Il faut toujours avoir raison, c’est mieux
30 juin, 2013« Je me suis trompé et je vous ai trompé. J’ai fait une erreur dont je m’excuse. »
« Vous êtes fou ! »
« Non, pourquoi ? »
« Il ne faut jamais reconnaître que l’on s’est trompé. Certes vous m’avez indiqué la direction du musée alors que je vous avais interrogé pour connaitre le chemin de la gare, mais ce n’est pas une raison pour admettre votre erreur ! »
« Ah bon ? Il faut faire comment alors ? »
« Je ne sais pas moi… Soutenez-moi que c’est moi qui ai dis ‘musée’ à la place de gare ou alors que j’ai confondu ma droite et ma gauche. Je pourrais m’énerver tranquillement et vous dire que vous êtes d’une parfaite mauvaise foi. »
« Je suis désolé, je croyais bien faire… »
« Et voilà, vous recommencez !!! Mais mon pauvre, vous allez passer pour un faiblard de chez faiblard ! Le type qui se trompe tout le temps et qui n’est même pas capable de faire semblant d’avoir raison ! »
« Comment on fait ? »
« C’est pas compliqué. Je vous ai demandé le chemin de la gare. D’abord, vous prenez un air supérieur, dans le style : heureusement que je suis là pour vous aider, pauvre petit être. Ensuite, vous fournissez des explications un peu embrouillées mais pas trop dans le genre : ce n’est pas simple mais je me mets à votre portée, alors suivez bien. Et puis, en sachant très bien que je n’ai rien compris, vous me demandez si vos explications ont été claires… »
« Et là, vous me répondez : non, recommencez ! »
« Pas du tout. Comme vous m’avez éclairé avec aplomb sur mon chemin, j’en déduis que c’est moi qui ne comprend rien. Alors je vous remercie et je poursuis ma route. »
« Et lorsque vous me croisez une nouvelle fois, vous me criez dessus pour vous avoir induit en erreur. »
« Si vous étiez normal, oui. Ça m’aurait permis de stigmatiser ces gens qui croient toujours tout savoir et qui ne savent rien. Mais voilà… vous vous excusez ! Comment voulez-vous que je m’en sorte, ce n’est pas très correct ! »
« Je vais faire une concession…. J’avais raison indiscutablement raison, mais comme j’étais en face de vous ma droite était votre gauche et vice-versa d’où votre erreur qui ne peut m’être imputée. Si vous aviez fait un effort d’interprétation de mes instructions, on n’en serait pas là. Ce n’était pourtant pas compliqué. »
« Vous ne manquez pas d’air ! C’est vous qui vous trompez et c’est de ma faute ! »