moment de ma retraite, j’ai reçu mille marques de déférence de tout le continent. Même les zèbres étaient émus. »

« Bon et maintenant ? »

« Je converse avec le vieux tigre qui est également retiré des affaires, non loin d’ici. A nous deux, nous faisons encore peur. Nous sommes les pépés flingueurs. Et puis juste avant la sieste du matin, je vais boire un petit coup à la rivière. Ainsi, le temps passe vite avant le grand départ vers les mânes de nos ancêtres. »

« Et pour tous les chasseurs que vous avez massacrés, pas de regret ? »

« Euh… qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? Quand on arrive avec un fusil entre les mains dans votre jardin, je suppose que vous n’attendez pas d’être tiré comme un pigeon. Et puis je n’en ai pas déchiqueté tellement. Le plus souvent, je leur flanquais la frousse d’un gros rugissement, et ils fichaient le camp. »

« Si je comprends bien Altesse, vous régniez par la force ou au mieux par la crainte qu’elle inspire. »

« Bin…oui, je ne suis pas assez intelligent pour faire autrement. Et puis, la force, c’est la seule chose que tout le monde respecte dans ce bas monde. »

« Et c’est ça que vous apprenez aux jeunes ? »

« Non, il faut un peu de ruse aussi. Tenir compte du sens du vent lorsqu’on passe à l’attaque, par exemple. »

« On est toujours dans la métaphore ? »

« Euh… je ne sais pas… »

Ambiance électrique

26 mars, 2014

La voiture a atteint 200 km/h au compteur.

Le conducteur a été arrêté

Dans une ambiance électrique.

Il n’a pas opposé de résistance.

Il sortait d’une boîte branchée

Où il n’avait pas bu que du jus de pomme.

Il entra en contact avec son avocat

Qui arriva à minuit pile

Pour le prendre en charge

Car il risquait de finir à la prison centrale

Pour ces faits générateurs de délit.

Amis ?

25 mars, 2014

« Je vous remercie d’exister. »

« Je vous en prie. C’est la moindre des choses. Mais je vous signale que je n’ai pas fait exprès. Je n’ai rien demandé. »

« Ne soyez pas modeste ! « 

« Qu’est-ce qui vous plait tant chez moi ? »

« Rien… C’est-à-dire que votre existence me permet de me comparer. Si vous n’étiez pas là, je ne pourrais rien faire d’autre que de me contempler le nombril. Ce n’est pas très sain. »

« Et alors, quelles ont vos conclusions ? »

« Je me concentre sur les points où je vous suis supérieur. Par exemple, je suis plus cultivé que vous car je lis davantage. Si vous pouviez éviter de faire des progrès, ça m’arrangerait. »

« Vous pourriez me faire profiter de votre supériorité. Ce serait sympa. »

« Non ! Vous pourriez être tenté de me dépasser. Restons bons amis, ça vaudra mieux pour tout le monde. »

« Comment voulez-vous que je sois ami avec vous puisque vous me toisez du haut de votre grandeur ? Je ne vous aime pas beaucoup. Et vous vous m’aimez ? »

« Non, mais ce n’est pas le problème. Non seulement, il faut que vous existiez pour me rassurer, mais il faut aussi que je puisse dire que j’ai des amis pour avoir l’air sociable et socialement intégré. Et puisque je vous ai sous la main… »

« Si je comprends bien, on est amis, mais on ne s’aime pas »

« Exactement. Entre amis, on se rend service, on ne s’aime pas. D’ailleurs, si vous pouviez me prêter votre tondeuse à gazon pour demain. »

« Euh… je peux vous prêter ma tondeuse, mais sans être ami avec vous. Je préfèrerai. Si vous l’endommagez, je pourrais vous engueuler plus facilement. »

« Je vois ce que c’est : vous voulez être mon prestataire de service, mais pas mon ami. Je suis très vexé. Il faut que vous compreniez que j’aime bien qu’on me rende service en y mettant un peu de chaleur humaine. »

« Je ne peux pas produire de la chaleur humaine avec quelqu’un de plus cultivé que moi. Je suis plutôt intimidé par votre savoir. »

« Allons, allons !  Résumons-nous : je vous suis reconnaissant d’exister à condition que nous soyons amis sans nous aimer et sans que vous ne me fassiez sentir pas tout ce que mon comportement a de superficiel ou d’intéressé. »

« Vous avez des amis un peu cons… »

Nos mauvais poèmes

24 mars, 2014

Depuis son stage à Bruxelles

Qui l’a mis en selle

Maurice excelle

Dans le lavage de vaisselle

Il en connait toutes les ficelles

Qu’il a consignées dans un missel.

Dans son restaurant d’Ussel,

Son patron, il ensorcèle.

En pleine action, sur son front la sueur ruisselle

Mais pas sous ses aisselles.

Changement ?

23 mars, 2014

« Vous n’êtes pas assez souple. »

« Comment ça, pas assez souple ? »

« Dès qu’on vous change un élément de votre petite vie bien tranquille, vous râlez. Par exemple, si on remplace couscous par choucroute à la cantine, c’est une levée de boucliers. Si on change le sens de circulation d’une rue pour fluidifier la circulation, vous allez encore trouver le moyen d’en faire un scandale. Comment voulez-vous gouverner dans ces conditions ? »

« Si de nouvelles dispositions me gênent, j’ai le droit de le dire, non ? »

« Peut-être, mais il faudrait que vous considériez aussi l’intérêt général. Le nouveau plan de circulation ne vous convient peut-être pas, mais il est fait pour la majorité de la population. Il peut satisfaire votre voisin, par exemple. »

« Comme je le connais, il râlera sur autre chose. Par exemple, sur l’horaire des transports collectifs. En fait, je crois que c’est le fait de changer qui dérange. Lorsque tout est stable, on s’adapte. Quand ça change, il faut rechercher un autre équilibre, ça entraine des coûts et de l’énergie et peut-être qu’au final, on ne parviendra pas à s’adapter de nouveau. Je me demande d’ailleurs si la meilleure des politiques ce n’est pas de rien faire. Battons-nous pour l’immobilisme ! »

« Euh.. Non, il faut changer parce que le monde change. »

« Si j’estime que le monde change en mal, je ne vois pas pourquoi je devrais suivre le mouvement. Par exemple, je peux décider de ne pas avoir de téléphone portable pour faire des économies et avoir la paix. »

« Alors là ! Si tout le monde fait pareil, on va mettre tous les opérateurs sur le tapis. Vous vous rendez compte des conséquences sur l’emploi ? »

« Eh bien, on créera des emplois plus utiles ! »

« Et puis, vous vous privez d’un lien avec les vôtres. Le téléphone portable est un instrument de lien social à une époque où on en manque. »

« On n’était pas obligé de lui adjoindre des jeux idiots pour pouvoir le vendre encore plus cher. Le changement n’est pas une fin en soi. Lorsque je change de chemise, je prends toujours le risque d’en acheter une moins confortable ou moins belle. »

« Nous y voilà. Votre problème c’est donc la prise de risque. »

« Moi, je n’ai pas spécialement envie de prendre des risques. C’est un luxe que je ne peux pas m’offrir. Si certains veulent grimper l’Annapurna à mains nues, ça les regarde. Oui au risque individuel, mais non au risque collectif. Si vous changez mon trajet quotidien, vous me dérangez mentalement, mais vous pouvez aussi me faire courir le risque d’un accident puisque le trajet me sera inconnu. »

« Bon d’accord, alors on s’excuse d’avoir inventé l’électricité, la vaccination contre la rage, ou l’imprimerie… »

Nos mauvais poèmes

23 mars, 2014

A l’ouverture de la succession

Les paysans organisèrent une procession

Pour réclamer la cession

Du terrain dont le baron avait la possession

Car c’était la récession.

Les manifestants devaient ne pas faire sécession.

C’est ce qu’ils pensaient en entamant l’accession

Au Château qui était devenu leur obsession.

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