Réhabilitons le verbe faire
« Il faut réhabiliter le verbe faire. »
« Ah bon ? C’est pourtant un verbe qu’on dit faible ! »
« Pas du tout, il est très fort. D’abord tout le monde le connait. Ensuite, il peut remplacer de nombreux autres verbes qu’on ne maîtrise pas forcément : construire, fabriquer, montrer… Et puis, il est très malin, le verbe faire car il peut s’utiliser lui-même dans l’expression ‘faire faire’ !!! »
« Pourtant, il est très imprécis. Il n’est pas recommandé d’en abuser sinon on passe pour un être fruste qui manque de vocabulaire. »
« Justement, il est très utile quand il s’agit de montrer de l’imprécision. Quand je dis que je vais faire un tour, je n’ai aucune idée de l’endroit où je vais aller, je vais simplement faire un tour. Vous comprenez ? Il peut aussi être imagé. Quand je dis que vous me faites la gueule, on voit tout de suite la laideur de votre tête… »
« Je reconnais qu’il est facile à utiliser : je fais, tu fais, il fait… j’ai fais, tu as fais… bien que ça se corse un peu au subjonctif. « Je veux que vous fassiez… » : il faut déjà une solide culture grammaticale pour lancer correctement cette expression. »
« Oui, mais c’est un peu pour tous les verbes pareils. Il ne faut pas trop leur en demander. « Faire » est pratique pour l’usage de tous les jours dans un dialogue populaire. Par exemple, si j’affirme que vous faites le malin, je n’ai pas beaucoup d’autre expression rapide pour dire que vous vous donnez l’allure d’un être particulièrement subtil. »
« Pendant qu’on y est, il faudrait avoir plus de considération pour le verbe « mettre » aussi… »
« Vous avez raison. Il peut être aussi très expressif. Quand je dis que « les patrons s’en mettent plein les poches », on voit tout de suite de quoi il s’agit. On imagine très facilement un capitaliste piquer dans la caisse des tas de billets pour les enfourner en toute hâte dans son grand manteau ! »
« Et pourquoi ne pas avoir plus de révérence pour le verbe « être ». Il n’y en a pas beaucoup de plus simple. Certains prétentieux vous dirent : « Mon cœur déborde de joie ». Moi, lorsque j’affirme : « je suis content ! », tout est dit en trois mots. Il n’est pas besoin d’en rajouter. On connait mon état d’esprit. »
« Oui, mais attention de ne pas trop en faire dans le registre de la simplicité. Vous pourriez dire simplement « content » pendant que vous y êtes. Il y a mille manières d’extérioriser son ravissement. Et puis le verbe « être » à ses limites. Vous ne pouvez pas l’utiliser à la place de son concurrent « avoir ». Tandis que « faire » peut s’utiliser à la place de beaucoup de confrères ou alors ne rien remplacer, se suffire à lui-même. »
« Comme dans l’expression « vous me faites suer ». Je ne vois pas bien comment dire les choses autrement. »
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