Archive pour juillet, 2013

Histoire sur le sable

31 juillet, 2013

Les ennuis déferlent.

La trésorerie n’est pas au large.

Il y a une menace de grève

Pendant les plages horaires de travail.

Le courant ne passe plus.

Ça va faire des vagues.

Il n’y a pas de quoi se marrer.

Les ouvriers ne veulent pas rester sur le sable.

Ils ne se noieront pas.

Il faut les aider, ce n’est pas la mer à boire.

L’invention du temps

30 juillet, 2013

« Au début, les hommes, en se levant, ne savaient jamais s’ils survivraient assez longtemps, dans ce monde de bêtes sauvages, pour se recoucher. Ils n’avaient donc pas besoin d’agenda. Ils ne pouvaient pas se dire : on verra ça demain ! Puisqu’il n’y avait ni aujourd’hui, ni demain. »

« Ça ne devait pas faciliter les réunions. Comment en est-on arrivé à faire émerger le concept de journée, Maître ? »

« Il y  a eu débat. Un grand nombre étaient partisans de dormir lorsque le soleil se cachait et de vaquer aux occupations habituelles lorsque la lumière éclairait la Terre. C’était nettement plus pratique. Mais une forte minorité a fait remarquer à juste titre qu’il était plus logique de dormir quand on avait sommeil. Ces derniers inventèrent la sieste. »

« Bon, on a inventé la journée. Mais après pour l’année ? »

« Ce fut plus compliqué. Il a fallu qu’on éprouve le besoin d’un rythme, un début, une fin, un début, une fin, etc…  Les hommes vivaient au jour le jour et avaient bien d’autres soucis que de s’inquiéter de leur âge ou de ce qu’ils feraient l’année suivante. »

« Heureusement, le rythme des saisons vint à leur secours pour leur montrer que la nature était soumise à un renouvellement permanent : un début, pendant lequel on pouvait semer, un milieu, pendant lequel on pouvait récolter, et une fin, pendant laquelle il ne fallait compter sur rien et pendant laquelle on avait le temps de réfléchir à l’intérêt de faire des provisions pendant les périodes de récolte. »

« Si je comprends bien, le rythme des saisons est directement responsable de la spéculation. Autrement dit, j’épargne à un moment donné pour en tirer du profit plus tard. »

« C’est un peu simpliste, mais il y a du vrai. Nous n’avons pas encore parlé de la semaine. Comment fut inventée la semaine ? »

« Je me le demande, Maitre ? »

« Ce fut encore plus difficile que difficile, puisqu’il n’y avait personne pour dire à l’Homme qu’on était dimanche et qu’il fallait aller à la messe le matin et au stade le dimanche après-midi. Mais peu à peu, l’Homme se rendit compte que son corps devait se reposer de temps à autre. Une journée tous les sept jours parut un rythme satisfaisant. »

« Et pour ceux qui ne se fatiguaient pas ? »

« Il y avait en effet le cas des intellectuels. Je veux dire ceux qui avaient des besoins intellectuels quand ils ne bossaient pas. Pour eux, l’instauration d’un jour de repos fut insuffisante. On ne peut se contenter de réfléchir un jour sur sept. Aussi fallut-il inventer le week-end, puis  les congés, la RTT, les ponts du mois de mai, et le lundi de pentecôte… »

« Le problème c’est que tout a été dévoyé. On n’utilise plus les jours fériés pour réfléchir ou se cultiver. La preuve, c’est que le lundi de pentecôte, il faut aller déjeuner chez belle-maman ou chez la grand-mère à la campagne avec femme et enfant. »

Très mauvais poème

29 juillet, 2013

Pierre aime rester sous sa couette

En écoutant le cri des mouettes

Au lieu de conduire sa brouette

En admirant le vol des alouettes.

C’est chouette.

Pourtant, pour se lever, il se fouette.

Mais il va rester au lit, Pierre n’est pas une girouette.

Pouet ! Pouet !

 

On s’appelle…

28 juillet, 2013

« Je m’appelle Henri Martin et je déteste l’idée que des milliers de gens s’appellent comme moi. Cela devrait être interdit. »

« Pourquoi ? C’est marrant, au contraire ! Vous pourriez faire un syndicat des Henri Martin, ouvrir un site spécialisé, faire des bonnes bouffes ensemble… »

« Quand on s’appelle Wenceslas Doubitowsky, c’est facile à dire. Vous croyez que ça me fait plaisir quand j’ouvre mon journal pour apprendre qu’Henry Martin vient d’être arrêté et condamné à la prison pour proxénétisme ? Ce n’est pas vous qui supportez le regard des autres. Vous avez l’impression de vous être échappé du Palais de Justice ou alors d’être le cousin d’un gangster. C’est agréable ! »

« Oui, mais il se peut aussi qu’un Henri Martin gagne Roland-Garros. Alors là, vous pourriez défiler victorieusement dans votre rue. »

« Bin… non… Les Henri Martin ne sont pas très sportifs. Pour être connu favorablement des foules, il faut un nom beaucoup plus atypique et qui sonne bien. Roger Fédérer, c’est bien par exemple, surtout si vous prononcez « Rodjeure », ça fait américain. Même s’il est suisse. Ou alors, il faut se nommer Léonardo Di Caprio. Avec un tel nom, vous pouvez faire n’importe quoi, c’est gagner d’avance. Alors, Henri Martin… »

« Et moi, Wenceslas Doubitowsky, vous croyez que je me nomme bien ? »

« Bof… c’est long. Il faut déjà arriver au bout. Comment vous êtes vous débrouiller pour vous appeler comme ça ? »

« Papa était mineur polonais… « 

« Bon, on va simplifier. Vous pourriez commencer par avoir un prénom du genre « Winny » et un nom raccourci comme « Doubi » , ça donnerait Winny Doubi…  »

« C’est nul. Vous croyez que je peux être connu avec ça ? »

« Oui, vous donnez l’impression d’être rapide. Vous devriez essayer de vous aligner contre Ushain Bolt sur 100 mètres. Lui aussi, il a un nom qui va vite, mais moins que Winny Doubi. Vous allez le surprendre. »

« J’avoue que je n’y avais pas pensé. »

« Vous avez de la chance. Moi avec Henri Martin, je n’ai aucune chance contre Ushain Bolt. Tout ce que je peux faire, c’est de ne pas me faire alpaguer par la police qui pourrait me confondre avec n’importe quel malfrat. »

« Essayez peut-être Rik Martins…. Ce serait mieux… »

« Ça fait chanteur ringard des années cinquante, c’est encore pire qu’Henri Martin. La meilleure solution serait de m’affubler d’un numéro pour éviter les quiproquos. On mettrait Martin entre parenthèse et je pourrais m’appeler Henri IV, ça a une autre allure, non ? »

C’est loin tout ça !

27 juillet, 2013

Il a l’esprit ailleurs.

Il est loin d’avoir compris.

Il m’a observé d’un œil distancié.

Il a un point de vue diamétralement opposé au mien.

Qu’il aille au diable !

De toute façon, je suis parti au bout du monde.

Il n’ y a personne à cent lieues à la ronde.

Le désert s’étend à perte de vue.

Les 5 sens

26 juillet, 2013

Jules en  met plein la vue à son entourage.

 Adrien ne l’entend pas ainsi.

C’est un touche à tout.

Qui goûte toutes les formes d’art.

Il a Jules dans le nez.

En plus, il a l’oreille de Pierre

Qui ne sent pas bien Jules.

Car ce dernier ne lui obéit pas au doigt et à l’œil.

Il faudrait que chacun montre un peu de bon sens.

Le rapide et le tortillard

25 juillet, 2013

« Moi, je suis un rapide. Je vais vite. Je cours vite, je parle vite, je mange vite. Je suis une vraie bombe, vif comme l’éclair »

« Moi, je suis plutôt lent. Je prends mon temps pour tout.»

« Vous devez être embêté. Vous devez en perdre beaucoup. »

« Peut-être, mais il y a des avantages. Comme je parle lentement les gens comprennent ce que je dis. Je ne mange pas la moitié des syllabes. Du coup, on me trouve plutôt intelligent. Et puis, comme je mange lentement, je peux mâcher les aliments, je digère mieux, je suis en meilleur santé que vous. »

« Oui, mais enfin vous n’êtes pas un rapide comme moi. Socialement, vous avez bien que nous sommes dans un siècle où la vitesse est valorisée. »

« Moi, je préfère quand même aller doucement. Je n’ai pas l’œil sur ma montre, je suis donc moins stressé que vous. Vous êtes peut-être rapide, mais vous me semblez un peu angoissé. »

« Mon stress est le moteur de mon efficacité. Je suis constamment sur le qui-vive, je ne laisserai passer aucune occasion d’améliorer ma situation. »

« Personnellement, je m’améliore lentement. Je regarde autour de moi, je me cultive, je lis … Vous ne lisez pas ? Vous devez être malheureux ! »

« Vous plaisantez ! Le moindre roman fait au moins cent cinquante pages, ça me prendrait tout mon temps. Il faudrait que je lise et ensuite que je comprenne ce que je lis. Si vous croyez que j’ai que ça à faire… Ils n’ont qu’à inventer le roman de trois pages. L’art de la synthèse, ça existe. Nous les rapides, nous le possédons à fond ! »

« Vous vous privez aussi du plaisir de ne rien faire. C’est un grand privilège de passer du temps à ne rien faire de précis. On peut rêver, se détendre, écouter son corps. Vous avez souvent écouté votre corps ? »

« C’est sans intérêt votre truc. Moi, si je n’ai pas un agenda rempli à ras bord jusqu’à l’année prochaine, je suis perdu, j’ai l’impression d’être complètement inutile. Par exemple, si vous me demandiez maintenant un rendez-vous, ce ne serait pas avant trois mois. Et encore ! Pour cinq minutes. »

« Heureusement que je vous demande rien. Remarquez, si on veut se voir, vous n’avez qu’à me demander un rendez-vous à moi ! Je suis très disponible. D’ailleurs les gens louent ma disponibilité. Je les reçois vite et je les écoute longtemps. C’est pour ça qu’ils aiment me parler. »

« Ouh là, là ! Si on commence à écouter tout le monde, on ne s’en sort plus. Je n’ai pas le temps. Je ne suis pas leur confesseur. Il faut me résumer les choses en une ou deux phrases. Si on peut me répondre par « oui » ou « non », c’est encore mieux. »

« Je m’excuse de vous avoir parlé. C’est vrai que vous êtes une flèche. »

« Ce n’est rien. Je sais quand même m’attarder avec des gens comme vous. Mais il va falloir vous secouer un peu, mon petit vieux ! »

Maçonnerie

24 juillet, 2013

Maurice a le dos au mur.

Il est accusé du vol des cents briques de la banque.

C’est une vraie tuile.

En plus, il a la dalle.

Maurice a pourtant un alibi en béton.

Il est au niveau d’un honnête homme.

Enfant, il a reçu beaucoup de taloches de son père.

Il a souvent du ravaler sa fierté.

Maintenant Maurice est un vrai pilier dans son métier.

Même s’il n’est pas franc-maçon.

Nos belles corvées

23 juillet, 2013

« Vous vous rendez compte de toutes les corvées qui vous attendent aujourd’hui ? »

« Bin… oui ! »

« Il va falloir vous serrer dans le métro contre des gens qui sentent mauvais et que vous ne connaissez pas suffisamment pour le leur dire. Et puis après, il faudra être sympa avec votre chef de service. Peut-être même déjeuner avec lui. Votre femme vous téléphonera sûrement pour vous dire qu’il ne faudra pas oublier de passer au pressing. Et ce soir, vous devrez vous colleter avec votre gamin pour qu’il fasse ses devoirs au lieu de jouer à la console électronique. »

« Vous avez oublié la révision de ma bagnole. Pour ce qui est de déjeuner avec Bougnin, ce n’est pas mon tour. J’espère que Martinaud n’esquivera pas la corvée, comme la dernière fois. Mais vous avez raison, ça fait beaucoup. On pourrait, à la limite se faire une raison, mais le pire c’est de penser qu’il y en aura autant demain et les jours suivants. Le week-end, c’est catastrophique. Il faut aller diner chez belle-maman. »

« Et vous trouvez ça normal ? Les corvées, c’étaient l’affaire des serfs au Moyen-âge, mais aujourd’hui le servage est aboli. Pourquoi faut-il qu’on se gâche l’existence avec autant de constance ? »

« Il parait que c’est la vie en collectivité qui impose ces contraintes. Si je ne veux pas indisposer mon prochain, il faut que je lui fasse plaisir. On se demande qui me fait plaisir à moi. Il faut dire que je ne sens pas mauvais et que je ne souffre pas le martyr si je peux déjeuner tout seul à la cantine, tranquillement dans mon coin. »

« Finalement, plus on est normal, plus on est corvéable. »

« Oui, il faudrait mieux être désagréable ; comme ça, nous fréquenter serait une corvée pour les autres. Les mauvais moments seraient mieux partagés. »

« Bon d’accord, on va commencer par ne plus se parler. Je trouve nos conversations intéressantes. Quand je parle avec vous, je me sens mieux, comme libéré de ma charge mentale. Arrêtez d’être sympathique ! Soyez une vraie corvée ! »

« Ce n’est pas simple. Je vais essayer …. Comment osez-vous me parler ? Espèce de manant ? On ne peut pas s’adresser à moi comme ça ! Veuillez prendre rendez-vous avec ma secrétaire ! Dès son retour de congés, évidemment ! »

« C’est pas mal ! Très odieux. Je n’ai plus envie de vous adresser la parole. Encore une corvée en perspective ! »

« Comment ça : une corvée ? Maintenant, travailler est une corvée pour vous ? Programmer une réunion avec un collègue est une corvée ? Bravo, Dupont ! Bravo ! Si tout le monde fait comme vous, on va allez loin ! »

 « On rigole Dutruc, on rigole… »

« Bin… non ! »

Mauvais temps

22 juillet, 2013

Flavie n’est pas tombée de la dernière pluie.

Elle a subi un déluge de critiques.

Et un flot de réclamations.

Personne n’aime ses cheveux  qui tombent en cascade

Sur ses épaules grêles : elle décide de les couper.

Puis elle est opérée de la cataracte.

C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase.

A la fin de cet histoire, sa larme,

Elle la verse

Auprès de son saule pleureur.

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