Archive pour le 12 mai, 2013

Tout va mal, tout va bien

12 mai, 2013

« Je suis optimiste : l’emploi va repartir. On embauche dans le traitement des déchets, dans les hôpitaux et cliniques, dans le nettoyage… »

« Si je comprends bien, l’emploi repart dans les activités qui consistent à réparer les dégâts humains ou matériels du fonctionnement de la société. Autrement dit l’espoir , c’est que nous gaspillions beaucoup plus de choses dans les poubelles, que nous nous rendions malades et que nous soyons très sales… pour relancer l’économie. Ce n’est guère stimulant. »

« Je reconnais qu’il  y a là un léger problème. C’est sûr que si nous étions tous en très bonne santé, les hôpitaux seraient vides et obligés de licencier et l’industrie pharmaceutique se trouverait en grand danger. Il ne faudrait pas non plus que nous ne produisions plus assez de déchets !… »

« Oui, on peut aussi espérer que le chômage ne baisse pas trop pour ne pas mettre les employés de Pôle Emploi au … chômage. »

« Il faudrait que le fonctionnement de la société continue de se dérégler. Par exemple, des entreprises proposent de faire les courses des ménages qui n’ont plus le temps de la faire. Si nous entrions dans une époque où le rythme quotidien s’apaiserait, où chacun aurait du temps devant soi, les activités en question deviendraient inutiles…. Et alors là ! Autre exemple : grâce à l’insécurité, les entreprises de sécurité prospèrent, la police et la gendarmerie embauchent à tours de bras ! Entretenons le sentiment d’insécurité ! »

« On vit un monde bizarre : ça va mal et on peut espérer s’en tirer justement parce que ça va mal ! Je m’inquiète ! »

« Quand ça ne va pas assez mal, il n’y a qu’à laisse peser la menace que cela va aller encore plus mal. C’est ce qui explique à mon avis le succès des salles de sport. Il suffit de montrer le danger de l’obésité et des maladies cardio-vasculaires aux Etats-Unis pour que tout le monde s’y précipite. »

« Ou alors, il y a plus subtil : quand ça va très mal, on imprime de nouveaux billets de loto, les joueurs croient pouvoir gagner facilement de l’argent. Le résultat c’est  qu’ils perdent le leur et que ça va donc encore plus mal. C’est tout bénéfice ! »

« Et puis, on peut développer la formation professionnelle. Les gens qui ne sont plus employables sont ainsi recyclés dans des stages qui emploient des milliers de formateurs. C’est la même logique, on détruit, on répare et ça relance la machine infernale. »

« Bon, mais ça  vaut quand même mieux que de vivre au Moyen-âge où il n’y avait rien à détruire. »

« Certes, mais on pourrait vivre dans une société d’abondance qui ne détruirait pas les ressources humaines et matérielles. »

« Ça ne va pas, non ? Vous voulez notre perte ? »