Vous avez vu les chiffres ?
8 décembre, 2013« Vous avez vu les chiffres ? Il faut regarder les chiffres. »
« Quels chiffres ? A quoi ça sert de regarde les chiffres ? »
« A vous rassurer. Si vous êtes dans la panade, vous pourrez observer que vous n’êtes pas tout seul. Si vous n’y êtes pas, vous serez content de ne pas l’être en constatant le nombre de gens qui y sont, ce qui vous empêchera de rouspéter inutilement. Par exemple, lorsque vous regardez les chiffres du chômage, vous ne la ramenez pas car vous vous dites que vous pourriez faire partie de la horde des sans-emploi. »
« Finalement, c’est pratique les chiffres. »
« Un autre exemple : vous partez en vacances. Un conseil : vous regardez le nombre d’accidents de la route qui est en baisse et vous partez tranquille puisque vous avez une plus grande chance d’arriver vivant sous votre parasol ! »
« Mais pourquoi a-t-on besoin d’être rassuré ? »
« C’est comme ça, l’homme est un être grégaire. Il faut qu’il se sente au coude à coude avec les autres. Si vous divorcez parce que votre femme est allée voir ailleurs et que vous connaissez le nombre de divorces, vous pouvez vous dire tranquillement que tout ça n’est pas de votre faute…puisque les femmes sont toutes pareilles. Et hop ! Le tour est joué ! »
« Si je comprends bien, avec les chiffres c’est toujours de la faute des autres. »
« Absolument. Si vous examinezla hiérarchie des salaires, vous trouverez beaucoup d’arguments pour rouspéter contre le monde entier. Contre les riches qui gagnent dix fois plus que vous. Contre les pauvres qui deviennent trop nombreux. »
« J’ai compris ! Si j’ai la flemme de tondre mon gazon, je peux sortir le thermomètre pour montrer à ma femme que la température est trop élevée ou alors les prévisions météo pour affirmer qu’il va pleuvoir. »
« Voilà, si c’est chiffré, c’est imparable. »
« Oui, mais si les notes du gamin baissent, je vais être obligé de surveiller ses devoirs. »
« Pas forcément. Il vous faut demander la moyenne de la classe. Si elle baisse aussi, vous êtes tranquille pour un moment. On trouve toujours plus mal loti que soi. Il suffit de trouver le bon chiffre. »
« Et si je n’ai pas de chiffres ? »
« Vous pouvez le fabriquer. Vous pouvez tenir un tableau du nombre de fois que vous avez partagé les tâches ménagères. Vous serez très apprécié pour votre sens de l’organisation et vous pourrez en tirer argument pour ne pas poser l’aspirateur quand ça vous dérange. »
« C’est peut-être un peu mesquin, non ? »
« C’est pas grave, vous n’avez qu’à tenir un compte du nombre de fois où vous vous êtes montré généreux. »