Archive pour octobre, 2013

Vous aimez les voyages ?

31 octobre, 2013

« Moi, si on m’invite au bout du monde le vendredi soit… hop ! Je fais ni une ni deux, je boucle ma valise et je prends l’avion. J’adoooore les voyages. Je ne suis pas du genre à rester sous la couette. »

« Houlà ! Moi, ça ne me va pas du tout. Je me débrouille pour avoir plein d’obligations durant le week-end : l’anniversaire de ma mère, un match de foot…. Pour me déplacer, il faut me prévenir trois mois à l’avance au moins ! »

« Vous n’êtes guère dynamique. Les voyages, c’est enrichissant… »

« … Pour les compagnies aériennes. Moi, j’ai besoin de plusieurs mois de préavis pour me faire à l’idée que je vais abandonner mon cadre quotidien. Vous ne vous rendez pas compte : chez moi, j’ai tout qui me tombe sous la main au moment où je le veux. A l’hôtel, il faut chercher : la serviette de bains, la prise électrique, le numéro de la réception, la salle du petit déjeuner… quel cauchemar ! »

« Ah bon, parce que moi, je vais dans des hôtels en brousse, il n’y a ni téléphone, ni salle de bains….C’est l’aventure ! »

« Comment voulez-vous que je vive sans me doucher en me levant ou sans prendre un bon petit déjeuner ? »

« Vous faites cuire une gamelle d’eau chaude à même le sol sur un feu de bois que vous aurez ramassé dans la forêt tropicale toute proche. Puis, vous vous équiperez pour partir à la découverte de peuplades inconnues en marchant pendant des heures pendant que la faune s’éveillera autour de vous. »

« Euh… bon. De toute façon, j’ai peur de l’avion ! Je vais me tromper de vol à l’aéroport ! Mon passeport n’est pas à jour ! Je n’ai personne pour arroser mes géraniums ! J’attrape facilement des maladies… »

« Bon, bin on n’est pas sorti de l’auberge… enfin vous, vous n’êtes pas sorti de chez vous. Ça ne vous gêne pas de ne rien connaître des autres civilisations ? Vous ne connaitrez jamais des soleils levants sur des paysages étourdissants de grandeur et de majesté. »

« Non… de toute façon, ces civilisations sont moins avancées que la nôtre alors vous pensez !…  Il n’y a sûrement pas de réseau téléphonique en plein Sahara ou dans la forêt amazonienne. Alors comment je fais, moi, avec mon portable ? Hein ? »

« Mais vous allez quitter ce monde sans le connaître ! »

« Bin… probablement, quand je pense que j’ai déjà du mal à me connaître moi-même, je me vois pas essayer de prendre contact avec sept milliards d’autres humains. »

« Savez-vous que c’est au contact des autres que l’on prend conscience de soi ? »

« Euh… oui, en discutant avec vous, je vois bien que je ne suis pas fait pour voyager. Vous m’avez définitivement convaincu, je vous remercie. »

Un moment de religion

30 octobre, 2013

Il revient des quatre points cardinaux.

Il s’est installé à Pont-L’abbé

Pour éviter la curée

Et pour prendre soin de son patrimoine

En remplissant de la paperasse

Il mange du fromage, surtout le pont-l’évêque

En dessert, il dévore des religieuses

Et des pets-de-nonne.

L’art et l’arme de la conversation

29 octobre, 2013

« Vous êtes extrêmement intelligent. »

« Ah ! Vous avez remarqué ? »

« Oui, quand je discute avec vous, je me sens toujours mené en bateau alors que j’aimerais bien piloter mon propre navire par mes propres moyens. »

« C’est vrai. Rien qu’en vous regardant, je sais tout ce que vous pensez. Il m’est assez facile de prévoir vos arguments. »

« Donc si vous avez prévu ce que je vais dire, est-il bien opportun que nous discutions ? »

« Tout à fait, parce qu’il faut que vous intégriez mes arguments. Si nous ne nous parlons pas, vous me frustrez puisque je ne peux pas faire étalage de la puissance de mes raisonnements par rapport à la pauvreté des vôtres. »

« En plus, vous avez une façon de discuter qui m’embrouille. Vous récupérez mon discours, vous l’entortillez et moi je ne le reconnais plus, je ne peux donc pas le poursuivre. »

« Je suis assez habile en effet. N’avez-vous pas observé ma manière de vous donner raison sur un point mineur pour vous encourager à continuer la conversation avec moi. Je veux bien l’emporter dans le débat, mais encore faut-il que j’ai un adversaire qui ne se sauve pas à la première alerte. Sinon, j’ai l’air de quoi ? Hein ? »

« Est-il bien nécessaire de présenter une discussion comme un combat ? »

« Bien sûr que oui, sinon ce n’est pas très intéressant. D’abord, parce que je ne peux tout de même pas dire la même chose que vous, étant donné la pauvreté de votre discours et ensuite parce que vous ne pouvez dire la même chose que moi, puisque vous n’avez pas mon niveau de réflexion. »

« Vous vous rendez compte de votre arrogance ? Duchemin, lui au moins, il sait se mettre à la portée des autres. Il a aussi des arguments que je ne comprends pas toujours, mais il sait aussi dire n’importe quoi ou des banalités sur le temps, les vacances, les enfants… C’est agréable de discuter avec lui. »

« Duchemin est un démagogue. Je parie qu’il trouve vos conversations passionnantes pour vous mettre en confiance de façon à ce que vous lui rapportiez tous les ragots de bureau. Moi, je ne mange pas de ce pain-là ! »

« Si je comprends bien, on est manipulé dans tous les cas par vous ou par Duchemin. C’est très motivant. »

« Qu’est-ce que vous voulez que j’y fasse ? C’est la vie. Nous vivons en meutes, et il faut donc qu’il y ait des chefs de meute. Comme nous sommes sortis de l’air de l’animalité, il faut que nous mettions un peu de subtilité dans les rapports humains. D’ailleurs, ce serait mieux pour vous de faire semblant de ne pas vous apercevoir que vous êtes manipulé, sinon nous serions obligés de revenir à des stratégies plus bestiales pour vous diriger… »

Nos mauvais poèmes

28 octobre, 2013

Il a plein d’épithètes

Dans sa tête

Car ce n’est pas un analphabète.

Il n’est pas bête

Même si les hommes le détestent

C’est aussi un esthète

Qui a fait de nombreuses conquêtes

Très discrètes

Lors de fêtes

En Crête.

Winner ou looser

27 octobre, 2013

« Moi, je ne sais pas grand-chose. Je suis un vrai looser. »

« Ah bon ? Ça ne vous dérange pas de dire les choses comme ça ? »

« Bin… non, c’est vrai. Je mange, je dors, je bosse un peu pour faire vivre la famille. Je vote comme on a dit de le faire au journal de 20 heures. Je suis le foot et la météo à la télé. Et puis après ? Je ne sais pas rien. Je ne serai jamais un grand savant ou un homme politique. Personne ne s’en plaindra. »

« Mais vous êtes un citoyen, vous avez le droit d’exprimer une personnalité ou des idées originales. Peut-être même d’entrainer d’autres citoyens derrière vous. »

« Non plus. Je suis un citoyen qui fait ce qu’il peut avec des moyens intellectuels limités. Par exemple, je pars en congé dans le Midi, tous les 14 juillet. Il y a un monde fou, je râle en sachant très bien que je recommencerai l’année suivante. C’est tout. »

« Oui, en effet, ce n’est pas très malin. Mais vous avez sûrement un petit talent : en sport, en peinture, en cuisine… »

« Oui, je réussis assez bien le gratin dauphinois, mais je ne vais tout de même pas me gaver de gratin dauphinois pour être considéré comme un winner. Comment vous faites, vous d’abord ? »

« D’abord, moi je ne me précipite pas sur l’Autoroute du Sud tous les 14 juillet. Je me contente de m’entasser dans l’aéroport pour partir à Marrakech. Quand il n’y a pas trois jours de grève qui obligent à dormir sur sa valise, ça se passe très bien. »

« Vous pouvez jouer à la pétanque avant le pastis, là-bas ? »

« Oui, bien sûr, en plus nous avons le contact avec la population locale. »

« D’accord, mais qu’est-ce qu’il faut faire encore pour être un winner comme vous ? »

« Il faut lire des livres, vous avez de très bons résumés dans les journaux hebdomadaires. Il faut aussi avoir l’air sportif : un petit jogging autour de votre maison, en fin de dimanche, peut faire l’affaire. Ensuite ayez des opinions politiques… plutôt à gauche pour avoir l’air préoccupé par la misère sociale, et aussi à droite pour qu’on sache que vous n’aimez pas la chienlit et le laxisme…  Vous suivez ? »

« Euh… j’essaie.. »

« N’oubliez pas de dire que vous avez des responsabilités hiérarchique dans votre entreprise. Il faut qu’on ait l’impression de parler à un chef quand on vous regarde. Un homme qui sait manier les autres, qui a beaucoup de soucis importants, mais qui sait rester humain malgré tout. Il y a tant de chefs qui se prennent pour des chefs. Si vous pouviez dépenser un peu d’argent pour n’importe quoi… Juste pour montrer que vous en avez… »

« Euh, c’est compliqué. Finalement, je me sens mieux en looser. Je vais fonder un syndicat ou une amicale. »

A dada !

26 octobre, 2013

J’ai été voir le mètre-étalon

Avec ma deux-chevaux

Dans une ile anglo-arabe 

Je me suis promené dans les baies

Où j’ai abordé Louise de façon cavalière

Sans brider mon envie

Nous avons fumé du crack.

Mais elle n’avait pas d’œillère.

Elle n’a pas apprécié mon manège

Et elle m’a trouvé un peu rosse.

Louise a pris le mors aux dents

Puis est parti au grand galop.

Tout doux

25 octobre, 2013

C’est un coin douillet

Où je peux manger un moelleux au chocolat

Et un éclair au café onctueux.

Pui, je m’endors sur mon matelas mou

Avec ma tendre épouse.

Elle me dit que j’ai la peau douce

Grâce à ma crème à raser.

Le lendemain, elle me prépare un velouté d’asperge.

Faut-il passer le permis ?

24 octobre, 2013

« Comment ? Vous n’avez pas de voiture ? Comment faites-vous ? Vous êtes pieds et poings liés, à la merci de tout le monde… Des grèves dans les transports collectifs, du bon vouloir des autres automobilistes pour vous trimballer… C’est très gênant ! »

« Pour les trains, je m’arrange pour partir en vacances en dehors des grèves. Il suffit d’éviter les périodes de vacances scolaires. Et puis ceux qui me prennent dans leur voiture sont des vrais amis, ça me permet de sélectionner parmi ceux qui prétendent être des copains ! »

« Bon, mais enfin, vous n’avez pas ce cube dans lequel vous pouvez vous pavaner en ville pour montrer votre statut social. Et puis vous ne pouvez pas flanquer la pagaille dans la voiture des autres comme vous pourriez le faire dans la vôtre. »

« Oui, mais je gagne en zénitude alors que je vous vois arrivé, déjà énervé le matin, à cause des embouteillages. Et puis, ce n’est pas moi qui collectionne les PV et les révisions à des prix astronomiques. Quant à mon capital automobile, il ne risque pas de se déprécier rapidement. »

« Admettons… mais vous devez être handicapé. Vous ne pouvez pas annoncer à une belle femme que vous venez d’inviter à diner que vous allez la raccompagner jusque chez elle, ce qui est, comme chacun sait, le début de toutes les folies. Vous n’allez tout de même pas lui dire que vous lui offrez le métro ! »

« Non, mais elle peut, elle, me raccompagner chez moi dans sa voiture. C’est original, surtout si je tombe sur une féministe. »

« En plus, vous n’avez aucun souci de voiture à raconter : les bouchons sur l’autoroute quand vous partez en vacances, le mal de mer de votre femme ou du petit dernier, les PV de la police pour excès de vitesse… Rien, comment faites-vous en société ? Vous ne brodez quand même pas sur vos exploits en vélo ? »

« Non, mais je parle de choses intéressantes : la littérature, la nature, le sport… »

«Je vous plains. Vous ne connaissez pas ce sentiment de toute-puissance qui vous envahit quand vous faites rugir cent chevaux sous votre pied, tout ça dans un confort absolu, parce que, lorsque vous achetez une bagnole, il faut prendre toutes les options… bien entendu. »

« C’est cher… »

« Et le crédit, à quoi ça sert ? Vous achetez un véhicule au coût élevé, du coup on vous admire pour le pouvoir d’achat que vous n’avez pas. C’est tout bénéfice quand il s’agit de briller devant vos voisins ébahis. »

« Et la pollution ? »

« Je m’y attendais. Mais moi, je suis un bon citoyen, opposé à la pollution comme tout le monde. La preuve, c’est que j’achète la voiture la moins polluante du marché pour bénéficier des rabais. Comme ils sont peu élevés, ça ne m’empêche pas de me coller des traites pharaoniques sur le dos. Vous voyez, on peut tout concilier. »

« Bon, allez, je vais passer mon permis… »

Allons-z-y !

23 octobre, 2013

Faisons des agapes à Gap

Ne subissons pas de revers à Nevers

Ne soyons pas en bois à Amboise

Ne soyons pas feignants à Perpignan

Ni mauvais à Beauvais

Aidons les gueux à Périgueux

Payons nos amendes à Marmande

Avalons notre rancune à Avallon

Avant que notre heure sonne à Carcassonne

Histoires d’ânes

22 octobre, 2013

« On ne peut pas faire boire l’âne qui n’a pas soif. »

« Pourquoi pas ? On peut au moins essayer de le convaincre en lui montrant le confort qui serait le sien s’il consentait à s’abreuver. »

« Vous parlez le langage de l’âne, vous ? »

« Euh… non, c’est sûr. Mais on peut présenter au récalcitrant un autre âne qui viendrait juste de boire un coup. Ils pourraient s’expliquer entre ânes. »

« C’est un peu compliqué. De toute façon ce que je disais, c’était métaphorique. Je voulais stigmatiser votre comportement. »

« Qu’est-ce qu’il a mon comportement ? »

« Vous n’écoutez rien. Je vous ai expliqué qu’il ne fallait pas vous baigner dans des zones non surveillées et vous ne trouvez rien de mieux à faire que faire le malin en dehors du carré balisé. »

« Oui, mais je n’aime pas la foule. Vous aimez vous baigner dans un liquide où tout le monde à mariner ? Merci bien. On est plusieurs ânes à penser la même chose. »

« Bon, peut-être, mais moi, je ne vais plus vous sauver. J’aime mieux rester dans la petite baignoire de tout le monde. Il suffit de penser que tous les baigneurs sont propres sur eux. »

« Euh…moi, je n’arrive pas à ne pas penser à leur crasse. »

« Eh bien, jouer au ballon dans l’eau ! Envoyez le haut dans le ciel, il retombera en vous éclaboussant et vous pourrez vous écrier joyeusement en recevant des embruns dans la figure. »

« C’est intéressant, mais je préfèrerais avoir de la place pour améliorer mon crawl. »

« On fait de très belles piscines aujourd’hui… »

« … Qui sont prises d’assaut par tous ceux qui n’ont pas les moyens de partir en vacances. Non, finalement, il n’y a que les endroits interdits qui me conviennent. Si vous pouviez rester au bord pour me surveiller, ce serait sympa. Comme ça, ça deviendrait un endroit sécurisé. »

« C’est que je ne suis pas forcément très sécurisant. Je reste constamment branché sur mes affaires grâce à mon iphone. Si vous vous noyez alors que je consulte mes mails, vous ne pensez tout de même pas que je vais décrocher et me précipiter à votre secours. »

« Vous devriez vous dispenser de travailler en vacances, ce n’est pas très bon pour votre santé mentale, ça fait plusieurs fois que je vous le dis et vous ne m’écoutez pas. Il n’est pire sourd que l’âne qui ne veut pas entendre. Il y a tellement d’autres choses intéressantes à faire dans la vie. »

« Comme vous servir de maitre-nageur sauveteur, par exemple… »

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