Archive pour juillet, 2013

A l’infirmerie

10 juillet, 2013

Marie a essuyé les plâtres.

Maintenant, elle est vaccinée

Elle ne tournera plus sa cuti.

Elle sait désormais ce qu’elle doit penser.

Elle n’aura pas besoin de piqure de rappel.

Marie écoute désormais la radio

Qui sait ausculter les conditions de la  circulation.

Personne n’est aux petits soins pour elle.

Même sa bande de copains.

Les choses qui ne sont pas autorisées

9 juillet, 2013

« Il est interdit de monter sur les pelouses. »

« Et les enfants vont jouer où ? »

« Aucune importance. Il ne faut pas non plus parler au chauffeur. C’est pour la sécurité de tout le monde. »

« Il va s’ennuyer. »

« Pendant que j’y pense aller donc fumer dehors. C’est interdit ici. Vous devez respecter la santé des autres, même si vous vous fichez de la vôtre. »

« C’est qu’il fait froid dehors ! »

« Mettez un manteau. Et puis quand vous allez au zoo, je vous rappelle qu’il est défendu de nourrir les animaux. Vous allez encore leur donner n’importe quoi comme d’habitude et ils seront malades. Respectez les animaux ! »

« Bon, d’accord ! »

« Pendant que j’y pense aussi, parlez-moi dans l’hygiaphone, j’en ai un peu marre de recevoir vos postillons dans la figure. Et puis en sortant, vous êtes prié, en tant que piétons, de marcher sur le trottoir d’en-face, après avoir essuyé vos pieds sur la paillasson. »

« Bon, je peux respirer normalement ? »

« N’ironisez pas, ce n’est pas bien. Vous devez écouter mes consignes. Quand vous serez chez vous, je vous rappelle qu’il est interdit de faire du bruit après vingt-deux heures, même en cas de match de Ligue des Champions. »

« C’est compliqué. »

« Non, c’est très simple de respecter ses voisins même s’ils ne vont pas au lit avant minuit. Pendant que j’y pense, ne jetez rien par les fenêtres, la concierge n’apprécie pas. »

« C’est dommage, j’avais l’habitude de vider ma poubelle dans la cour ! »

« Je vous ai demandé de garder vos sarcasmes pour vous. C’est rigoureusement interdit par la loi.  Evidemment, je vous prie de ne pas biffer le bulletin que vous allez glisser dans l’urne lors du prochain scrutin. Seuls les anti-républicains se livrent à ce genre de pratique. »

« Il n’y a pas d’élections cette année, mais j’essaierai de m’en souvenir.. »

« J’espère que vos enfants ne bavardent pas en classe. La maîtresse n’aime pas trop. Je suis bien obligé de vous le rappeler. »

« Je vous en remercie. »

« N’affichez rien non plus sur les murs de la salle des fêtes comme le font certains malfaisant, c’est interdit pas la loi de 1881. Veillez respecter toutes les lois, même celles que vous ne connaissez pas. Sauf si vous appartenez aux milieux autorisés, bien entendu ! »

Un tennisman de choc

8 juillet, 2013

Il y a un hic.

Il ne sait pas faire un smash.

Ce n’est pas un crac.

Par contre, il a des tocs

Et des tics.

Au tennis, il préfère les boums.

D’où il revient complètement paf

Avec un bon coup dans le pif.

Ce n’est pas très chic.

Avec sa femme, il y a souvent un clash.

Débat politique

7 juillet, 2013

« Il faut cesser de réfléchir et de parler, il faut agir. Nous avons besoin d’actions concrètes. »

« Vous avez raison. Moi-même, j’ai pris des décisions énergiques. Dimanche, j’ai emmené ma femme se promener à la campagne ! Je n’ai pas perdu de temps à parlementer. Je l’ai poussé dans la voiture et hop ! A la campagne ! »

« Et alors ? »

« Elle n’était pas très contente, elle voulait aller chez sa mère. »

« Vous ne comprenez rien. Le problème de l’autorité se pose dans les affaires publiques. Quand on est élu, on a la légitimité pour faire preuve d’autorité sans se perdre dans des palabres inutiles. Par exemple, les automobiles polluent… Hop ! J’interdis les automobiles ! C’est simple ! J’ai beaucoup de courage politique, moi. Ce n’est pas comme certains. »

« Oui, mais vous allez mettre les constructeurs automobiles en difficultés… et l’emploi ? Vous avez réfléchi à l’emploi ? Vous ne  trouvez pas qu’on a assez de chômage comme ça ? »

« Et voilà ! Vous recommencez à vouloir discutailler. Vous allez vouloir créer un groupe de travail, je suppose. Avec un rapport que je me ferai un plaisir d’enterrer ?  Allons, allons, soyons sérieux ! Ce qu’il faut, c’est prendre des décisions ! C’est simple, non ? »

« On pourrait quand même réfléchir aux décisions. Par exemple, on pourrait éviter de construire des voitures pour les interdire ensuite, ou bien on pourrait éviter de construire des grosse voitures polluantes qui peuvent dépasser les 200 kms par heure alors que c’est défendu ! »

« C’est vous qui voulez tuer l’industrie automobile. Il faut que chaque citoyen puisse s’acheter tranquillement son automobile même si j’interdis son usage ou si je limite sa vitesse, ça fait partie de l’image de marque de chacun. Si l’électeur de base ne peut même plus acquérir l’auto qui lui permettra de faire son malin dans son quartier, il va être malheureux. C’est ça que vous voulez, une population de malheureux ? »

« On pourrait aussi s’adresser à l’intelligence du consommateur. »

« Non, ce n’est pas possible. Vous allez remettre en cause le modèle de consommation. Et la croissance ? Vous ne pensez pas à la croissance !  Avec vos façons de réfléchir, vous allez nous faire entrer dans une vraie récession. On aura peut-être un peuple cultivé, mais une économie en récession. »

« Mais enfin, la croissance produit des déchets, pollue… »

« C’est très bien la pollution ! A tout problème, une action en réaction. La croissance pollue, créons des entreprises de dépollution ! Ça va augmenter le nombre d’emplois, c’est tout bénéfice. Moi je réfléchis moins que vous, mais je suis plus efficace ! D’ailleurs, je devrais arrêter de discuter, vous faites perdre du temps à tout le monde. Les gens comme vous représentent un problème pour les autres. Il va falloir que nous agissions pour l’éliminer. Ou bien je vous envoie en rééducation ou bien je lance une grande campagne pour vous discréditer auprès de l’opinion publique. Vous voyez, je ne suis pas autoritaire, je vous laisse le choix : qu’est-ce que vous préférez ? »

Industrie textile

6 juillet, 2013

Jeannot est dans de sales draps

Il est presque fichu.

Il ne lui plait plus.

Elle n’est pas très a l’aise.

Car il tire toujours la couverture à lui.

En plus, il a le bras en écharpe.

Il ne l’emmènera plus se faire une toile.

Il ne lui racontera plus un tissu de bêtises.

 

De toutes les couleurs

5 juillet, 2013

Louis en a vu de toutes les couleurs.

Cette fois, il voit rouge.

Il fait grise mine.

Il va mettre ses griefs noir sur blanc.

Ce n’est pas un bleu.

Ni un jeune blanc-bec.

La ligne jaune a été franchie.

On l’a fait marron.

Il est vert de rage.

La quintessence du supporter

4 juillet, 2013

« Les supporters nous supportent quand on gagne. »

« Oui. Et quand on perd, il n’y a plus personne ! C’est la glorieuse ingratitude du sport. »

« En fait quand on gagne, ils s’identifient à nous. C’est comme si c’était eux qui gagnaient. Ils sont comme tout le monde, ils s’intéressent surtout à l’image qu’ils ont d’eux-mêmes. »

« C’est d’autant plus curieux que c’est nous qui avons leur image entre nos pieds. »

« C’est normal, nous jouons au foot mieux qu’eux. »

« Alors, on se demande pourquoi ils mettent leur amour-propre dans notre réussite. Il faudrait imaginer un championnat des équipes de supporters. Là, ils mettraient directement en jeu leur propre amour-propre au lieu de nous crier dessus quand on joue mal. »

« Certes, mais il ne faut pas oublier que le métier de supporter présente un autre avantage, celui de hurler ou de siffler comme un imbécile. Ça fait du bien aux nerfs de vociférer. Pour n’importe quoi, ça n’a pas d’importance. »

« Autrement dit, le supporter est un animal féroce qui hurle avec la meute pour le plaisir de hurler que ce soit pour exprimer un contentement ou un désenchantement… »

« Je le crois. D’ailleurs, il y en a qui ne regardent même pas le match : ils ont le dos tourné à la pelouse. Leur job c’est d’orchestrer les cris d’hyène des autres. »

« On est proche de l’animalité. »

« C’est normal, il faut bien des endroits où l’homme exprime sa part d’animalité sinon il se mettrait en danger. Par exemple, le salarié qui s’est bien époumoné dans les travées du stade pendant le week-end, il est beaucoup plus sympa avec son chef de service quand vient le lundi. D’autant plus qu’il peut refaire le match à la cantine avec les copains et donner son avis sur le match du week-end suivant. »

« Autrement dit, les clubs de supporters participent à la paix social. Ils ne s’en doutent pas, mais les chefaillons dans les entreprises leur doivent beaucoup. »

« Oui, mais c’est un peu dangereux. Quand leur club favori descend en deuxième division, l’amour-propre des supporters est entamé. Pour calmer leur frustration, ils peuvent alors réclamer des hausses de salaires ou des améliorations de conditions de travail pour se réconforter. »

« Finalement, venir gesticuler au stade chaque dimanche, c’est un peu leur aventure hebdomadaire. C’est le moment où ils tremblent ou ils se mettent en danger par joueurs interposés. Il faut avoir un peu peur de perdre quelque chose pour se sentir vivre. Mais c’est mieux si ce qu’on perd n’est pas fondamental pour vivre.  » 

« En fait, le supporter délègue sa part de prise de risque à son équipe favorite. Comme ça, si elle perd, ce n’est pas de sa faute. Si elle gagne, il peut s’enorgueillir d’une victoire puisqu’il était présent pour exprimer son soutien. »

Ingrédients

3 juillet, 2013

Il est de couleur café au lait.

Il a toujours des opinions mi-figue mi-raisin.

ll cherche à mettre du beurre dans les épinards.

Il était temps : il y avait de l’eau dans le gaz.

Il ne fallait pas jeter de l’huile sur le feu.

Aussi a-t-il mis de l’eau dans son vin.

J’ai mis mon grain de sel dans cette histoire.

Un torpilleur

2 juillet, 2013

« Votre cote de popularité est en berne. Je m’en suis préoccupé personnellement. »

« Comment avez-vous fait ? »

« Ce n’est pas très compliqué. J’ai dit partout que vous étiez incompétent, fainéant, lent, inapte à la communication. »

« Mais enfin, vous savez bien que ce n’est pas vrai ! » 

«Peut-être, mais ce n’est pas le plus important. Les gens croient ce que je dis de vous. Ils aiment qu’on détruise des réputations. Ils retiennent plus facilement les aspects négatifs que positifs. Comme je me suis spécialisé dans les racontars de bas-étage, je jouis d’une grande crédibilité. On m’attend avec impatience tous les jours devant la machine à café. »

« Et si je dis moi, que je suis quelqu’un de très bien. »

« Si ce n’est pas abusé de votre bonté, ça m’arrangerait parce que les gens qui se défendent de rumeurs qu’on colporte sur eux ne réussissent qu’à s’enferrer davantage tant ils sont pathétiques. Autrement dit, quand vous vous défendez, vous donnez encore plus l’impression d’être coupable. »

« C’est écœurant. »

« Oui, mais ça marche à tous les coups. »

« Pourquoi faites-vous ça ? Vous voulez mon poste ? »

« Non pas spécialement. Je m’exposerais au même sort. Le colportage de ragot est un service rendu à l’entreprise, ça permet de focaliser les énergies négatives sur quelques têtes bien choisies. Si en plus, on peut obtenir de la direction une exécution capitale, c’est encore mieux : ça permet de donner l’impression que la foule est dirigée, tout en flattant ses bas instincts sanguinaires. Rappelez-vous les jeux du cirque ! »

« Si je comprends bien, je devrais vous remercier. »

« Je n’en demande pas tant,  il ne faut pas exagérer. Contentez-vous d’avoir l’air coupable. Si vous pouviez faire quelques erreurs en plus… »

« Mais pourtant, il y a des gens qui m’aiment… »

« Pas du tout. Il ya des gens qui vous fréquentent, c’est pour observer de près votre chute. Il y en a même qui vous donnent des conseils pour l’éviter de manière à pouvoir dire qu’ils vous avaient prévenu, une fois que vous êtes tombé. C’est un effet collatéral de la destruction de renommée. Tel des charognards, certains se précipitent sur ce qui vous reste de réputation pour nourrir la leur. C’est la dure loi de la nature. Vous êtes bien naïf ! »

« Vous allez dire aussi à tout le monde que je suis naïf ? »

« Surtout pas. Parce que ça, c’est vrai. »

Au zoo

1 juillet, 2013

Jules ne s’est pas jeté dans la gueule du loup.

Mais il s’est battu comme un lion pour la garder.

Il est jaloux comme un tigre.

Car sa femme est une belle panthère.

Il la promène dans une Jaguar

Et la surveille de son œil de lynx.

Il est un peu ours.

Mais ce n’est pas un chacal.

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