Plus ça change, plus c’est pareil
23 mai, 2013« Nous marchons tous sur la trace de nos ainés. Finalement, nous n’avons pas beaucoup d’imagination. On va à l’école, on se marie, on fait des enfants, on va au boulot, on vieillit et on meurt à la fin ».
« C’est un peu réducteur. Vous ne tenez pas compte du progrès technique. Nous vivons de manière plus confortable que les anciens ».
« Bon, peut-être. Disons qu’on ne court pas tout nu en pleine nature à la poursuite du gibier qui nous servira de pitance. Nous ne traversons plus la France à dos de cheval en trois semaines. On ne s’éclaire plus à la bougie. C’est différent, mais enfin c’est toujours pareil. On aime son voisin ou on ne l’aime pas. On est prodigue ou avaricieux. On est menteur ou honnête. On est beau et fort ou laid et en mauvaise santé ».
« Certes, mais que faites-vous du progrès médical ? Par exemple, vous ne mourrez plu à trente ans à la moindre épidémie. Vous vous goinfrez tous les jours à la cantine, la famine n’existe plus…. »
« Oui enfin, sauf pour quelques milliards d’êtres humains dans des contrées lointaines. Et je vous raconte pas les guerres que nous ne connaissons même pas entre peuplades inconnues au fond d’une forêt exotique ».
« Bon, comme je vous connais, vous n’allez pas me dire que le sort de l’humanité vous hante chaque matin lorsque vous mettez les deux pieds sur votre bureau en commandant votre café à la secrétaire que vous maintenez en état de servilité ».
« Je devrais peut-être penser plus aux autres. Finalement, le progrès dont nous bénéficions ne s’est-il pas accompagner d’un développement de l’indifférence ? Hein ? Dans le temps il y avait une certaine solidarité entre nos ancêtres paysans. On s’entraidait au moment des récoltes. On se préoccupait des vieux…. Hein… Et maintenant ? »
« Vous n’avez pas de champ de blé que je sache. La civilisation rurale est finie. Il faut regarder la réalité des choses en face, on ne vit plus comme les anciens ! »
« Eh bien, on devrait peut-être ! Je vous donne un exemple d’actualité : nos aïeux avaient horreur du crédit. S’endetter était une infamie. En un mot, on ne vivait pas au-dessus de ses moyens. Si nous en étions restés là, nous n’aurions pas la crise sur les bras. Quand je vois certains s’acheter systématiquement la dernière voiture à la mode ou alors la technologie téléphonique la plus récente, je me dis où allons-nous ? »
« C’est une attaque personnelle ? »
« Euh, non. C’est une réflexion d’ordre générale. Je ne savais pas que vous changiez de voiture deux fois par an ni que vous n’aviez jamais le même téléphone ».
« Finalement, vous avez peut-être raison. Il y a des choses qui ne bougent pas d’une génération à l’autre : la jalousie, l’envie, l’avarice… »