Ls derniers seront les derniers

« J’ai un découvert bancaire important. »

« Vous ne faites pas partie des bons citoyens. Rassurez-vous c’est normal : Il faut des mauvais pour qu’il y ait des bons. »

« Oui, vous avez raison. Et ça ne va pas s’améliorer. Quand vous avez un découvert, on vous prend des agios pour que votre découvert soit encore plus gros et que vous ayez encore plus de mal à le combler. »

« C’est normal : quand vous êtes au bas de l’échelle, la société doit être sûre que vous y restiez. Ainsi, plus longtemps vous êtes en chômage, plus vous avez de chance d’y rester. C’est une espèce de prime à l’envers. C’est comme si vous chargiez de plomb les poches de la lanterne rouge du Tour de France ; ce serait le meilleur moyen qu’il ne rattrape personne. Il ne faut pas que vous les derniers, vous refassiez surface, les vedettes de la course ne doivent pas être dérangées. Elles ont bien assez de soucis comme ça.»

« Ce qu’il y a de merveilleux, c’est que ça marche dès l’âge de l’école. Plus un élève est réputé mauvais, plus les profs sont sévères lorsqu’ils examinent ses devoirs. Ça lui apprend où est sa place dans la vie. »

« Ça marche dans tous les domaines. Par exemple, comme vous êtes très laid, vous n’avez aucune chance de séduire une femme dès le départ. Et moins séduisez, moins vous êtes séduisant. C’est comme inscrit sur votre visage. Le déclassement engendre le déclassement ! » »

« La nature fait bien les choses. On ne peut pas se tromper. On est sûr que les derniers restent bien les derniers. »

« C’est important pour le lien social. »

« Ce n’est pas mon genre, mais il parait qu’il y a parfois des derniers qui arrivent à se hisser dans les premières places ! »

« Ce sont les Perturbateurs. Il faut absolument des gens qui jouent le rôle de Perturbateurs dans une société. Cela permet de montrer que l’ascension sociale n’est pas figée. Ça donne un peu d’espoir à ceux qui resteront au rez-de-chaussée. S’ils rouspètent trop, on peut leur donner les Perturbateurs en exemple. C’est commode, mais les places de Perturbateurs doivent rester limitées pour que leur fonction soit efficace. »

« Moi, ce n’est pas mon ambition, j’ai élu domicile au rez-de-chaussée. Je ne suis pas du style à me bousculer aux portes de l’ascenseur. Je reste avec mon découvert, mon chômage, mes déboires amoureux et mes mauvaises notes à l’école. On finit par s’y faire. Finalement, les places de derniers sont les moins stressantes. Il est difficile d’être plus dernier que dernier. Il n’est même pas besoin de me donner une prime pour me prier de rester dernier. »

« C’est une bonne attitude. Si tous les moins que rien en faisait autant, on serait plus tranquille. Plus d’émeutes, plus de grèves, plus de revendications. Le rêve quoi… »

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