Archive pour le 2 février, 2014

Beauté divine

2 février, 2014

« Moi, j’aime les spectacles qui hypnotisent le regard sans que l’on sache vraiment pourquoi. »

« Comme quoi par exemple ? »

« Un coucher de soleil dans les grands canyons du Colorado. C’est beau, c’est grand. On a l’impression d’être en direct avec la Nature dans ce qu’elle a de plus noble. »

« Vous avez des goûts de beauté luxueux. Moi, je me contente d’un joli feu qui pétille dans l’âtre de la cheminée. »

« Si on n’a pas beaucoup de moyens, c’est pas mal. Il faut qu’il neige dehors et qu’on ait envie de se réfugier auprès de la chaleur qu’il dégage. S’il y a une peau de bête devant la cheminée, c’est encore mieux. Mais l’été, vous faites comment pour assouvir vos envies sensuelles ? »

« Je regarde les jambes des femmes sous leurs robes légères ou alors l’échancrure d’un corsage qui suggère sans montrer. »

« Alors là, nous sommes dans l’érotisme. Si on va par-là, moi j’aime bien leurs gestes, notamment lorsqu’elle rajuste d’un doigt délicat une mèche de cheveu derrière le lobe de leur oreille. C’est très sensuel. Mais on n’a pas toujours ça sous les yeux. »

« Pour l’esthétisme je regarde aussi mon chat. Ce n’est pas très cher. Ses gestes, ses attitudes sont toujours marqués du sceau de l’harmonie et de la souplesse. Quand vous avez c’est un chaton, c’est encore plus joli. »

« Oui, mais vous ne pouvez pas passer votre temps à regarder votre chat, ça va l’énerver. Il faut avoir des goûts plus culturels. Moi, je vais dans les musées. Les œuvres des impressionnistes me clouent sur place. On se demande comment la main de l’homme peut reproduire la vie avec autant de justesse. »

« Bon d’accord, j’ai compris. Même dans votre recherche de la beauté, vous intellectualisez. Moi, je suis plus prosaïque, je vais au stade. Il peut y avoir dans les gestes d’un footeux beaucoup d’esthétisme. Vous n’avez jamais été ému devant la pureté de la trajectoire d’un tir d’avant-centre ? »

« Euh non, pas vraiment, c’est une distraction assez frustre par rapport à l’envolée majestueuse d’un aigle ou d’un bataillon de flamants roses. »

« Moi, je pense qu’on peut trouver de la beauté dans des choses très simples comme dans un plat de la cuisinière où mijote doucement le gratin dauphinois d’où s’élève un agréable fumet. »

« Quand on a faim, ce n’est pas mal en effet. »

« Bon en attendant, je rentre dans chez moi. Le hall de l’immeuble a encore été tagué. »

« Remarquez, il y a aussi des tagueurs qui ont du goût. »