Débat politique
7 juillet, 2013« Il faut cesser de réfléchir et de parler, il faut agir. Nous avons besoin d’actions concrètes. »
« Vous avez raison. Moi-même, j’ai pris des décisions énergiques. Dimanche, j’ai emmené ma femme se promener à la campagne ! Je n’ai pas perdu de temps à parlementer. Je l’ai poussé dans la voiture et hop ! A la campagne ! »
« Et alors ? »
« Elle n’était pas très contente, elle voulait aller chez sa mère. »
« Vous ne comprenez rien. Le problème de l’autorité se pose dans les affaires publiques. Quand on est élu, on a la légitimité pour faire preuve d’autorité sans se perdre dans des palabres inutiles. Par exemple, les automobiles polluent… Hop ! J’interdis les automobiles ! C’est simple ! J’ai beaucoup de courage politique, moi. Ce n’est pas comme certains. »
« Oui, mais vous allez mettre les constructeurs automobiles en difficultés… et l’emploi ? Vous avez réfléchi à l’emploi ? Vous ne trouvez pas qu’on a assez de chômage comme ça ? »
« Et voilà ! Vous recommencez à vouloir discutailler. Vous allez vouloir créer un groupe de travail, je suppose. Avec un rapport que je me ferai un plaisir d’enterrer ? Allons, allons, soyons sérieux ! Ce qu’il faut, c’est prendre des décisions ! C’est simple, non ? »
« On pourrait quand même réfléchir aux décisions. Par exemple, on pourrait éviter de construire des voitures pour les interdire ensuite, ou bien on pourrait éviter de construire des grosse voitures polluantes qui peuvent dépasser les 200 kms par heure alors que c’est défendu ! »
« C’est vous qui voulez tuer l’industrie automobile. Il faut que chaque citoyen puisse s’acheter tranquillement son automobile même si j’interdis son usage ou si je limite sa vitesse, ça fait partie de l’image de marque de chacun. Si l’électeur de base ne peut même plus acquérir l’auto qui lui permettra de faire son malin dans son quartier, il va être malheureux. C’est ça que vous voulez, une population de malheureux ? »
« On pourrait aussi s’adresser à l’intelligence du consommateur. »
« Non, ce n’est pas possible. Vous allez remettre en cause le modèle de consommation. Et la croissance ? Vous ne pensez pas à la croissance ! Avec vos façons de réfléchir, vous allez nous faire entrer dans une vraie récession. On aura peut-être un peuple cultivé, mais une économie en récession. »
« Mais enfin, la croissance produit des déchets, pollue… »
« C’est très bien la pollution ! A tout problème, une action en réaction. La croissance pollue, créons des entreprises de dépollution ! Ça va augmenter le nombre d’emplois, c’est tout bénéfice. Moi je réfléchis moins que vous, mais je suis plus efficace ! D’ailleurs, je devrais arrêter de discuter, vous faites perdre du temps à tout le monde. Les gens comme vous représentent un problème pour les autres. Il va falloir que nous agissions pour l’éliminer. Ou bien je vous envoie en rééducation ou bien je lance une grande campagne pour vous discréditer auprès de l’opinion publique. Vous voyez, je ne suis pas autoritaire, je vous laisse le choix : qu’est-ce que vous préférez ? »