Rencontre

« Ce n’est pas la peine de faire des ronds de jambe avec moi, ça ne marche pas. »

« Ah bon ? Vous n’aimez pas l’hypocrisie ? »

«  Pas trop, non. Il faut se parler franchement. Vous vous minaudez un peu trop. Vous me trouvez moche, hein ? »

« Euh…non, ce n’est pas ce que j’ai dit… »

« Vous ne l’avez pas dit, c’est bien ça le problème. Mais je le vois dans le fond de votre œil gauche.  Ce n’est pas très correct de votre part. »

« Vous interprétez mon œil, mais vous pouvez vous tromper. Il faut plus de modestie quand on aborde les autres. Moi aussi, je pourrais vous dire que je lis dans votre œil droit que vous êtes un peu complexée, tout le temps sur la défensive. »

« Moi, sur la défensive ? Alors là, je ris ! Je dis les choses comme je les pense et tout de suite vous vous sentez agressé. C’est donc vous qui vous vous mettez en situation de conflit. »

« Pas du tout ! Et puis d’abord, dire ce qu’on pense ce n’est pas forcément une qualité. Cela peut s’appeler aussi manquer de délicatesse. C’est comme pousser un éléphant dans un magasin de porcelaine et s’étonner qu’il casse quelque chose. »

« Bon, voilà autre chose ! Je manque de délicatesse maintenant ! Vous voyez : j’étais sûre que vous ne pouviez pas me supporter. »

« J’essaie de vous expliquer que la vie collective est une succession de compromis et qu’on ne peut pas s’en sortir en posant des ultimatums à tout le monde tout en se parant de la douce hermine d’une prétendue franchise. »

« Qu’est-ce que c’est que ce charabia. Vous aggravez votre cas. Vous êtes de la race des beaux parleurs. C’est complet. Moi j’appelle un chat un chat. »

« Un chat peut se nommer siamois ou chat de gouttière. La vie est plus compliqué que ce que vous croyez percevoir avec votre philosophie à quatre sous. »

« Moi, philosophe ? Ah, ah ! Je ris. C’est vous qui me baratinez et c’est moi qui philosophe ! C’est la meilleure. Allez-y au lieu de tergiverser, dites ce que vous pensez ! »

« Mais je viens de vous le dire… »

« J’ai rien compris. Avec moi, c’est blanc ou c’est noir. »

« C’est trop manichéen pour moi. Pour moi, vous n’êtes pas moche, mais vous n’êtes pas terrible non plus. Il faudrait que je prenne le temps de m’habituer. »

« Bon, je vois ce que c’est, vous comptez sur le temps pour ne pas répondre aux vraies questions.  Je vous laisse payez les consommations, ça vous pouvez le faire tout de suite. »

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