Archive pour le 18 février, 2014

Les bruits qui courent

18 février, 2014

« J’aime le frissonnement des arbres sous le vent du printemps ou alors le chuintement des vagues qui s’écrasent sur le sable blanc. »

« Euh… c’est un peu lancinant comme bruits, ça prend la tête. A haute dose, ça peut même rendre fou. Moi j’aime mieux les bruits plus secs. Les poubelles que les éboueurs vident avec entrain chaque matin, elles nous  annoncent le jour, comme un renouvellement quotidien de la vie. C’est magique, non ? »

« Non, pas tellement. Moi, elles me réveilleraient bien trop tôt.  Et le pépiement des oiseaux dès le mois d’avril quand vous ouvrez votre fenêtre ? »

« C’est pas mal, mais moi, j’ai surtout les cris des enfants qui courent à l’école sans parler du couinement des poussettes conduites par les mères de famille qui se rendent au marché. Remarquez ce n’est pas très grave puisque j’ai été réveillé avant par les hurlements des vendeurs qui installent leur tréteaux sur la place. »

« Evidemment pour apprécier les bruits, il faut bénéficier du silence et donc vivre à la campagne, en pleine nature. »

« Euh… non, j’ai aussi des bruits sympas en ville. Par exemple, le cliquetis des couverts et le tintement des casseroles quand ma femme prépare le déjeuner à la cuisine. Quand c’est à mon tour de préparer le petit déjeuner, il me semble que je produis des sonorités moins sympas. »

« Euh… vous n’avez le bruit de la chasse d’eau du voisin aussi ? Ou alors celui de ses chants sous a douche ?»

« Non, par contre j’entends très bien sa scie sauteuse le week-end. »

« C’est tout de même moins bucolique que le doux tintement des sonnailles du troupeau en pleine montagne. »

« Moi j’ai les bruits de la vie humaine. Par exemple, le crissement métallique des roues du tramway sur ses rails. »

« C’est très agaçant pour les dents. »

« Oui, mais d’un autre côté, c’est rassurant. On est sûr que les transports en commun ne sont pas en grève. »

« Dans les bruits quotidiens qui rassurent,  j’ai le vélomoteur du facteur. C’est le bruit du messager de la vie qui vient à moi. Je prépare la gnole, on peut causer un moment tranquillement. Je sais tout sans me déplacer. J’ai mon journal télévisé à domicile. Le soir, j’entends le ronronnement poussif des tracteurs essoufflés qui rentrent des champs. Ça énerve les chiens qui jappent, mais c’est la vie… »

« Je reconnais que mon facteur se déplace en vélo ou à pied. Par contre, dès le matin, j’ai le vacarme de la télé avec des clips débiles, des chansons auxquelles je ne comprends rien, un bulletin météo complètement faux. En matière de bruits agaçants pour l’ouïe, j’ai ce qu’il me faut. Je n’aboie pas, mais je dois crier après mes gamins. »