Archive pour février, 2014

Il a invité un violent

6 février, 2014

« Moi, je suis un tendre, je ne frappe pas mes enfants. »

« Vous êtes fou, ils vont être très mal élevés ! Vous êtes en train de nous préparer des délinquants ! Moi, dès qu’il y a un écart, vlan ! Une torgnaule ! »

« Mais c’est vous qui êtes irresponsable. La bêtise suivante, ils la feront en catimini pour échapper à vos foudres corporelles. Pour lutter contre la violence, leur seule arme disponible, c’est la ruse. Vous êtes en train de former des fourbes et des bons fourbes ! A bon chat, bon rat ! »

« Eh bien, ils prendront une double dose, je finirais bien par savoir ce qu’ils ont fait. »

« Vous vous rendez compte que la violence se transmet de génération en génération ? »

« Oui et alors ? J’ai le droit d’espérer que mes petits-enfants et arrière-petits enfants seront bien éduqués ! »

« Moi, je pense que la violence est l’aveu d’un échec et apparemment vous en connaissez beaucoup. »

« Des échecs, moi ? Pas du tout. Je suis un dur, pas un sentimental mollasson comme certains que je ne citerai pas. Dès qu’il y a un problème, j’arrive et je rétablis la loi, sans état d’âme. Au bureau, c’est pareil. Une erreur et hop ! Une remontée de bretelles et une sanction, ça ôte l’envie de recommencer. »

« Vous ne cherchez pas à comprendre les raisons pour lesquelles l’erreur a été commise ? »

« Ah ! Je vous reconnais bien là. On commence à discutailler, on joue à c’est-pas-de-ma-faute-c’est-l’autre, et à la fin des fins il n’y a plus de responsables ! Les soixante-huitards ne sont pas tous morts ! »

« On peut aussi discuter entre individus civilisés, ce n’est pas interdit. »

« Si. La civilisation conduit au relâchement. Si on veut sa place dans la société, on la fait à coups de poings pour se faire respecter. »

« C’est un retour à l’animalité. »

« Et alors, quand vous bêlez avec le troupeau de moutons, vous n’êtes pas dans l’animalité vous ? La différence entre vous et moi, c’est que le mouton est mangé alors que le loup peut rentrer chez lui, bien tranquillement, le ventre repu. »

« Vous savez quand même que les loups se battent entre eux pour devenir chef et que le vaincu se retrouve seul dans le vent et le froid. »

« Aucune importance, la place doit rester au plus fort. C’est ainsi que la collectivité progresse. On n’a jamais vu une horde de loups commandée par deux chefs. Ni par trois. Dans l’Histoire, les choses ont mal tourné lorsqu’on a voulu instituer un triumvirat. A la fin, c’est toujours Bonaparte qui gagne. »

« Bon, vous reprenez un peu de dessert ? »

« Non, je ne veux pas abuser, vous êtes bien bon. Vous êtes le seul à m’avoir invité chez vous. »

Leçon de franglais

5 février, 2014

Maurice est homme cool

Propriétaire d’une chaîne de fast-food

C’est un bon job.

Il sort avec Louise, une barmaid.

Qui aime les corn-flakes.

Maurice est aussi un globe-trotter

Qui passe à la télé en prime-time.

Il a offert à Louise un best-of.

De ses meilleures interviews.

Il faut aimer les chefs

4 février, 2014

« Avec les chefs, vous êtes un vrai lèche-bottes. Ça ne vous gêne pas trop ? »

« Pourquoi ça me gênerait ? »

« Vous abandonnez toute personnalité. Et votre dignité ? »

« Pardon, pardon… Ce n’est pas si facile que ça que d’être à l’écoute et au service des chefs, il faut être humble et modeste. Vous, vous croyez tout savoir. Mais si vous étiez aussi fort que ça, vous seriez chef ! »

« Ou, mais enfin, vous ne réfléchissez plus par vous-même. »

« Euh.. je dois interpréter le ordres, ce n’est pas toujours aussi simple. Grâce à ma connaissance de la psychologie des chefs, je suis le mieux placé pour mettre en œuvre leurs brillantes stratégies. Je suis un rouage indispensable.»

« Vous n’êtes pas embarrassé par le regard des autres. »

« Si un peu, j’attise des jalousies, mais c’est le lot de tous ceux qui connaissent le succès. Beaucoup envient la souplesse de mon tempérament et se réfugient dans une attitude sarcastique assez lamentable. »

« Quand même, vous vendez votre âme pour que les chefs se sentent chefs, ça frise la prostitution intellectuelle. »

« Figurez-vous que je rends service. Un chef qui a des difficultés à exister en tant que chef est un chef dangereux pour les autres. On a tous envie d’être aimé, mais un chef a besoin en plus d’être adulé. »

« Tout ça pour entretenir un vague espoir de promotion que vous n’êtes même pas certain d’obtenir en dépit de vos prestations. »

« Si, si, je vais y arriver. D’ailleurs, c’est normal. Pour que l’institution fonctionne bien, il faut des gens qui respectent son principe de fonctionnement. On n’a pas besoin de critiques stériles. »

« Bon, mais de temps en temps, vous devez avoir du mal. Il y a sûrement des chefs qui vous rebutent rien que de les regarder. »

« Ça arrive, mais pour bien s’en sortir, il suffit de les observer en tant que chefs. Quand on a envie de leur casser la figure, il faut se dire que l’humanité se divise en trois sexes : les hommes, les femmes et les chefs. Les chefs forment une population spécifique avec des modes de raisonnement et de comportement qui ne correspondent à rien de connu. »

« Pourtant, ils doivent vous comprendre, la plupart sont d’ancien lèche-bottes ou le sont encore. Ça crée des liens, non ? »

« Pas tellement. Car ils n’aiment pas qu’on leur rappelle leur passé.  »

P et T

3 février, 2014

C’est le jour de ponte

Des poules de mon pote.

Celui qui se prend pour un ponte.

Il se la pète

Mais ce n’est qu’un pitre

Qui aime les putes.

Il est toujours dans mes pattes.

Je vais le mettre à la porte.

Beauté divine

2 février, 2014

« Moi, j’aime les spectacles qui hypnotisent le regard sans que l’on sache vraiment pourquoi. »

« Comme quoi par exemple ? »

« Un coucher de soleil dans les grands canyons du Colorado. C’est beau, c’est grand. On a l’impression d’être en direct avec la Nature dans ce qu’elle a de plus noble. »

« Vous avez des goûts de beauté luxueux. Moi, je me contente d’un joli feu qui pétille dans l’âtre de la cheminée. »

« Si on n’a pas beaucoup de moyens, c’est pas mal. Il faut qu’il neige dehors et qu’on ait envie de se réfugier auprès de la chaleur qu’il dégage. S’il y a une peau de bête devant la cheminée, c’est encore mieux. Mais l’été, vous faites comment pour assouvir vos envies sensuelles ? »

« Je regarde les jambes des femmes sous leurs robes légères ou alors l’échancrure d’un corsage qui suggère sans montrer. »

« Alors là, nous sommes dans l’érotisme. Si on va par-là, moi j’aime bien leurs gestes, notamment lorsqu’elle rajuste d’un doigt délicat une mèche de cheveu derrière le lobe de leur oreille. C’est très sensuel. Mais on n’a pas toujours ça sous les yeux. »

« Pour l’esthétisme je regarde aussi mon chat. Ce n’est pas très cher. Ses gestes, ses attitudes sont toujours marqués du sceau de l’harmonie et de la souplesse. Quand vous avez c’est un chaton, c’est encore plus joli. »

« Oui, mais vous ne pouvez pas passer votre temps à regarder votre chat, ça va l’énerver. Il faut avoir des goûts plus culturels. Moi, je vais dans les musées. Les œuvres des impressionnistes me clouent sur place. On se demande comment la main de l’homme peut reproduire la vie avec autant de justesse. »

« Bon d’accord, j’ai compris. Même dans votre recherche de la beauté, vous intellectualisez. Moi, je suis plus prosaïque, je vais au stade. Il peut y avoir dans les gestes d’un footeux beaucoup d’esthétisme. Vous n’avez jamais été ému devant la pureté de la trajectoire d’un tir d’avant-centre ? »

« Euh non, pas vraiment, c’est une distraction assez frustre par rapport à l’envolée majestueuse d’un aigle ou d’un bataillon de flamants roses. »

« Moi, je pense qu’on peut trouver de la beauté dans des choses très simples comme dans un plat de la cuisinière où mijote doucement le gratin dauphinois d’où s’élève un agréable fumet. »

« Quand on a faim, ce n’est pas mal en effet. »

« Bon en attendant, je rentre dans chez moi. Le hall de l’immeuble a encore été tagué. »

« Remarquez, il y a aussi des tagueurs qui ont du goût. »

Salut, porc !

1 février, 2014

Jules était un peu porc

Il regardait un porno

En buvant du porto

Sur les quais d’un port

Près de Pornic

Il mangeait dans de la porcelaine

Et disposait de nombreux porteurs

Il ne faisait plus de porte-à-porte.

Puisqu’il vivait largement de son porte-plume.

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