Archive pour novembre, 2013

Bon appétit !

30 novembre, 2013

Maria était une vraie bombe

Elle allait souvent à l’opéra bouffe avec des jeunes gens

Après leur sieste, elle disait : réveillons-nous !

Le spectacle débutait vers quatre heures

C’était un régal

Les jeunes devaient s’assoir sur une banquette

En cas de réticence, Maria les réprimandais : ne mâchons pas nos mots !

J’en ai soupé !

Vous n’avez rien dans le buffet !

Des hauts et des bas

29 novembre, 2013

Jean est sidérurgiste, il vient du Bas-Rhin

Et va en Haute-Garonne

Pour chercher des hauts-fourneaux

Il porte un haut-de-forme

Et parle dans un haut-parleur.

Il prend le temps d’admirer les bas-reliefs de l’église

Avant de tomber dans les bas-fonds de la ville.

Cette histoire me donne un haut-le-cœur

Et me fait mal au bas-ventre

Sortir du Moyen-Age

28 novembre, 2013

« Au Moyen-Age,  dans un fief, il y avait les seigneurs, ses vassaux, et le peuple. Maintenant,  c’est mieux, il y a les directeurs, les directeurs–adjoints, les chefs de service, les adjoints, les chefs de projet etc… »

« On se faisait la guerre pour un oui, pour un non. Aujourd’hui, on est entre individus civilisés. Il n’y a plus de guerre dans les entreprises ou entre entreprises. »

« Ah bon ? »

« Et puis, il y avait des tournois ou auparavant les jeux du cirque. C’était très cruel. Heureusement que tout ça a disparu dans la nuit des temps. »

« Oui, à propos, vous venez voir le match de foot demain soir. Entre les deux premiers, ça va surement être sanglant. »

« Et puis, il y avait des enlèvements entre seigneurs avec demande de rançon à la clé. Même François Ier a dû payer pour faire libérer ses fils. »

« Ça me fait penser que le mercato n’est pas fini. Il parait que le Real Madrid a mis la main sur un joueur à 100 millions d’euros ! »

« Ce n’est pas du tout pareil. Aujourd’hui, on traite une affaire, on ne négocie pas des personnes. Il ne faut pas confondre. La civilisation a évolué. Il y a mille ans, l’Eglise était toute puissante et on vous excommuniait pour un oui, pour un non. Aujourd’hui, vous pouvez penser librement. Croire ou ne pas croire. »

« Euh… il y a quand même intérêt à croire ce qu’on vous dit au journal de vingt heures et qui est repris par tous les hebdomadaires, sinon vous passez pour un original et personne n’a vraiment envie de parler à un marginal. »

« Vous ne seriez pas en train de vouloir me démontrer que la société ne change pas et que l’homme sera toujours l’homme. Et les progrès de la médecine et de la science, qu’est-ce que vous en faites ? Hmm ? »

«Je reconnais qu’on vit plus longtemps qu’au Moyen-Age, ça donne le temps de se faire à cette idée. On connait mieux le corps humain et toutes les saletés qu’il est susceptible d’attraper. C’est rassurant. »

« Et les arts. On a quand même progressé. »

« Absolument. On est passé de la chanson de geste au rap. Je ne comprends pas toutes les paroles des chansons, mais il parait que c’est beaucoup mieux. »

« Vous n’êtes jamais content. Voudriez-vous retourner au Moyen-Âge ? »

« Ce n’est pas la peine, on n’en est jamais vraiment sorti. Mais on pourrait passer à la Renaissance, ça ne m’ennuierait pas. Il y avait des architectes dans ce temps-là. Vous avez vu les châteaux qu’ils construisaient ? C’était autre chose que nos immeubles cubiques. Et puis, il y avait Gutenberg… maintenant, je n’arrive plus à lire sur mon smartphone… »

Tirets

27 novembre, 2013

Louis avait renvoyé Jeanne et Ginette dos-à-dos.

Puis il connut Louise par le bouche-à-oreille.

Ils furent d’abord au coude-à-coude.

Puis ils se rencontrèrent de cinq-à-sept

Dans des tête-à-tête enfiévrés

Ensuite, ce fut des danses,  joue-à-joue

Puis le bouche-à-bouche.

Louise suivit Louis pas-à-pas

Jusque dans son pied-à-terre

Dont elle jugea la décoration un peu tape-à-l’œil

Et qui n’avait pas le tout-à-l’égout.

Elle trouva qu’il jouait les fiers-à-bras

Et préféra s’en retourner dans son magasin de prêt-à-porter.

Sortir du lot

26 novembre, 2013

 « J’ai fait un exploit. J’ai empêché une vieille dame de se faire écraser. »

« C’est bien, mais c’était un peu votre devoir de citoyen. »

« Peut-être, mais j’ai pris des risques insensés pour ma propre vie. Vous vous rendez compte ? Le tramway arrivait à toute allure ! »

« Vous avez été interrogé par les journalistes ? »

« La télé est venue, mais je leur ai dit que je ne voulais pas tirer un profit personnel d’un geste aussi naturel. »

« Et alors ? »

« Ils ont loué ma grande modestie et puis ils sont partis. J’ai été obligé de me rabattre sur la presse écrite, mais ils n’ont consacré que trois lignes à mon exploit à cause du championnat du monde de baby-foot. »

« Du coup, personne n’est au courant de votre valeureux courage. »

« Oui, c’est bien pour ça que je vous en parle. Vous pourriez le dire autour de vous en laissant entendre que je ne veux surtout pas ébruiter cette affaire. N’oublions pas que je suis très modeste. Avec un peu de chance, on me couvrira de louanges pour mon exploit et pour ma modestie. »

« Je vais voir ce que je peux faire, mais ce n’est pas simple. Vous ne pourriez pas faire un autre exploit ? Et puis cette fois, n’envoyez pas promener les journalistes de la télé. Un passage au journal télévisé de 20 heures, ce serait plus simple pour votre notoriété. Ce serait plus facile pour moi. »

« Euh… le problème, c’est que je ne passe pas tous les jours à côté d’une personne âgée qui risque de se passer sous les roues d’un tramway. Vous n’auriez pas plutôt une circonstance dans laquelle je pourrais me distinguer en sauvant la moitié de l’humanité ? »

« Vous pourriez peut-être découvrir un médicament contre une maladie rare… »

« Euh… ce n’est pas vraiment ma branche d’activité. Au service de nettoyage municipal, on n’a pas tellement l’occasion de se pencher sur ces questions. »

« Ou bien alors, vous pourriez qualifier l’équipe de France pour la finale, en marquant trois buts contre le Luxembourg. Là, vous serez élu l’homme de l’année, ça ne fait pas un pli. »

« C’est que le sélectionneur n’a pas encore pensé à moi. »

« Et si vous ne faisiez pas d’exploit. Je connais des millions de gens qui ne sont pas du tout héroïques et qui se portent très bien. »

« Il y a aussi des millions de gens qui mangent des épinards, alors que moi, je n’aime pas les épinards ! »

« Bon… et la vieille dame, elle n’est pas reconnaissante de votre exploit ? »

« Euh.. non… elle a des trous de mémoire. Elle ne se souvient plus de moi. »

« Vous avez très mal choisi votre exploit. J’ai une idée : ne faites plus rien. Laissez tout le monde se faire écraser. Ayez une vie banale, sans intérêt. On pourra peut-être la citer en exemple de médiocrité. Les psychologues pourraient l’étudier en détail. Vous devenez un sujet d’étude scientifique. On se demandera dans les grands séminaires internationaux comment un homme peut avoir une existence aussi nulle. »

« C’est pas mal, en effet. »

« Ce serait surtout plus reposant pour les autres. »

Dans tous ses états

25 novembre, 2013

Maurice est revenu des Etats-Unis

Où il a acheté un étalon.

Il a fait une étape à Paris

Pour faire étalage de ses achats.

Puis son père qui travaille à l’état-major

L’a établi en province

Dans un établissement de santé

Où il fabrique des étagères

Sur un établi.

Les bonnes manières

24 novembre, 2013

« Moi, j’aime les bonnes manières. Par exemple, vous, ça ne va pas du tout. Hier vous êtes arrivé à huit heures pour diner chez moi. »

« C’est l’heure que vous m’aviez donnée, non ? »

« Non, si vous arrivez à l’heure, vous me mettez la pression. Vous vous doutez bien que je vais être un peu en retard. Allons ! Allons ! Il ne faut pas arriver trop tôt non plus parce que vous allez dévorer tous mes biscuits apéritifs. Ni trop tard parce qu’on a autre chose à faire que de vous attendre. 10 à 15 minutes de retard sont du meilleur effet. »

« Bon d’accord. Et pour le reste, j’étais bien ? »

« Non pas du  tout. Vous avez repris deux fois du fromage. »

« Et alors ? J’aime bien le fromage. »

« Peut-être , mais votre façon de vous jeter sur mon bleu de Bresse m’a donné l’impression que vous aviez encore faim alors que je me suis donné beaucoup de peine pour vous préparer un plantureux repas. »

« Bin, c’est-à-dire que je n’aime pas trop le navarin d’agneau. »

« On s’en fiche un petit peu. La moindre des politesses, c’était d’en reprendre deux fois, voire plus en vous extasiant. »

« Bon, c’est tout ? »

« Non… Vous avez plié votre serviette. Ce n’est pas bien. J’ai eu l’impression que vous vous invitiez pour le lendemain. Vous ne croyez tout de même pas que je vais vous nourrir à l’œil. Surtout que je fais souvent du navarin d’agneau ! »

« J’étais bon dans la conversation ? »

« Non plus. Vous avez passé votre temps à vous entretenir avec la Comtesse, à votre droite en délaissant la Marquise à votre gauche. La Marquise est très vexée. »

« C’est-à-dire qu’elle est nettement moins attirante que la Comtesse. Si je comprends bien, il faut être galant même avec les moches ? »

« Il vaut mieux, oui. Et puis alors votre manière vous étouffer de rire de vos propres plaisanteries …. »

« Ce n’est pas de ma faute, je connais beaucoup de bonnes histoires qui m’amusent terriblement. »

« La Marquise n’a pas ri du tout. Surtout au moment où vous avez éclaboussez sa robe de morceaux de pomme de terre en riant aux éclats sans mettre la main devant votre bouche. Quant à la baronne qui est en face de vous, elle s’est montrée un peu réservée à propos de votre manière de souffler sur votre assiette de potage au prétexte qu’il était trop chaud. Ce n’était pas une raison pour arroser son décolleté. »

Histoire aqueuse

23 novembre, 2013

Le politicien nage en aux troubles.

Il surfe sur la vague des mécontentements.

Il trempe dans des affaires louches.

Il est mouillé dans des trafics.

Ses idées ne sont plus en vogue.

Ses adversaires lui font des remarques cinglantes.

Ils disent qu’il n’a plus la trempe

Qu’il nage dans ses dossiers

Et qu’il ferait mieux de vendre des beignets.

Nos mauvais poèmes

22 novembre, 2013

Le héron

Est prompt

A tourner en rond

Autour d’un tronc

De couleur marron.

Avant de manger le potiron

Qu’il a  volé au baron

Qui hurle depuis son perron.

Le héron est un sacré larron.

De quoi puis-je parler ?

21 novembre, 2013

« Je fais du sport, ça consiste essentiellement à souffrir pour ne pas souffrir. »

« C’est bien, mais si vous ne faites pas de sport, vous souffrez quand même : cholestérol, diabète, obésité, etc… Et toutes sortes de cochonneries. »

« C’est donc obligatoire de souffrir ».

« C’est mieux. Vous avez mal en ce moment ? »

« Oui, j’ai une espèce de tension dans l’épaule qui gêne mes mouvements, je pense que je vais aller consulter »

« C’est intéressant comme mal, ça va vous permettre d’entretenir vos conversations pendant un certain temps, surtout si c’est chronique. »

« Oui, mais si le médecin me soigne correctement, qu’est-ce que je deviens ? »

« Ne vous inquiétez pas l’hiver arrive, vous allez, au minimum, attraper un bon rhume. Au bureau, vous tenez facilement la vedette à la cafétéria avec ça ! »

« Euh… c’est vrai qu’il faut souffrir un peu pour se sentir exister, sinon je suis inquiet. Je me demande toujours ce qui va m’arriver. »

« Ceci étant, il ne faut pas trop plaisanter avec ça, il y a plein de gens qui souffre vraiment et qui voudraient bien ne plus souffrir. »

« Vous avez raison, soyons modeste. Je ne veux qu’un petit bobo qui se soigne, tout en m’exaspérant un peu. »

« Des verrues, ça vous intéresse ? »

« Non, c’est vilain, j’ai l’intention d’être beau. »

« De l’arthrose, j’en ai. C’est parfois douloureux. »

« Euh… non plus. Quand je vois les autres souffrir, je me contenterai bien d’une souffrance indolore. »

« C’est compliqué à obtenir. Tout le monde ne peut pas être le malade imaginaire. »

« Bon, alors je pourrais parler de mes non-souffrances. »

« Parler de votre bonheur pendant la pause-café, ça va faire un peu bizarre. En fait, votre félicité n’intéressera personne. Au pire, vous allez passer pour un être peu zinzin. Essayez d’avoir une belle-mère ou un beau-frère atteint de quelque chose. Pas trop grave quand même, il ne faut pas leur porter la poisse. »

« Et puis après ? Personne ne connait ma famille. »

« Racontez leurs mésaventures à l’hôpital. L’attente aux urgences : trois ou quatre heures, cinq si possible. Les erreurs de diagnostic. Le personnel surmené…. En général, ça fait un peu peur… »

« Bon finalement, je ne sais pas si je vais m’étendre sur la santé, ça m’effraie moi-même. Il faudrait que je trouve un autre sujet. »

« Parlez de la violence, ça fait peur aussi. »

« Euh… les histoires de gangsters, je n’ose même pas les regarder à la télé. La  violence au lycée… je ne sais pas… mon gamin ne me dit rien. »

« Il va bien votre gamin ? »

« Euh… peut-être, je n’en sais rien. Mais on ne va pas retomber sur des problèmes de santé. On tourne en rond. Mon problème n’est pas résolu : de quoi je parle en société ? »

«Il reste le foot. Si vous parlez culture, vous allez larguer tout le monde… »

« J’y connais rien en foot. En culture, je suis moyen… »

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