Archive pour décembre, 2013

A notre rayon outillage

21 décembre, 2013

Avec les femmes, Jean se comporte comme un bêcheur

Mais il prend de nombreux râteaux.

Aujourd’hui, il en pince pour Louise.

Mais celle-ci lui a mis une taloche

Sur sa vilaine binette.

Il n’a pas poussé un « cric »

Il a remis en place sa mèche de cheveux

Et préféré enterrer la hache de guerre.

Il n’est pas au bon niveau.

Il a tout faux.

A la rue !

20 décembre, 2013

Jules est sorti du caniveau.

Il est chaussé de pauvres sabots.

Marcelle fait le trottoir.

C’est une fille de la rue.

Ils sont dans une impasse,

Mais leur projet est pavé de bonnes intentions.

Ils ont une volonté en béton.

Ils se trouvent à un carrefour de leur vie.

Tout flatteur

19 décembre, 2013

« J’aime bien flatter, ça permet de vivre bien en application de l’adage : tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute. »

« Ça marche bien ? »

« Oui, mais il faut avoir l’air convaincu, sinon tu risques que ton interlocuteur te demande si tu le prends pour un imbécile. Et là, tu risques que le ton monte. »

« Comment je m’en sors dans ce cas ? »

« Il y a deux solutions. D’abord le système de la double flatterie. Tu lui dis que ce que tu as dit n’était pas de la flatterie parce que tu sais bien qu’avec un homme comme lui, la flagornerie, ça ne marche pas. »

« La deuxième solution ? »

« Euh… il faut faire intervenir l’autre. N’importe qui. Par exemple tu as dit à un homme qu’il est beau. Il ne te croit pas et commence à s’énerver. Dis-lui : si, je t’assure… d’ailleurs Mauricette l’a remarqué, elle me l’a dit en confidence.  Normalement, il va prendre un air un peu éthéré et il répètera : ah bon… Mauricette ? »

« Et s’il interroge Mauricette qui dément ? »

« Pas de problème. Il te suffit d’affirmer qu’aucune femme ne lui avouera en face qu’il est superbe. C’est une question de dignité. »

« Bon, il y a peut-être des moyens plus subtils de flatter. »

« Oui, tu peux te dévaloriser. Par contre coup, il se sentira supérieur. Par exemple, affirme que tu es minable au tennis, en sachant qu’il y joue souvent. Immanquablement, il se sentira obligé de parler de son classement. Tu glisses à ce moment que tu cherches des cours pour t’améliorer. Il y a de bonnes chances pour qu’il se propose. Et hop ! Tu as gagné des cours de tennis à l’œil ! »

« C’est peut-être un peu manipulatoire ton truc. »

« Je vois ce que c’est : tu es honnête. C’est admirable, il n’y en a pas beaucoup comme toi qui répugne à manipuler les autres. »

« Oh, pour moi, c’est naturel. J’ai horreur des pervers. »

« C’est génial. Si tout le monde était comme toi… »

« Tu ne serais pas en train de me flatter par hasard ? »

« Moi, flatter quelqu’un comme toi ? Allons, allons… »

« Il ne faudrait quand même pas me la faire… »

« Pas du tout, voyons. D’ailleurs Mauricette m’a dit la même chose, pas plus tard qu’hier… »

« Si Mauricette l’a dit, alors… »

Microcosmos

18 décembre, 2013

Louisette avait une taille de guêpe.

C’était une fine mouche

Qui chantait comme une cigale.

Elle eut une fille qu’elle appelait « ma puce ».

Son mari, Georges, vendait des nœuds papillons.

Il bossait comme une fourmi.

Mais il avait des tics

Ce qui lui flanquait le cafard

Et même le bourdon.

Pour finir, il était laid comme un pou.

La vengeance est un plat…

17 décembre, 2013

« Je suis très rancunier. »

« C’est très moche. »

« Et pourquoi ce serait moche ? »

« J’en sais rien. C’est ce qu’on dit habituellement. Je suppose que c’est parce qu’un rancunier, c’est un type qui rumine dans son coin en ne pensant qu’à se venger. C’est très mal vu. »

« Oui, mais quand même… quand on vous a fait un mauvais coup, il me semble juste de saisir la première occasion pour exercer une vengeance. Non ? »

« Bin… non. C’est une attitude qui n’est pas très bien considérée. Quand vous avez subi un affront, il vaut mieux prendre un air dégagé et dire : c’est le passé … je ne m’attarde pas… je sais regarder vers l’avenir. Eventuellement, vous pouvez dire en regardant votre agresseur que vous ne vous vengerez pas de sa vexation puisque cette confrontation est trop médiocre pour vous. Il en sera peut-être fort marri. »

« Soit. Mais si je ne me venge pas, il va recommencer. »

« Si vous vous vengez, aussi. C’est comme ça que des haines perdurent pendant plusieurs générations entre familles ennemies. »

« Ets-ce que je peux ressasser mon amertume, au moins ? »

« Bin… non plus. Etre amer, c’est encore pire que vouloir se venger. On vous dira que vous vous laissez dévorer par votre amertume et que vous n’êtes pas capable de déployer votre énergie sur des projets positifs. »

« Bon, si je comprends bien, il ne faut pas se venger, ni même imaginer que je pourrais me venger ! C’est la porte ouverte à tous les excès ! Comment on s’en sort ? »

« N’hésitez pas à faire valoir votre hauteur de vue qui vous met à l’abri de toutes ces médiocrités, bonnes pour les autres. Vous serez considéré. »

« Oui… jusqu’à ce que ceux qui me considèrent aient besoin de me faire une crasse. Ils n’hésiteront pas puisqu’ils savent que je suis au-dessus de toute vengeance. »

« Evidemment, être généreux c’est une prise de risque. Mais on est entre humains civilisés, pas entre animaux. »

« Tout le monde ne le sait pas. Certains hurlent et déjeunent encore avec les loups. Moi, je veux bien être miséricordieux, mais j’aimerais autant ne pas me faire dévorer. Et puis éventuellement sauvegarder mon honneur ! »

« Bon… effectivement, vous avez un problème… Essayez de vous venger si vous voulez, mais faites-le discrètement pour ne pas attirer l’attention générale. Il faut vous venger de façon à ce que seul votre agresseur s’en rende compte. Aux autres, vous pourrez toujours dire que vous ne l’avez pas fait exprès ! »

Doubler

16 décembre, 2013

Marie propage beaucoup de cancans

Qui sont un peu cucul.

Elle a un gamin qu’elle appelle Kiki.

Le soir, elle lui chante : « Dors, mon petit quinquin ! »

Puis elle ouvre une noix de coco

Avant de faire coucou à la Lune

Ou aux étoiles, c’est kif-kif.

Tout ça est un peu concon.

 

Un peu de politique

15 décembre, 2013

« Je suis un être modéré. Je n’aime pas les solutions extrêmes. »

« Oui, donc vous êtes un centriste. Vous n’avez d’avis sur rien. Pour vous la droite et la gauche, c’est pareil. Ce n’est pas très courageux. »

« Au contraire, je crois qu’il y a du bon dans toute opinion. Il suffit de vouloir chercher les solutions les plus efficaces où qu’elles soient. C’est ça, le vrai courage politique. Allons ! Allons ! »

« Vous voyez à très court terme. Par exemple, vous êtes pour ou contre l’augmentation du chômage ? »

« Moi, je suis contre évidemment. Tout le monde devrait pouvoir s’épanouir dans un emploi. Quelle question idiote, mon pauvre ami ! »

« Et voilà, vous vous laissez abuser par ma question ! Le problème du chômage sera dépassé dans une génération. Puisque nous allons vers une civilisation sans emploi, le problème n’est plus de trouver des emplois, mais de savoir comment on va occuper les gens. »

« En attendant les progrès de la civilisation, il faut bien lutter contre le chômage ! Vous en avez de bonnes !  A court terme j’ai raison. A long terme, vous avez peut-être raison, mais personne n’en est sûr. »

« Bon, alors on fait comment pour lutter contre le chômage ? Selon vous ? »

« Eh bien, on met en œuvre les solutions qui ont fait leurs preuves : un peu d’emplois aidés d’une part et on allège les charges des entreprises d’autre part. »

« Vous allez mécontenter tout le monde. A gauche, comme à droite. »

« Et alors ? Ayons un peu de courage politique. De toutes façons, que les gouvernants soient d’un côté ou de l’autre, ils ont  tous fait la même chose. »

« Autrement dit, qu’on soit de droite ou de gauche, on est centriste, si je comprends bien ? »

« Euh… oui, c’est un peu embêtant parce que tout le monde est centriste mais il ne faut pas le dire. Sinon, on reste chez soi. »

« Vous êtes sûr que vous êtes fait pour la politique ? »

« Non, pas vraiment. Je préfère garder mes opinions pour moi. Du coup, je passe pour un être mou sans avis alors que tout le monde pense comme moi. »

« Si je comprends bien, votre idée serait de fonder un parti des mous. Ce serait une magnifique synthèse. On va aller loin comme ça. ! »

« De toutes façon, il existe. Si vous regardez bien, le taux d’abstentionnistes aux élections, c’est le parti des mous qui triomphe chaque fois. C’est le parti de ceux qui s’en fichent ou de ceux qui ont rayé la droite et la gauche de leur conception de la vie publique. Je n’ai qu’un slogan : vive les mous ! ».

Le menu de la cantine

14 décembre, 2013

En entrée, il y a les sardines d’Amandine

Suivi d’un velouté qui n’est pas loupé

Ou alors d’une salade pour un malade

Ou encore d’un gaspacho pas chaud.

Puis viendra un tartare, s’il n’est pas tard

Dans une béchamel à base de lait de chamelle.

Ou bien des paupiettes pour les mauviettes.

Nous pourrions aussi griller le homard d’Omar

Et concocter une fricassé avant de se casser.

En dessert, j’ai fait une compote avec mon pote.

Que nous mangerons avec les madeleines de Madeleine.

Boire un petit coup

13 décembre, 2013

Jean et Marie prennent un crème au bar.

Il est vêtu d’une veste bordeaux.

Et il a une tâche lie de vin sur la nuque.

Il revient d’un stage en Chartreuse.

Elle, elle a passé son temps en Champagne.

Ils vont aller ensemble au festival d’Orange.

Puis ils boiront un kir cassis à Cassis

Avant de sucer des bonbons à la menthe à Mende.

Tabou or not tabou

12 décembre, 2013

« Il faut que nous puissions discuter de tout entre nous. Pas de sujet tabou. Sinon, ça signifie que vous êtes coincé ou que vous avez quelque chose à cacher, ce qui n’est pas très bien. »

« Bon d’accord. Parlons de voter fortune. »

« Certainement pas, ça vous regarde pas. »

« J’en déduis que vous n’êtes pas très à l’aise. Un peu complexé. L’origine de votre richesse est-elle sans tache ? On peut s’interroger. »

« Je ne vous permets pas d’en douter. Moi, je voulais parler de vos tabous, pas des miens. Par exemple de vos différents échecs professionnels. On voit bien que vous êtes embarrassé d’en discuter. »

« Autant que vous, lorsqu’il s’agit d’examiner votre fortune. »

« Si je comprends bien,  vous justifiez vos tabous par les miens. Vous n’êtes pas près de progresser à ce train-là. »

« Je ne vois pas en quoi c’est un progrès d’exposer mon intimité à autrui. »

« A vrai dire moi non plus, mais c’est comme ça maintenant, vous devez être transparent, complètement déshabillé pour qu’on ne vous suspecte pas. Par exemple, on doit voir tout ce que vous faites pendant les heures de travail, c’est le principe de l’open space. Si vous réclamez un bureau fermé, c’est pour ne pas en ficher une rame. Seuls les très grands chefs peuvent se le permettre. »

« Et vous trouvez ce manque de confiance sain et normal ? »

« J’en sais rien, mais c’est ainsi. On doit pouvoir vous observer dans la rue également ainsi que ce que vous dites sur Internet. C’est pour votre bien. Sinon, vous allez faire des bêtises, on doit vous empêcher de nuire à vous-même. »

« Vous avez raison, la société est bien bonne avec moi. Elle me téléphone tous les jours pour êtes sûre que je n’ai pas besoin de panneaux solaires, de nourritures pour chat ou de balais d’essuie-glace. Et pour encore mieux me satisfaire, elle bourre ma boite aux lettres de prospectus colorés chaque semaine. »

« Vous n’allez tout de même pas me dire qu’on s’introduit de plus en plus dans votre vie privée ? Vous ne voyez donc pas que la société essaie de vous protéger en dépit de vos réticences. Vous y mettez de la mauvaise volonté. La preuve, c’est que vous ne voulez pas vous dévoiler. Parler de vos échecs professionnels par exemple. De toute façon, ça ne fait rien, on a des bases de données maintenant… »

« Vous avez raison, on sait  tout, ce n’est pas la peine d’avoir des tabous. Médiapart vient de révéler l’origine de voter richesse.. »

« C’est un scandale ! On n’a même plus le droit à un peu d’intimité ! Je vais saisir la CNIL, les tribunaux, le gouvernement, le Parlement, le pape… »

1234