Archive pour juillet, 2013

Un moment de science-fiction

21 juillet, 2013

«J’ai acheté cette chemise 9,99 euros au supermarché, j’ai fais une affaire ! »

« Bin… non, gros nigaud. Quand on vous vend une chose 9,99 euros, c’est pour ne pas dépasser le prix psychologique de 10 euros. Une étiquette a deux chiffres, ça parait toujours plus cher. En fait, votre chemise, le marchand pourrait vous la faire à 8,50 ou 8.60, s’il le voulait. Il gonfle sa marge en faisant attention de ne pas dépasser le seuil fatidique. »

« Je me suis fais avoir, alors ! On ne peut même plus discuter ! »

« Eh oui ! Ce n’est plus comme dans le temps, les négociations sont interdites. Essayez donc de parlementer avec un code-barre… vous m’en direz des nouvelles ! »

« Pourtant, j’ai obtenu une remise sur l’achat de ma voiture… »

« Parce que vous aviez un être humain en face de vous et que, pris à la gorge par ses quotas de vente, il a sacrifié une partie de son pourcentage à votre bénéfice. En fait, l’idéal pour un fabricant est de supprimer le vendeur qui a toujours tendance à se laisser attendrir par votre misérable pouvoir d’achat. Bientôt, vous achèterez votre voiture dans un libre-service comme une canette de bière. »

« C’est consternant. »

« Oui, il vous suffira de rester au lit et de tout acheter par Internet. Il sera interdit d’avoir un contact humain avec un commerçant qui, d’ailleurs, n’existera plus. Les rapports humains seront jugés beaucoup trop coûteux pour la collectivité, sans compter qu’ils peuvent déraper à tout moment vers un mécontentement organisé. En gros, vous ne devrez parler à personne. Vous avez déjà abandonné l’idée de parler au guichetier de votre banque quand vous avez besoin d’argent frais ou à votre pompiste préféré quand il faut faire un plein. Ce n’était qu’un début ! »

« Bon ! Et pour assouvir mon besoin existentiel, qu’est-ce que je fais ? »

« Vous participez aux forums sur Internet. Vous pourrez parlez à des gens que vous ne connaissez pas…. Quand je dis parler, c’est plutôt écrire. Et il faudra vous débrouillez pour faire des fautes d’orthographes ou même utiliser l’écriture phonétique. Sinon, vous allez passer pour un intellectuel qui a envie de s’exprimer en prononçant des phrases complètes. Ce sera bientôt interdit. La cyber-police fera des contrôles. »

« C’est gai votre truc. Est-ce que je pourrais au moins continuer à parler tout seul dans ma salle de bains, ça me fait du bien ? »

« Ce n‘est pas sûr, les voisins pourraient vous entendre et comme ça fera longtemps qu’ils n’auront pas entendu un son vocal sortant de la bouche d’un homme, ils pourraient s’affoler et déposer plainte. Pour bien faire, il faudrait insonoriser l’appartement. »

Encore un mauvais poème

20 juillet, 2013

Je suis outré par tant de désinvolture.

Ce garçon n’a pas beaucoup de culture.

Il préfère probablement la confiture

Ou prendre une bonne biture.

En plus, il a changé de voiture,

Pour se rendre en villégiature

En pleine nature.

Mais ne jetons pas sa réputation en pâture.

Car il va apprendre la couture.

Ce poème est une première mouture.

Enfin de l’autorité !

18 juillet, 2013

« Je suis l’Autorité. Je dois vous punir. »

« Moi ? Qu’est-ce que j’ai fais de mal ? »

« Tout ! Vous faites tout mal ! Vous produisez trop de déchets. J’ai du vous ordonner de trier vous-même vos détritus. Vous ne croyez tout de même pas qu’on va le faire à votre place ? Et puis, vous fumez trop. Vous m’avez contraint à prendre des sanctions. J’ai du vous mettre sur le trottoir avec vos cigarettes. Quoi ? Vous payez vos impôts avec deux jours de retard ? Allez ! 10 % en plus ! Non mais…qu’est-ce que ça veut dire ! »

« En effet, je commets beaucoup de fautes. Heureusement que vous êtes là pour me remettre dans le droit chemin. »

« Je ne vous le fais pas dire. Je me donne beaucoup de mal pour votre bien. Pour aller encore plus loin, il va falloir que vous me craigniez tout le temps. »

« Même si je suis innocent ? »

« Oui, vous n’avez pas à vous sentir innocent. Se penser au-dessus de tout soupçon, c’est le début de la délinquance. Par exemple, vous allez au stade tranquillement, pour supporter votre équipe favorite. Eh bien, non ! Pas tranquillement ! Vous devez subir une fouille à corps, comme n’importe quel malfrat, c’est très impressionnant ! Autre exemple : vous allez déjeuner chez votre belle-mère en voiture. Le trajet se passe bien. Enfin … apparemment. Car, mes radars sont embarqués dans des voitures banalisées. De cette façon, vous êtes rongez par le sentiment d’avoir été éventuellement surpris en excès de vitesse, sans en être sûr cependant. Vous comprenez : vous devez être taraudé par l’inquiétude même quand je ne suis pas là. »

« C’est très subtil. Mais je peux aller encore sur Internet pour avoir un sentiment de liberté ! »

« Ah ! Ah ! Elle est bien bonne ! Je vous attends surtout là ! Un petit chargement illégal et hop ! Je vous saute dessus ! Trop d’images porno et paf ! Je vous sanctionne ! Dès que vous mettez un doigt sur le clavier, il faut que vous soyez saisi de stress. Je vous rappelle que c’est pour votre bien.»

« Et quand je dors, je peux respirer enfin, non ? »

« Pas du tout. J’ai fais diffuser des spots télé sur les SDF pour que vous ayez mauvaise conscience au moment où vous vous couchez. C’est la moindre des choses. Et puis, vous devez également me craindre par anticipation. Il faut que vous fassiez des cauchemars à propos de votre vie au bureau où je vous attends de pied ferme.»

« Bon, soit ! Mais j’aimerais mieux être du coté de l’Autorité plutôt que du coté des Punis. Comment fait-on ? »

« C’est très rare et très difficile. Il faut avoir beaucoup de pouvoir ou beaucoup d’argent. Quand on a les deux, c’est encore mieux. Et même quand vous croyez maîtriser quelque chose, une autre Autorité surgit au-dessus de vous pour vous expliquer que vous maîtrisez très mal et qu’il faut donc vous sanctionner ! »

Très loin

17 juillet, 2013

J’étais à des kilomètres

De penser qu’il prendrait de la distance

En s’éloignant dans l’espace.

Jusqu’à Pétaouchnoc.

Ce n’est pas le bout du monde.

Il ne va pas décocher la lune.

Mais il n’a pas de bonnes manières : on craint qu’il aille plutôt au diable.

Le Père Pète ne pourra plus le surveiller.

Comme lorsqu’il habitait Triffouily-les-Oies.

 

Ma charge mentale

16 juillet, 2013

« J’ai une piscine. »

« C’est un luxe que vous devez apprécier. »

« Pas tellement, ça me coûte cher en entretien. Tout ça pour faire trempette 15 jours par an. C’est comme la machine à laver ou le frigo, il faut que je tienne une comptabilité de l’amortissement de chaque équipement pour être sûr de pouvoir le remplacer dans de bonnes conditions. »

« Je comprends, c’est du boulot. »

« Plus vous investissez dans le confort domestique, plus vous vous mettez de travail sur les bras et moins vous avez le temps de jouir de votre confort. »

« C’est assez paradoxal en effet. Moi, je ne risque pas d’avoir ce genre de soucis. Je me déplace à pied. Je vais à la piscine municipale pour me baigner. Je lave mon linge à la laverie du bout de la rue. J’emprunte l’aspirateur de ma sœur. Pour le frigo, je vais acheter tous les jours mes plats froids à la supérette d’en bas. Bref, je suis tranquille chez moi. »

« Vous en avez de la chance. Parce que moi, j’entretiens en plus deux voitures. Il faut gérer les dates de vidange et de révision. Sans compter les courses au supermarché, les gamins à mener au lycée ou au sport, l’anniversaire de ma belle-mère, le plombier à faire venir, les factures à payer… »

« Heureusement que je suis suffisamment fauché pour ne pas payer le fisc ou l’EDF… »

« Si je ne veux pas me tuer au repos après m’être suicidé au boulot, je vais être obligé d’employer du personnel de service, ce qui va me ruiner. Il va falloir m’occuper de leurs congés, me coltiner les inspecteurs de l’URSSAF, de l’inspection du travail… Recruter, licencier ! J’en suis découragé d’avance.»

« Finalement, c’est la spirale infernale d’être riche… »

« A qui le dites-vous… Et dire qu’on appelle ça, réussir sa vie ! Qu’est-ce ça doit être quand on la manque ! Comment vous vous en tirez, vous ? »

« Moi, je n’ai pas de boulot, je ne risque pas de mourir d’un excès de travail. Comme je n’ai rien chez moi, je n’ai rien à gérer, c’est la tranquillité assuré. Et comme chez moi, ce n’est pas chez moi, puisque je squatte, ce n’est pas à moi d’entretenir les locaux ! Il ne faut pas exagérer ! »

« Je vois, vous au moins, vous n’êtes pas écrasé par la charge mentale. Pare que figurez-vous que je dois aussi affronter les états d’âme de ma femme, les bêtises de mes gamins. Ah ! La famille, vous avez bien fait de ne pas en avoir non plus. C’est bien simple, j’ai tout ce qu’il me faut, mais je ne fais rien de ce qui m’intéresse. »

« Bon…allez, c’est bien parce que c’est vous, vous me faites cadeau de vos avoirs, et je vous laisse ma tranquillité. Euh… vous pouvez garder votre femme… »

Penchons nous sur la situation

15 juillet, 2013

Jean s’était engagé sur un terrain glissant.

Désormais, il est sur la bonne pente.

Il a pris le bon angle d’approche.

En laissant tomber son penchant  pour l’alcool.

Il avait une bonne descente.

On ne le verra plus, se versant un verre à tous propos.

Il ne va pas lâcher la rampe.

Car Julia a une inclinaison pour lui.

Elle lui a demandé de l’emmener voir la tour de Pise.

Jalousie

14 juillet, 2013

« Parlons de la jalousie. La jalousie, c’est quand vous enviez le bien de votre voisin et que cette impulsion devient quasiment maladive. »

« Prenons un exemple : vous bavez d’envie devant ma nouvelle voiture. Vous êtes donc très jaloux. »

« C’est vrai. Il n’y a pas que votre voiture, vous n’arrêtez pas d’exciter ma convoitise. Je suis malade quand je vous vois passer devant chez moi dans des vêtements de marque. »

« Qu’est-ce qu’il faut que je fasse ? »

« Si vous pouviez arpenter le trottoir dans des habits fripés, pas chers, ça m’arrangerait. Vous pourriez aussi baisser modestement les yeux en passant devant mon portail au lieu de vous promener le nez au vent, d’un air fanfaron. »

« Il y a encore plus simple : je pourrais éviter de passer devant chez vous. En faisant un détour de trois-quarts d’heure, ça devrait être possible. »

« Surtout pas ! Si je n’ai plus personne à jalouser, je vais être malheureux. »

« Ne vous en faites pas. Vous avez sûrement aussi quelque chose dont je suis jaloux. Votre tondeuse à gazon, par exemple. »

« Il est vrai que c’est un très beau modèle. Vous êtes certain que vous aimeriez posséder le même ? Je ne sens pas assez de frustration de votre part. »

« Je vais faire un effort. Mais il faudrait me narguer davantage. Dumartin, mon autre voisin, sait me rendre jaloux de sa piscine. L’été, il plonge dedans en poussant des grands cris de joie pendant que je transpire à grosses gouttes dans mon hamac. On peut dire que je meurs de chaud et de jalousie. »

« Mais j’y pense ! L’envie est un péché capital selon l’Eglise ! Et on en parle légèrement comme si c’était une plaisanterie ! »

« Euh… vous avez raison. D’ailleurs la piscine de Dumartin, vous savez, je n’en ai pas grand-chose à en faire finalement. D’autant plus qu’il a du s’endetter jusqu’au cou pour se la payer. Moi, au moins, je n’ai rien, mais c’est à moi ! »

« Oui, il ne faut pas jalouser son prochain. Ma tondeuse à gazon, vous savez, elle me procure beaucoup de soucis d’entretien. Finalement, contentez-vous de votre vieux modèle. Il ne coupe pas très bien, mais au moins il ronronne tranquillement. »

« OK. Et moi je sortirai ma nouvelle voiture de nuit pour ne pas exciter votre envie. »

« D’un autre coté, si je ne trouve rien qui m’intéresse chez vous, je ne sais pas si je vais continuer à vous fréquenter. La jalousie, ça crée des liens sociaux. Si je me contente de ce que je possède, je vais vivre en autarcie. »

« C’est assez vrai. Arrêtez donc de faire votre malin avec votre nouvelle tondeuse à gazon ! »

Cours de dessin

13 juillet, 2013

Jules n’a pas bonne mine.

Il s’emmêle souvent les crayons.

Il risque de péter les plombs.

Il ne croque plus la vie à pleine dents.

Il a pourtant une belle plume.

Il ébauche à peine ses travaux.

Il devient une caricature de lui-même.

C’est dommage, sa route était toute tracée.

Faut-il vous faire un dessin ?

C’était surement un écrivain

12 juillet, 2013

Il avait le verbe haut

En proférant des phrases creuses.

Il devait avoir forcément le dernier mot.

Il n’admettait point de contradiction.

Après lui, le chapitre était clos.

On pouvait changer de sujet

Et tourner la page.

C’était sa ligne de conduite.

De l’humour toujours

11 juillet, 2013

« Il faut avoir de l’humour. »

« Il parait que c’est nécessaire pour draguer. »

« Oui, sinon vous êtes ennuyeux et personne ne vous écoute. Si vous savez manier l’humour, vous passez pour quelqu’un de très fin et très intelligent. »

« Mais moi, je he connais pas beaucoup d’histoires drôles. »

« L’humour, ce n’est pas forcément connaître des blagues, c’est autre chose. Il faut avoir du recul, le sens de l’observation, de la répartie. »

« Pff, c’est compliqué ! On ne peut pas faire plus simple ? »

« Sans humour, vous n’allez pas vous en sortir. On va essayer quelque chose : si je vous dis qu’il fait beau aujourd’hui, vous me répondez quoi ? »

« Que vous n’êtes pas très original ou que vous essayez de meubler vainement une conversation languissante. »

« Votre réponse ne me fait pas beaucoup rire. Il faudrait faire mieux. Par exemple : il fait beau ?… oui, on se croirait en plein mois de juillet !… »

« Ça ne me fait pas rire non plus. »

« Si, si vous le dites en plein mois de novembre, la remarque ne manque pas de sel. On sent déjà le type qui fait des rapprochements inattendus. »

« C’est  un peu tiré par les cheveux. »

« Bon, d’accord j’ai mieux ! Si on vous dit : il fait beau aujourd’hui, répondez : non ! non ! Puis, vous vous taisez et vous prenez un air un peu énigmatique. « 

« C’est bien, ça ? »

« Oui, non seulement vous aurez de l’humour, mais un humour complètement décalé. C’est le top du top, on ne fait pas mieux ! Et, cerise sur le gâteau, votre air énigmatique vous vaudra une réputation de pince-sans-rire. Alors là, c’est le succès assuré dans les soirées. »

« Bien… sauf que dans les soirées, on parle d’autre chose que du temps. »

« Ne vous en faites pas. Comme il y a souvent beaucoup de bruit et de musique, vous pouvez dire n’importe quoi, puis partir d’un grand rire, les autres vous imiteront pour ne pas sembler idiots. Vous serez catalogué comme un type marrant. »

« Et si je suis en face à face avec une femme charmante que je veux conquérir ? »

« Là, ça se corse. Il ne faut pas trop parler du temps, ça fait ringard. Vous ne pouvez pas dire n’importe quoi non plus, ça s’entendrait. Le mieux, c’est de pratiquer l’autodérision. Moquez-vous de vous-même… »

« Euh…. Et si elle me prend au pied de la lettre, je gâche toutes mes chances… »

« Bon… alors écoutez : oubliez l’humour. Soyez vous-même, ça la fera peut-être rire. »

123