Archive pour septembre, 2013

Noir c’est noir

30 septembre, 2013

Un écrivain obscur remporte un prix.

C’est un noir

D’humeur sombre

Au regard de jais

Qui raconte des histoires macabres

Où il est question de corbeaux fous.

Il a pourtant foncé recevoir son prix

Dans les locaux de l’OPAC

Plongés dans les ténèbres à cause d’une grève.

L’homme se fit un sang d’encre.

Il fut rassuré par un marchand de charbon.

Une leçon de vie

29 septembre, 2013

« J’ai horreur des donneurs de leçons. Souvent, je pense au nombre de personnes qui m’ont expliqué comment me comporter sur Terre : les parents, les instits, les profs, les chefs de services, les curés, les femmes, mon voisin… Je me demande si tous ces gens-là ont été assez irréprochables pour avoir eu la prétention de me guider. »

« Euh… peut-être pas, mais ils ont certainement voulu vous faire part de leurs expériences, même négatives, pour vous aider. »

« Bin… non, moi je crois que la plupart d’entre eux s’autorisent à savoir ce qui est bien et ce qui est mal. C’est une façon de se prendre pour le Bon Dieu. »

« Vous exagérez. Ces gens ont voulu vous aider à vous insérer dans une société dont il faut connaître les règles. »

« Et mon libre-arbitre ? Et mon envie de changer les règles ? Et ma créativité ? Vous vous rendez compte de ce qui ce serait passer si on avait donné des cours de peinture à Picasso ou à Michel-Ange. »

« Oui, mais enfin pour créer, il faut commencer par prendre des leçons de technique. »

« Peut-être pour dessiner. Mais pour vivre, est-ce que quelqu’un peut se donner le droit de détenir un savoir-faire universel. Par exemple, au catéchisme, on apprend qu’il est mal de mentir. Vous n’allez pas me dire que vous ne mentez jamais dans la vie courante. Vous passez votre temps à berner vos clients pour qu’il vous achète vos produits. »

« Euh… il y a les principes moraux d’une part et les affaires de l’autre. »

« Je ne vous le fais pas dire. Autrement dit, tous ces gens qui ont voulu m’apprendre à vivre m’ont abreuvé de leurs contradictions. C’est un petit miracle, si je suis un homme équilibré et réfléchi. »

« Bon… prenons le problème autrement. Vous n’êtes pas obligé d’écouter et de mettre en pratique ce que les autres ont tenté de vous apprendre. C’est comme une boite à outils que vous utilisez ou non, en fonction des besoins. »

« D’accord, mais si je ne tiens pas compte de ce que me disent les autres, ils me le reprochent amèrement, surtout si j’échoue dans mes entreprises. J’ai horreur qu’ils me disent qu’ils m’avaient bien prévenu que j’allais me planter. »

« Dans ces conditions, il ne vous reste plus qu’à faire ce que vous voulez sans tenir compte de l’opinion d’autrui. Qui sait ? Peut-être que vous allez inventer quelque chose de génial comme Picasso ou Michel-Ange. »

« Euh… C’est ce que vous me conseillez ? Vous voyez, vous êtes encore en train de me faire la leçon et d’orienter ma personnalité. Finalement, je ne vais pas vous écouter, je vais faire comme disent les autres et me conformer aux règles de la vie en société. Il suffit que je les comprenne. »

« Ça ne va pas être drôle. »

Nos mauvais poèmes

28 septembre, 2013

Le dévouement de Jean lui vaut l’estime de tous

Surtout de Charles, même si ce dernier tousse.

Jean est parti dans la brousse.

Charles est à ses trousses.

Il ne voudrait pas que quelqu’un le détrousse

Ou que Jean ait la frousse.

Jean a oublié sa trousse

Et son Larousse.

Il s’en fout, il pense à sa belle rousse.

Faire

27 septembre, 2013

On dit qu’il sait bien ne rien faire.

Cependant  il sait faire le bien

Et faire du bien à son bien.

Il sait aussi faire faire : c’est bien !

Ainsi il se fait du bien.

Ce texte, ça commence à bien faire.

Bien ! Mais il fallait le faire !

On peut bien dire qu’il fait l’affaire.

Ordre et désordre

26 septembre, 2013

« Il faut toujours que tout soit ordonné, c’est très contraignant. »

« Vous trouvez ça bien de vivre dans le désordre ? »

« Je ne sais pas si c’est bien, en tous cas c’est plus reposant.  Sinon, il faut ranger, toujours ranger… Les chemises avec les chemises, les chaussettes avec les chaussettes, etc… Où est ma liberté individuelle ? Elle est brimée, jusque dans mon frigo où il faut ranger les victuailles par date de consommation ! Vous vous rendez compte ? »

« Oui, mais enfin, ranger vos affaires, c’est aussi la garantie de les retrouver facilement. Si tout est en désordre, vous faites comment ? »

« Je retrouve ce que je cherche à l’instinct, tel le chat retrouvant le chemin de son écuelle… »

« Et quand votre instinct a une défaillance… »

« Je m’énerve, ça me fait du bien de m’énerver après des choses qui fuient mon regard. »

« Vous ne seriez pas un peu paresseux ? »

« Si ne pas avoir envie de passer son temps à ranger, c’est de la paresse, oui. D’autant plus qu’avec le progrès technologique, il y a de plus en plus de choses à ranger dans un ménage. Les papiers administratifs, les fichiers dans mon ordinateur… je ne vous dis pas. On pourrait inventer une nouvelle profession : rangeur à domicile, ça créerait de l’emploi. »

« Mais vous devez perdre pas mal de trucs… »

« En fait, j’ai un certain sens de l’ordre quand même…. Comme j’entasse les objets les uns sur les autres, les derniers que j’ai manipulés se trouvent nécessairement sur le dessus de la pile. Il y a juste un inconvénient, c’est qu’il faut choisir la bonne pile quand je cherche, c’est pour cette raison que je ne fais pas beaucoup de piles. »

« Et pour les articles que vous n’avez pas manipulés depuis longtemps ? »

« Alors là, c’est un risque à prendre. C’est là où intervient mon instinct de chasseur. J’essaie de me rappeler l’endroit où je me trouvais au moment où j’ai vu l’objet convoité pour la dernière fois, ça me donne déjà une indication sur la pile qui peut le receler. Ensuite, il faut retourner la pile pour avoir une chance de le dénicher. Il fat admettre un certain coefficient d’échec…. Si vous voulez retrouver tout à coup sur, vous ne vivez plus ! »

« Il y a quand même des choses indispensables qu’on ne peut pas se permettre de perdre : les clés de voiture, la télécommande, le portefeuille, etc… »

« Oui, alors là, j’ai deux techniques. D’abord, la technique du « je laisse trainer » : je laisse trainer les choses dans mon champ de vision pour être certain de les voir. Par exemple, je laisse trainer la télécommande de la télé sur mon fauteuil. La seconde, c’est celle du « poids dans la poche ». Par exemple, je mets mon trousseau de clé dans la poche droite de mon pantalon de façon à ce que le haut de ma cuisse soit habitué à sentir sa présence. En cas d’absence, l’épiderme de ma cuisse m’avertit instinctivement. C’est ce qu’on peut appeler une réaction épidermique. »

« Et la carte bleue ? »

« Oui là, il faut être prudent, mais admettez que j’ai bien réduit le champ des soucis de perte ce qui permet de me concentrer sur la sauvegarde d’objets indispensables. »

Histoire olfactive

25 septembre, 2013

Dans son jardin Raoul fumait sa pipe

Et cueillait des fleurs.

Il fallait absolument le mettre au parfum.

Il n’était plus en odeur de sainteté.

Ses adversaires l’avaient dans le nez.

Ça sentait le roussi pour lui.

A Rome, il devait fuir.

Il ne fallait pas qu’il soit repris : c’eut été le bouquet !

 

Trompons-nous gaiement

24 septembre, 2013

« Il ne faut pas se tromper. Et quand on s’aperçoit qu’on s’est trompé, il ne faut pas se corriger. C’est comme ça. »

« Ah bon ? »

« Oui, si vous vous corrigez, vous allez passer pour un être hésitant, peu sûr de lui. Il vaut mieux être certain de son erreur plutôt que de la reconnaître honnêtement. »

« Vous exagérez… »

« Pas du tout. Si vous vous trompez de chemin en voiture et que vous faites un demi-tour, non seulement vous passez pour un idiot, mais en plus pour un gêneur puisque vous bloquez toute la circulation dans un sens et dans l’autre. Pour la sauvegarde de votre dignité de conducteur, il est bien mieux de continuer sur la mauvaise route. D’ailleurs, dans certaines villes, on s’arrange pour que les rues soient étroites de façon à ce qu’aucune voiture ne puisse faire demi-tour. Se tromper est permis, mais vouloir rectifier son erreur est interdit. »

« Vous avez d’autres exemples, comme ça ? »

« Bien sûr. Vous vous trompez de train. Au lieu de partir pour Dijon, vous allez à Lyon. Le contrôleur vous le fait remarquer. Vous commencez par passer pour un imbécile et ensuite, vous ne pouvez absolument pas corriger votre trajectoire. Encore un exemple : vous êtes au supermarché. Arrivé à la caisse, vous vous apercevez que vous vous êtes trompé de marque de chocolat. Eh bien, c’est terminé ! Tant pis pour vous. A moins d’avoir envie de vous faire découper en petits morceaux, vous ne pouvez pas bousculez les dix personnes qui attendent derrière vous pour courir chercher votre chocolat préféré. Il y a des moments où il faut choisir entre le chocolat et l’existence. »

« C’est triste. Moi, je me trompe tout le temps et j’essaie de réparer mes erreurs ! »

« C’est un désastre ! Il ne faut pas ! C’est quasiment illégal ! »

« Par exemple quand je me trompe au bureau, je refais mon travail. »

« C’est pas possible ? Mais vous faites perdre du temps à tout le monde ! Personne ne répare ses fautes. Le mieux, c’est de faire comme si on ne les avait pas vues. Lorsque votre équipe de foot perd, ce n’est pas la faute des joueurs ou de l’entraineur, c’est à cause de l’arbitre ou du terrain mal entretenu, c’est bien connu. »

« Oui, mais vous comprenez, moi j’ai des scrupules à ne pas reconnaître mes faiblesses. Je ne dors pas bien, je ne mange plus… »

« Vous êtes un vrai handicapé. Il faut admettre que dans la vie courante, vous avez un certain pourcentage d’échecs inévitables dès que vous entreprenez quelque chose. C’est automatique. Il vaut mieux ne pas en faire cas, sinon vous passez pour un pauvre faiblard et en plus vous vous faites du mal. Soyez sûr de vous et de vos différentes nullités ! »

« Vous êtes sûr de ne pas vous tromper ? »

Un banni repenti

23 septembre, 2013

Seul dans la forêt, il est rempli d’effroi et il a froid.

Il allume son réchaud qui lui tient chaud.

Il cuisine un tablier de sapeur pour conjurer sa peur.

Il va dormir dans le noir en pensant à son manoir.

Il n’a pas remboursé  ses dettes à sa cadette

Qui l’a chassé de son lit pour le punir de ce délit.

Demain, il ira demander sa grâce avec grâce.

Puis il recommencera à produire de l’eau-de-vie, c’est sa vie

Qu’il vendra au marché, sans avoir besoin de démarcher.

Un séducteur

22 septembre, 2013

« Je suis bouffi de graisse un peu partout. »

« Il faudrait faire un régime. »

« Je n’aime pas les régimes. Je préfère manger ce que j’aime. Et puis de toute façon, je suis trop petit, j’ai les bras courtaud, je donnerais donc toujours l’impression d’être gros. »

« Vous devez avoir des problèmes pour séduire. »

« Oui, d’autant plus que j’ai une jambe un peu plus longue que l’autre. »

« Ce n’est rien, ça peut vous donner une démarche chaloupée de cow-boy. Essayez d’arquer un peu les cuisses…. Euh… non, finalement, ce n’est pas la peine d’avoir l’air ridicule. »

« Et pour ma verrue sur le nez ? Je fais quoi. »

« C’est pas grave, ça caractérise votre appendice nasal. Vous au moins, vous n’avez pas un nez anonyme. Il n’y a rien qui ressemble plus à un nez qu’un autre nez. »

« Vous ne trouvez pas que derrière mes lunettes à grosses montures, mon regard semble un peu éteint. Comme si je ne pensais à rien. »

« Pas du tout, mais alors pas du tout. On sent que vous êtes un être réfléchi. Pas un illuminé comme il y en a tant. Certains me font peur rien qu’en me fixant de leurs yeux exorbités. »

« Bon, et pour mes points noirs ? »

« Vous avez la peau d’un adolescent, ne vous plaignez pas trop. »

« Vous ne trouvez pas que je bafouille. »

« C’est mieux que de bégayer. De toute façon, vous ne dites pas grand-chose d’intéressant. Ce n’est pas grave si on ne comprend pas. »

« Bon, alors, je vais essayer de manger mes ongles moins souvent. »

« Vous en avez encore ? Essayez plutôt de ne pas renifler toutes les cinq minutes. Ce n’est guère sexy. »

« Je n’en suis plus à vouloir être sexy. Si je pouvais être sympa, ça me suffirait. Vous n’auriez pas un truc ? »

« Essayez la coiffure iroquois, teinte en rouge vif, ça pourrait être marrant…. Les gens vont vous remarquer, vous pourrez être un point de mire. »

« Vous pensez que ça ira avec mon double menton. »

« Euh… je sais pas.. Mais avec vos oreilles décollées, c’est le succès assuré. On ne vous confondra avec personne d’autre. Et si en plus, vous vous moquez de vous-même, c’est gagné, on vous trouvera sympa. Original et sympathique. Je n’irai pas jusqu’à dire sexy, encore qu’on trouve toujours des maboules…  »

Non !

21 septembre, 2013

Paul disait toujours non, mais un non propre.

C’était un non nonchalant.

Paul ne restait pas dans le non-dit.

Il était un peu non-conformiste.

Mais il ne se regardait pas le nombril.

Il tenait un salon de coiffure non-stop

Dans une zone de non-droit.

Non loin d’une cité

Où il régnait en maître, nom de nom !

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