Archive pour le 7 mai, 2013

Tous des malades

7 mai, 2013

« Vous avez toujours mal quelque part. »

« Oui, ça me permet de me faire remarquer. Quand je dis que j’ai mal à la tête, c’est pour indiquer qu’il vaut mieux ne pas m’embêter aujourd’hui ».

« Ou alors, c’est pour faire remarquer qu’on peut vous ennuyer avec nos problèmes et que vous saurez être très courageux en nous répondant malgré vos migraines ».

« C’est possible, mais vous, vous faites pire. Vous ne dites jamais que vous avez mal, mais vous faites tout pour qu’on s’en aperçoive. Aujourd’hui vous boitez en attendant que je vous demande ce qui vous est arrivé.  Comme ça, vous allez passer pour le type courageux qui ne se plaint jamais ! »

« J’ai eu un petit accident de tennis hier, mais ce n’est rien ! »

« Et voilà ! Non seulement vous vous donnez des allures du héros qui sait ne pas se laisser arrêter par des petits bobos, mais en plus vous vous arrangez pour me faire savoir que vous jouez au tennis le mardi soir pendant que je me tape les programmes débiles de la télé. Ce n’est pas très fair-play.»

« Bon d’accord, la prochaine fois, je me plaindrai tout de suite en arrivant au bureau. On devrait tous afficher nos petits ennuis du jour. Par exemple Duchemin m’a dit que chaque fois qu’il dine chez sa belle-mère, il a des ennuis gastriques le lendemain. C’est intéressant à savoir. Il faudrait calquer l’agenda des réunions de service sur ses diners chez belle-maman. »

« C’est une bonne idée. Mais mes maux personnels risquent de passer inaperçus si chacun a le droit et le devoir d’étaler les siens. »

« Vous pouvez aussi afficher qu’aujourd’hui vous n’avez rien du tout. Ce serait une manière d’attirer l’attention. « 

« Oui, mais dans ce cas, tout le monde va me tomber dessus avec toutes sortes de dossiers impossibles à gérer. Le résultat ce sera que je serai crevé le soir. Décidemment, il vaut mieux être malade. »

« Il y a une autre manière de s’en tirer, c’est de déclarer une maladie mentale. Au lieu d’une petite migraine de rien du tout, vous affichez sur la porte de votre bureau que, pour ce jour, vous vous sentez atteint de bouffées délirantes. Je serais étonné qu’on vienne vous déranger dans la journée. »

« Vous me dites des choses compliquées, vous voyez bien que j’ai mal à la tête. Vous tombez très mal. Un peu de respect pour mes souffrances. »

« Vous voulez que je vous conduise chez le médecin ? »

« Sûrement pas. Je tiens à rester en mauvaise santé. »

« Et si on pensait à ceux qui sont vraiment malades ? »