Archive pour août, 2013

Petits personnels

31 août, 2013

Jules était un type extra

Un bon garçon,

Entouré d’animaux domestiques.

Il  fut servant à la messe pendant longtemps,

Puis un très bon serveur au tennis.

Il jouait aux cartes, surtout avec les valets.

Jeanne fut sa première nourrice.

Elle  l’avait à la bonne.

Elle le coiffait et lui laquait les cheveux.

Mais Jules lui préféra la suivante.

 

Poême olfactif

30 août, 2013

La petite peste empeste.

La cocote cocotte.

Le renifleur renifle.

Le dresseur fouette.

Le vendeur d’amphore sent fort.

L’homme trapu pue.

Rose ne sent pas la rose.

Médor odore.

C’est toujours la même histoire

29 août, 2013

« Finalement, les romanciers écrivent toujours autour des mêmes choses. L’Amour, la Mort et Rien ».

«   Comment ça, Rien ? »

« Oui, Rien : Le temps qui passe, du vent dans les branches d’un arbre, le café du matin, la promenade de l’après-midi, les yeux de la bouchère, le miaulement d’un chat, les galopades d’un gamin… La monotonie du quotidien, quoi… On peut rédiger de très belles pages là-dessus, pleines de poésie. »

« Vous voulez dire qu’en dehors de l’Amour, la Mort et Rien, il n’y a pas d’autres sujets littéraires ? Comment se fait-il qu’on écrive autant alors ? Tout devrait être dit depuis longtemps ! »

« Parce qu’il y a mille manières d’arriver à l’Amour, à la Mort ou à Rien. On peut très bien y parvenir par leur contraire. Par exemple, vous commencez votre histoire un homme et une femme qui se détestent et de file en aiguille, ils se chamaillent tellement qu’ils finissent par s’aimer. Et hop ! Vous avez fait une comédie romantique. Ou alors, vous prenez un personne de plein de vie et vous le faites décédez dans un accident de voiture. Et paf ! Vous venez d’écrire une horrible tragédie ! »

« Pardon ! Pardon ! Mais deux personnages qui se haïssent peuvent très bien ne pas se marier. »

« Oui, bien sûr. Mais comme il faut une fin à l’histoire, l’un tue l’autre et nous voilà ramener au problème précédent ou alors ils finissent par s’ignorer et le roman finit sur Rien, ce qui est aussi une façon de revenir à l’un de nos trois sujets ! »

« Et votre accidenté de la route, il peut très bien s’en tirer, il peut être pris en charge rapidement par le Samu et l’hôpital revenir à la vie. »

« Vous avez raison. Mais le romancier dispose d’une arme fatale qui lui permet d’écrire quand même sur les mêmes thèmes : l’incertitude. Il va mettre son personnage dans un lit d’hôpital et il va entretenir le suspense. Va-t-il en réchapper ? Ses proches s’inquiètent ? Sa famille et sa carrière sont en jeu ? On peut facilement faire deux ou trois cent pages avec ça… »

« Vous exagérez ! Comment analysez-vous les romans policiers dans votre classification ? »

« C’est très simple. Le roman policier permet d’utiliser les trois ingrédients, plus l’arme fatale. Je vous explique. L’écrivain fait planer l’ombre de la Mort, si possible jusqu’à la fin. Celle du policier ou de gangster ou les deux, peu importe. Si l’un des deux ou les deux aiment une femme, c’est encore mieux, ça introduit un enjeu supplémentaire. Entre les scènes d’action, et les scènes sentimentales, il introduit un peu de Rien, c’est-à-dire de scènes de tous les jours : un bus qui passe, une chanson à la radio… bref, quelque chose qui lui permet d’ancrer son affaire dans le quotidien. Et par-dessus le tout, il injecte de l’incertitude : on ne sait pas si le policier va attraper le gangster jusqu’au bout, ni qui va gagner… »

« C’est déprimant, vous êtes en train de me dire qu’il n’y a jamais rien de nouveau. Ce serait comme la crème dermique. Il y a trois ingrédient possible et en les mélangeant dans des doses différentes, on obtient des produits apparemment différents, mais qui sont un peu les mêmes quand on y regarde de près. »

« Vous ne m’avez pas interrogé sur l’appétit du pouvoir, de l’argent ou du sexe ? Ce sont des thèmes qui ont donné lieu à beaucoup de bouquins »

« Oui, c’est vrai … alors ? »

« C’est très simple. Lorsque votre roman parle de pouvoir, d’argent ou de sexe, ça signifie qu’il se range dans la catégorie des romans sur Rien. »

« Comment ça ? »

« Oui, parce qu’en réalité, vous parlez du contraire de Rien, c’est-à-dire de gens qui cherchent à échapper à la monotonie du quotidien. C’est comme les deux êtres qui commencent par se haïr, en fait ils parlent d’amour. Ou alors quand vous décrivez un être plein de vie, vous discourez sur la mort. »

« C’est gai, votre truc ! »

 

 

Anti-

28 août, 2013

Il est antipathique

Et anticonformiste.

Il passe son temps dans les antichambres.

Pour essayer de vendre les antiquités

Dont il s’est entiché.

Il propose aussi des antivols

Car il a travaillé dans la brigade antigang.

Il circule dans un tacot antique

Dans lequel  il rêve de partir aux antipodes

Ou alors aux Antilles

Pour vivre avec les entités humaines  de son choix.

Tout va bien

27 août, 2013

« Tout va bien ! »

« C’est pas possible, c’est la catastrophe ! »

« Euh… si, pourquoi ? »

« De quoi va-t-on parler ce soir au journal télévisé, si tout va bien ? Pas de crise, pas d’accident nucléaire, pas d’attentat ! »

« Je n’y avais pas pensé. On va être obligé de raconter les parties de croquet de la reine d’Angleterre ou alors la dernière visite chez le tailleur de Léonardo Di Caprio. Ça va être d’un ennui mortel ! »

« Il faut absolument trouver un problème. »

« On pourrait faire comme d’habitude : se rabattre sur le temps qu’il fait. »

« Même pas… Pas la moindre canicule à l’horizon, ni le plus petit ouragan. Du coté des inondations, tout le monde est au sec. Aucune image de désolation à se mettre sous les yeux. Même les agriculteurs sont contents, c’est dire dans quelle mélasse on est ! »

« Bon, si on semait un peu d’inquiétude dans les esprits ? Il suffirait de dire que si tout va bien, ça ne va pas durer longtemps. Après le beau temps, la pluie. Agitons une menace : il faut se serrer la ceinture en période de vaches grasses en prévision des mauvais jours. »

« On a déjà fait le coup quand tout allait mal, on a expliqué en long et en large que ça irait encore plus mal. Si on se sert la ceinture quand tout va bien et quand tout va mal, les gens vont finir par nous demander quand il faut la relâcher. »

« Et les jeunes ? Ils ne cassent plus rien ? »

« Bin …non. On ne peut plus se fier aux jeunes, maintenant… Ils travaillent bien à l’école ! Ils ne caillassent plus les profs ! Il y en a même qui respectent la Police. Ils préparent leur avenir bien tranquillement ! »

« Pff… On n’a pas importé une petite maladie que personne ne connait ?  »

« Rien, tout le monde se porte bien. Les médecins sont payés à ne rien à faire. Ils passent leur temps en colloques. »

« Et en foot ? »

« C’est pire, voilà cinq ans que l’équipe nationale n’a pas été battue. On cherche la composition idéale pour connaître au moins une petite défaite. L’entraîneur est pourtant très mauvais. »

« Bon, il va falloir prendre les grands moyens. On va faire venir un membre de l’opposition. Il s‘en trouvera bien un pour expliquer que si tout va bien, ça pourrait aller encore mieux que bien s’il était au pouvoir. »

Rions !

26 août, 2013

Il s’appelait Auguste.

Son père était zouave.

Auguste n’était qu’un bouffon

Qui vivait Porte de Pantin.

Au bistrot, Il sortait sa blague à tabac

Puis il  buvait des guignolets.

Il habitait avec une muse qui l’amusait

En faisant le clown

Et en montrant des marionnettes.

A bien y regarder…

25 août, 2013

« Vous avez un regard vide. Je n’y lis rien. C’est extrêmement gênant. Vous devriez y mettre quelque chose dans votre regard. »

« Ah bon ? »

« Chez la plupart des gens, on peut savoir ce qu’ils pensent en observant la manière dont ils vous regardent. Mais vous, rien ! Absolument rien ! Vous êtes muet du regard ! »

« Bin… justement, c’est un moyen de défense. Comme ça, je suis tranquille ou je peux surprendre mon interlocuteur. »

« Oui, mais on peut aussi vous prendre pour un demeuré avec votre façon de regarder les gens d’un air hébété. »

« Bon, alors je fais comment. Il faut me rééduquer le regard. »

« Essayez de penser à un choux à la crème onctueux qu’on voit ce que ça donne…. Euh, non ! …. On a l’impression que vous avez envie de m’assassiner. Changeons de tactique…. Imaginez que je suis Nicole Kidman. »

« Euh… c’est un peu compliqué, vous ne lui ressemblez pas du tout. »

« Faites un effort. Normalement, ça devrait donner une flamme érotique dans le regard… Euh… on ne va pas aller très loin, vous n’exprimez pas le moindre élan sensuel. C’est affligeant. »

« Parlez-moi avec véhémence ! »

« Espèce de crétin ! Vous allez me casser les pieds pendant longtemps ? Qu’est-ce qui vous permet de me critiquer ? »

« C’est catastrophique. Même quand vous vous énervez, on a l’impression que vous attendez le bus ou que vous regardez la télé. Le mieux, ce serait peut-être que vous portiez des lunettes noires. On pourrait avoir l’impression eu vous êtes une vedette de cinéma… »

« Ou alors un mal-voyant… Je ne suis pas enthousiaste pour votre solution ? Je pourrais peut-être fermer les yeux en rejetant la tête en arrière. Les gens pourront penser que je réfléchis beaucoup et que je suis donc intelligent. »

« Bon, si vous voulez, mais arrêtez de me regarder comme ça. Vous donnez l’impression de m’en vouloir, c’est assez stressant ! »

« Mais justement, je vous en veux beaucoup. Vos remarques sur ma physionomie sont extrêmement blessantes. »

« Bonne nouvelle ! Vous avez donc une expression authentique dans votre registre. Mais vous ne pouvez pas avoir l’air d’en vouloir au monde entier. Essayez de m’aimer un peu avec les yeux qu’on voit ce que ça donne. »

« Euh…non, là… je ne peux vraiment pas. »

La valse des prénoms

24 août, 2013

Elle va aux fraises Charlotte.

Jean n’a rien à foutre, mais ce n’est pas un Jean-foutre.

Marcel  achète un tricot de corps, un marcel.

Robert aime les roberts de Jeanne.

Louis collectionne les louis

Et Maxime les maximes.

Jules est le jules de Perrine.

Pierre a un cœur de pierre.

Guy aime le gui.

Madeleine en mange avec son thé.

Julienne préfère la julienne.

Nos mauvais poèmes

23 août, 2013

Il est originaire de Pau

Mais, dans sa poche, il garde son drapeau.

A force de fréquenter les tripots

Il est sourd comme un pot

Et paie régulièrement ses impôts.

Mais ce n’est pas le propos.

Dans cette affaire, il ne veut pas porter le chapeau.

Il ne faut pas lui jouer du pipeau.

Ni lui demander de suivre le troupeau.

Personne n’aura sa peau.

Il reste sur son lit, au repos.

Punition

22 août, 2013

« Je dois vous punir. »

« Moi ? Qu’est-ce que j’ai fais ? »

« J’en sais rien, mais ce n’est pas le problème. Vous devez être puni. C’est comme ça.  Pour commencer, il faut vous serrer la ceinture parce que c’est la crise. »

« Mais avant la crise, il fallait déjà se la serrer ! »

« C’est pas pareil, à l’époque c’était pour éviter la crise ! En plus, il va falloir que vous travailliez davantage sinon vous allez arriver à la retraite jeune et fringant. Ça ne va pas du tout, ce ne serait plus la retraite, ce serait une colonie de vacances. »

« C’est tout ? »

« Non, je vous défends de fumer dans les bureaux. »

« Mais ça, c’est déjà interdit. »

« Mince ! C’est vrai, j’avais oublié. Si on ne fait pas attention, on va finir par manquer d’interdits. Bon…allez puisque c’est vous, je vais me contenter de vous condamner à ne pas partir en vacances : vous n’en avez plus les moyens. »

« Je peux aller au cinéma, ça ne dérange personne ? »

« Si un peu, il ne faudrait pas abuser de distractions culturelles. Si tout le monde se met à réfléchir, ça va être la chienlit permanente. Pendant que j’y suis, je vous rappelle qu’en voiture,  vous ne devez pas dépasser le 50 en ville et 130 sur l’autoroute. »

« Mais ma voiture peut monter jusqu’à 250. »

« Et alors ? Ça n’a aucun rapport. N’oubliez pas non plus qu’il vous est interdit de m’envoyer des mails. J’en ai cent cinquante pas jour à lire, alors les vôtres, vous pouvez vous les garder. »

« Je croyais que les nouvelles technologies devaient faciliter la communication… »

« C’est une croyance erronée. Votre vie doit être plus compliquée, au contraire. Je m’en suis personnellement occupé. Quand vous prenez de l’essence aux pompes automatiques, je me suis arrangé pour que ça se passe mal. J’ai mis des tuyaux trop courts ou alors, la machine à lire votre carte bancaire ne comprend rien. Et évidemment, il n’y a aucun numéro de téléphone de secours, comme ça, vous êtes bien embêté… »

« C’est sympa ! »

« Je n’ai pas à être sympa. Je dois vous punir. Pour votre bien évidemment. Je vous aime tellement que je vous condamne à avoir moins souvent la visite des éboueurs. Vous n’avez qu’à faire moins de déchets ou alors les porter vous-mêmes à la déchetterie. On n’est pas à votre service ! »

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